Monsieur le Président, chers Collègues,
Je saisis l’occasion de cette délibération pour saluer l’organisation à nouveau cette année, après la première session qui avait eu lieu en 2018, du spectacle le Gardien du Temple, en partenariat avec la Compagnie la Machine.
Ce spectacle promet d’être grandiose et d’attirer un public nombreux et familial.
Ce spectacle a un coût. Nous remercions N. Yardeni d’avoir consacré un temps de présentation et de discussion autour de ces questions budgétaires lors de la Commission Culture. Ce coût s’élève à 4,7 millions d’euros, répartis entre la subvention à la Halle de la Machine pour la production artistique et le coût de l’organisation porté par la Métropole.
Il y a deux points qui nous chagrinent quelque peu toutefois.
En premier lieu, ce qui nous parait embêtant, c’est de constater que le défilé des Machines sera cantonné à l’hyper centre de Toulouse, que les retombées économiques et politiques seront donc essentiellement toulousaines, alors que cet événement est financé par la Métropole.
N’aurait-on pas pu imaginer des actions sur d’autres communes, ou même dans des quartiers plus périphériques de Toulouse ? Nous avons bien noté que des bus seront affrétés pour permettre à des enfants résidents d’autres communes d’assister au spectacle, mais l’accès à la culture, cela ne peut pas consister uniquement à amener physiquement les publics vers l’offre culturelle. Cela doit non seulement se faire dans l’autre sens, amener l’offre culturelle vers les publics, mais aussi, si l’on veut se conformer aux Droits culturels, qui rappelons-le, sont inscrits dans la loi, permettre aux publics de participer à la construction des œuvres.
2ème aspect sur lequel nous souhaitions revenir : le fait que ce spectacle ait créé l’émoi d’une partie des communautés religieuses et surtout votre réaction face à cela.
Entendons-nous bien, il n’y a rien à dire au fait que des personnes, des organisations soient heurtées par l’affiche du spectacle et l’expriment publiquement. C’est la liberté d’expression qui s’exerce et c’est très bien.
Je ne vais pas citer les communautés religieuses qui se sont exprimées, parce que ce n’est pas le sujet.
Là où il y a un sujet, nous semble-t-il, c’est quand l’une d’elles, dans un communiqué, « appellent les autorités publiques à faire preuve de discernement dans le choix des événements culturels financés et soutenus par la collectivité. »
Alors pourquoi c’est un problème ?
La liberté d’expression est la même pour chacun d’entre nous, quelles que soient les idées et les croyances qui nous animent. Elle permet à certains l’irrévérence artistique et elle permet aussi à d’autres de manifester leur désapprobation.
En matière artistique, la liberté d’expression et de création artistique est le fruit d’une longue histoire, que je vais vous épargner aujourd’hui. La censure publique appartient aujourd’hui au passé et a été remplacée par une forme de censure privée, qui peut découler de pressions exercées par des organisations religieuses, via des procès intentés aux artistes, des manifestations, etc.
En tant qu’institution publique, garante du respect du principe de laïcité, nous devons défendre cette liberté, sans nuance, tant que celle-ci ne transgresse pas la loi.
Il nous semble qu’en l’occurrence, votre réaction, Monsieur le Président, face à ces pressions, auraient dû être plus ferme et rappeler le nécessaire respect absolu de la liberté de création artistique.