Cette délibération concerne une Convention avec Tisséo Voyageurs et Tisséo Collectivités visant à préserver l’intégrité des ouvrages de Tisséo durant l’évènement le Gardien du Temple.
Il nous semble que si ce sujet est important, un autre l’est tout autant, celui de préserver l’intégrité des personnes qui vont venir voir le spectacle, notamment dans les transports en Commun.
Dans le cadre de sa lutte contre le harcèlement sexiste et les violences sexuelles dans les transports, Tisséo a rédigé un guide pour agir et une partie est diffusée sur les bus. L’intention de cette campagne est tout à fait louable. Cependant, il nous semble que l’angle choisi de l’extrait qui est affiché sur les bus présente quelques problèmes.
Cet extrait s’intitule : « « victimes les bons réflexes, témoins réagir vite et bien ».
Pour commencer, le titre, qui propose de décrire les « bons réflexes » à adopter nous semble mettre la charge de la responsabilité sur la victime. Il participe à culpabiliser les victimes de violences de genre (au même titre que les remarques sur la tenue, par exemple) : si nous n’avons pas les bons réflexes, est-ce que cela signifie que nous ne sommes pas des “bonnes” victimes, voire un peu coupables ?
Cela semble vouloir dire que pour être une « bonne » victime, il faut répondre à une liste d’injonctions : « signifiez votre refus de manière claire et forte », « éloignez-vous », « déposez plainte ».
Ces injonctions omettent de prendre en compte des mécanismes pourtant désormais bien documentés, celui de la sidération notamment, qui est un réflexe de survie et qui peut empêcher de « réagir » comme ce texte le conseille.
Finalement, c’est un peu une double peine pour la victime : elle est victime et en plus elle doit se conformer à certains types de comportements, de réactions pour être reconnue comme telle.
Autre problème posé : en aucune manière, le texte ne s’adresse à l’agresseur, qui est invisibilisé et donc déresponsabilisé. Dans une précédente campagne, il était même représenté sous les traits de « monstres », faisant oublier qu’il peut être un « monsieur tout le monde », que les violences sexistes et sexuelles s’inscrivent dans une dimension systémique, c’est-à-dire que c’est l’environnement socio-culturel qui les « autorise » et que pour lutter contre ces violences, c’est bien un changement culturel, un changement des représentations qu’il faut opérer.
Un collectif dénommé « Cassons les injonctions » a réalisé une vidéo pour expliquer en quoi l’angle de cet affichage est critiquable. J’encourage tous mes collègues à aller voir cette vidéo le 7 novembre prochain, à l’Espace des Diversités, pour avancer vers ce changement culturel et acquérir les « bons réflexes » dans la manière d’aborder ce sujet des VSS.