Je dois avouer M. Moudenc que j’étais plein d’attente en cette rentrée.
Après les évènements dramatiques de cet été, avec la prise de conscience croissante dans la population, avec une chaîne de télévision publique qui se met à afficher à 20h30 à la météo le contenu du t-shirt de température que je portais devant vous en 2021, je commençais à rêver et à me dire que non je n’aurai pas besoin de me déshabiller plus en conseil.
Je revais d’assister enfin à un débat d’orientation climatique, un vrai débat d’orientation budgétaire vert, comme devrait l’être le moment de présentation du rapport de développement durable, je revais d’une présentation conjointe avec le rapport financier, montrant euros à l’appui le changement de braquet devant la prise de conscience évidente, articulant investissements et actions climatiques.
J’étais sincère dans ces espoirs et aujourd’hui c’est la tristesse qui l’emporte, la déception. C’est même de la colère. Car nous avons droit à la même programmation d’investissement que depuis le début du mandat. Aucun changement, aucune inflexion. Et, quand j’ai demandé à M. Chollet, quand est-ce qu’enfin nous allons pousser à la Métropole pour un nouveau plan climat pour a minina décliner l’objectif du gouvernement de -55% d’émissions de gaz à effet de serre en 2030 alors que le nôtre à -40% est obsolète et que nous ne sommes même pas sur la bonne trajectoire, j’ai eu cette réponse terrible: rien ne changera jusqu’en 2026. Rien.
Pire on voit le taux de réalisation des maigres investissements climatiques diminuer: 37% du budget dépensé à mi mandat (et encore ce ne sont pas travaux réels, ce sont des dépenses en euros, gonflées par l’inflation). Alors attention sauf pour les caméras de sécurité et la rénovation du commissariat qui affichent un rutilant 85% de réalisation à mi mandat, montrant que quand on veut politiquement, on peut.
Ca, c’est le réel M. Moudenc. Les chiffres qui ne trompent pas sur l’effort entrepris. Ceux sonnants et trébuchants. Et mon rêve qui s’est écroulé.
Mais il y a pire que les investissements et regardons en détail vos actions et la plaquette marketing dite rapport développement durable.
Je remercie les services au passage de l’exercice d’énumération utile des initiatives. Merci pour ce travail de recensement qui permet d’avoir une idée qualitative de ce qui se fait et des embryons qui naissent. Il faut saluer à juste titre des signes intéressants comme la montée en puissance de la maison de l’énergie et ses capacités de diagnostic, la croissance des réseaux de chaleur, la mise en place des ateliers 2Tonnes dont nous sommes à l’origine de l’initiative de formation des éluEs, les parcours DD dans les CLAE. Un chapelet de bonnes initiatives mais qui cachent mal ce qu’elles sont pour la grande majorité : des petits pas qui empêchent de voir la réalité à hauteur de vue des enjeux.
Car le temps avançant sur ce mandat, la stratégie du brouillage et de la sur-communication écologique s’amplifie. Je vous avais accusé M Moudenc, devant la fièvre du malade, de casser le thermomètre en escamotant les grands indicateurs et la mise en perspective alors que Nantes par exemple continue de les donner. En attendant que les grands indicateurs d’émission et de consommation énergétique reviennent l’an prochain comme vous vous y êtes engagés, je constate que c le temps, votre stratégie s’affine. Après avoir cassé certains thermomètres, vous innovez:
Primo, vous truquez les thermomètres restants: deux exemples:
au lieu de relever la consommation énergétique du bati public dans son ensemble, qui augmente, vous la divisez par le nombre de m2. Ce tour de passe passe n’est pas acceptable car les objectifs carbone et énergie de notre pays ne sont divisés ni par sa surface ni par son nombre d’habitants. Et il en est de même pour le PCAET.
Je vous sais beaucoup plus intéressé par la technologie que par la science, M. Moudenc mais je vais vous faire quand même une révélation scientifique colossale pour que vous puissiez revoir vos indicateurs: la terre ne change pas de taille au fur et à mesure qu’on la peuple ou qu’on y construit des bureaux.
Autre exemple: l’infrastructure vélo dont on sait qu’elle est cruciale pour l’utilisation de ce mode de transport. On cherche désespérément le nombre de vrais kms de REV sortis de terre en 3 ans mais ils restent introuvables. On lit alors dans le rapport une augmentation de 5% du réseau cyclable, qui en soit aurait déjà tendance à énerver tant les marges de progrès sur ce chiffre sont colossales. Ce chiffre vient de l’observatoire du schéma directeur cyclable de l’agglomération produit par l’AUAT et que voit-on dans le dernier rapport au niveau métropolitain: 985 kms cette année contre 980 l’an dernier: 0,5% d’augmentation du réseau. 0,5% en un an. La voilà la réalité. Oui la population pédale plus mais ce n’est pas grâce à vous.
Deuxio: vous cachez des thermomètres. Ainsi nous avons demandé en tant qu’élus à être reçus par l’association ATMO afin d’avoir accès de manière transparente aux données de pollution atmosphérique car certains chiffres utilisés par le rapport sont trompeurs. Stupeur: l’association nous indique qu’en tant qu’élus de la république, nous devons passer par le pouvoir politique pour accéder à leurs mesures et bien qu’ayant demandé de manière répétée à M. Chollet d’être reçus avant le conseil métropolitain sur lequel le sujet ZFE se jouera sur la question de la pollution, nous n’avons toujours pas le droit de les rencontrer. Permettez moi de relever en plein jour ce que je considère être une atteinte importante à la démocratie et de vous poser solennellement la question: pouvons-nous s’il vous plait monsieur le Maire rencontrer ATMO pour objectiver leurs données?
Tertio: vous virez l’équipe médicale. Alors que vous aviez doté le PCAET d une instance collaborative, le comité de suivi et qu il vous avait sollicité suite à l acte 2 de celui ci pour vous faire part de sa déception à ce moment là, et bien vous l avez enterré. Exit la collaboration avec la société civile sur le long terme et surtout sur les enjeux. On reste donc aussi sur le plan démocratique sur la politique des petits pas et les ateliers de l’ écologie en ville, certes utiles mais qui ne permettent pas aux habitants de co construire sur les vrais enjeux et les grandes décisions. Il faut dire aussi que quand on leur demande leur avis, et bien ils disent des bêtises d’après vous. En témoignent les 92% d’ avis contraires sur la Jonction Est qui ont été purement et simplement piétinés. Et vous osez par la voix de M Misiak nous donner dans une conférence de presse qui n’a rien à envier aux pires moments de votre campagne de 2020 des leçons de démocratie. Quel cynisme, quel cynisme. Et quelle tristesse pour la qualité des débats.
Alors donnez-moi tort, dites-moi aujourd’hui que vous allez faire revivre le comité de suivi du plan climat et remettre tous les partenaires autour de la table.
Alors pourquoi tout ça ? Pourquoi cacher, casser, biaiser certains thermomètres et virer le corps médical qui pourrait détecter la supercherie?
Parce que vous n’êtes pas à la hauteur des enjeux et que la surcom ne suffit pas à masquer la réalité.
Et ce n’est pas moi que le dit c est la directrice régionale de l’ADEME Occitanie qui déclare dans la presse ce mois ci: « la métropole toulousaine est moins avancée dans ses processus de transition écologique que Bordeaux, Nantes, Rennes ou Grenoble ». Et même votre propre rapport, quand on regarde les chiffres dimensionnants le souligne : +4% d augmentation de la fréquentation des TC en 7 ans, 70 installations solaires en 2022 pour 800 000 habitants, et cerise sur le gateau l’augmentation du traffic sur la rocade cette annee (et oui M Bouchon comme le dit justement mon collègue). Vous vous rendez compte: augmentation du traffic sur la rocade et après vous allez nous expliquer être écolo avec des bandelettes de Noel.
La maison brûle et en fait vous vous présentez fièrement avec un de à coudre rempli d eau. Et encore je dis vous vous présentez fièrement mais vous faites amener le dé à coudre par M. Chollet qui doit s’en dépêtrer tant bien que mal. Vous aviez annoncé en effet en début de mandat prendre la tête de la commission Ecologie en ville vu l’importance du sujet et vous n’y avez jamais siégé. JAMAIS. Pas une seule fois en 3 ans.
Et ça ça ne trompe pas.
En fait vous faites croire que vous avez changé mais pour paraphraser Johnny , pas le nôtre, ça ne change pas un homme, un homme ça vieillit.
Et votre logiciel profond, ancré, bien caché derrière le papier glacé, c’est un vieux logiciel complètement daté: c est celui de la Jonction Est, celui de l’A69 , celui des projets routiers que vous soutenez ouvertement en bureau de la Métropole. 2 projets aberrants l’un que vous avez voulu et dont vous êtes pleinement resp, l’autre sur lequel vous pourriez peser de votre poids auprès du gouvernement ami mais sur lequel vous optez pour un silence coupable avec un argument massue l’autoroute Toulouse-Castres ne concerne pas Toulouse.
Car vous ne défendez au final qu’une petite partie, certes privilégiée et influente, des habitantEs et habitants.
Et c’est irresponsable face à la situation.
La responsabilité serait de reconnaître le retard et dire avec honnêteté “Nous n’y sommes pas” et d’appeler à construire une Toulouse durable.
Aussi nous appelons les toulousaines et toulousains à nous rejoindre pour construire courageusement une Toulouse désirable. Nous faisons confiance aux habitantes et habitants pour penser Toulouse en 2050 et plus.
Oui il y aura des choix difficiles, oui avec la situation budgétaire que vous allez laisser avec le gouffre abyssal du métro, nous allons devoir être créatifs et arbitrer dans la douleur.
Et nous le ferons, pas pour quelques conducteurs de SUV électriques mais pour toutes et tous.
Pour une ville respirable pour toutes et tous.
Pour une ville solidaire qui protège contre les inégalités croissantes créées par votre ami M. Macron.
Pour une ville du droit aux services publics et un droit à la ville
Tournons la page du marketing politique, ouvrons celle de la responsabilité.
Toulousaines, toulousains, à toutes celles et ceux qui n’ont pas peur de voir la température réelle en face, rejoignez-nous pour inventer une ville désirable. Nous avons 3 ans pour co-construire un nouvel avenir à Toulouse. Faisons.