Nous allons voter pour ce vœu qui est une mesure incitative positive à l’attention de nos habitantes et habitants, notamment, et pour une fois, je dirais, qui favorise plus les 36 autres communes de la Métropole que Toulouse, qui se taille souvent la part du lion dans les investissements, bien au-delà de son poids démographique. N’étant pas menotté par le pacte de gouvernance, je me permets de le dire.
Je voudrais redire 3 choses sur la question des déchets:
- Je voudrais insister également sur le retard pris. C’est en 2019 que la loi AGEC a avancé l’échéance de 2025 à 2024 sur la généralisation du tri à la source des biodéchets. 4 ans que l’on sait et 4 ans que notre Collectivité a été alertée et sollicitée par plusieurs organismes et associations à la nécessité de se préparer à l’entrée en vigueur de la loi AGEC. Mais surtout, la première loi qui nous imposait la collecte des biodéchets date, elle, de 2015 avant que la loi AGEC n’avance la pendule. Et être aujourd’hui dans une situation illégale, c’est inadmissible quand on sait que ça veut dire que nous transportons par camion et brûlons de l’eau dans l’incinérateur du Mirail. Il faut le rappeler : 60% des déchets alimentaires, c’est de l’eau. Et nous payons pour cette eau brulée. En 2019 nous avons payé en fait sur les 3 millions de Taxe Générale sur les Activités Polluantes l’équivalent de 500 000 euros pour avoir brûlé de l’eau.
Nous sommes donc hors-la-loi.
- Et on aurait pu s’attendre à ce conseil à un mea culpa sur notre illégalité et à une réaction à hauteur qui aurait été “Nous allons mettre les bouchées doubles et rattraper ce retard”. Et que faisons-nous en dehors du compostage, dont tout le monde connait les limites en zone dense ? Nous lançons une expérimentation. Sur quoi ? Sur des solutions existantes à grande échelle dans d’autres Métropoles. À Lyon il y a déjà (je viens d’aller voir sur le site), il y a 1374 bornes déployées au 7 février pour un objectif de 3000 avant la fin de l‘année. À Paris, plus de 200 PAV sont testés depuis 2022 et l’accélération est en cours avec un engagement fin 2024 d’une borne à moins de 3 minutes à pied pour chacun. À Grenoble, la collecte en pas de porte est en place depuis 2019. 2019 avec dès cette année-là 18 kgs/habitant et par an de déchets alimentaires récoltés quand notre programme de réduction du PLDPDMA ne vise que -8 kgs à échéance 2024 sur un plan d’une durée de 6 ans.
- Tout ça alors que les habitantes et habitants de notre Métropole sont prêts. En effet, nous avons réalisé une enquête perception habitants sur le périmètre de notre Métropole, sur 2009 personnes (donc c’est assez significatif) et qui montrait que 59% étaient prêts à utiliser du PAV pour les déchets végétaux ! Et 72% prêts à avoir une poubelle dédiée à ça chez eux.
Alors qu’on est hors-la-loi et très en retard sur l’ensemble des Métropoles françaises, on continue de procrastiner, nos ambitions sont très limitées et on présente comme innovant le fait de ne pas utiliser les solutions existantes. J’expliquerai tout à l’heure à l’occasion du vélo à hydrogène en quoi c’est un grave p roblème.
- Dernier point, et pas le moindre : on décide en plus de régresser en parallèle sur les biodéchets. Je m’explique : les toulousains jetaient en 2021 139 kg de biodéchets par an répartis en 83 kg de déchets alimentaires et 56 kg de déchets verts. Soit 40% de déchets verts. Leur traitement in situ ou la collecte sont donc essentiels et que fait-on ? On la rend payante : 120 euros par an en imposant l’utilisation d’un bac roulant supplémentaire de 240L.
Ce message est contre productif. Certes nous proposons un service de broyage gratuit, c’est une très bonne chose pour aller vers plus de gestion in situ. Mais c’est cela qui doit être mis en avant avant de parler de toute facturation. En effet le risque est réel en voyant le tarif soit d’augmenter les trajets individuels vers les décheteries soit pour les petites copropriétés ou maisons avec de faibles surfaces de jardin de voir carrément les déchets verts finir dans la poubelle verte ou pire en dépots sauvages. Nous demandons donc que soit lancé le service de broyage et sensibilisation à la gestion in situ pas uniquement sur 2024 mais en fonction de l’évolution des chiffres de ramassage. Il nous faut absolument éviter l’effet boomerang qu’une solution aussi complexe que celle envisagée pour la collecte soit mise en place. Le risque est grand quand on parle de 40% de nos biodéchets et que notre objectif de réduction de collecte des déchets alimentaires n’est par ailleurs que de quelques % à horizon 2030. Oui le risque de régression est réel. Nous sommes déjà en retard et avec une telle politique, nul doute que c’est le très enviable titre de la lanterne rouge de la gestion des déchets qui nous attend dans les années à venir.