Tout d’abord à l’heure où, de nouveau, l’horreur frappe à Courbevoie, je voudrais ici rappeler au nom de mon groupe notre condamnation en général du poison multiséculaire qu’est l’antisémitisme. Et notre condamnation en particulier de cet acte antisémite abject. Nous condamnons les Violences Sexistes Sexuelles en général et nous condamnons le viol horrible de cette jeune fille en particulier. Nous pensons à la victime, à sa famille, les habitantes et habitants de Courbevoie et compatissons.
Notre solidarité aussi avec notre collègue Thierry Duhamel dont l’agression est inadmissible.
Dans ce climat de fracture de notre société, nous vivons une période de bouleversement politique d’une rare intensité, qui nous touche toutes et tous.
L’heure est solennelle. Dans 17 jours la France peut basculer dans la nuit.
Et celle-ci peut s’assombrir encore plus 2 ans plus tard et devenir ceci (montre la BD La Présidente de François Durpaire et Farid Boudjellal).
J’ai découvert ce roman dessiné en 2015. Je passe à la librairie et je tombe sur cet autocollant qui dit “Vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas”. Et je lis, pétrifié, le récit de la France de la présidente Marine Le Pen, préparée dans l’ombre par le parti à la flamme mais aussi par les politiques néolibérales et liberticides qui ont pavé le chemin de l’enfer.
Quel est-il ce chemin ? Enfin plutôt pour qui est-il cet enfer ?
Je pense à Fati et Melek, les amis de Manon et Noé, ma fille et mon fils, qui se retrouvent dans les cours de collège et lycée Berthelot à Toulouse face à l’angoisse d’être expulsés ou persécutés de par l’origine de leurs parents. Je pense à Myriam, mère célibataire de St Cyprien qui travaille et scolarise ses enfants, et dont les allocations familiales, le logement social ou la place en crèche vont être supprimées au nom de la “priorité nationale”. Je pense à Karim et Pierre qui sortiront le soir dans Toulouse la peur au ventre d’être coursés par des milices d’extrême-droite couvertes par l’impunité, à cause de leur couleur de peau et leur tenue vestimentaire. Je pense à Jean-Paul et Emma mes amis militants syndicaux et associatifs sur Toulouse qui vont être poursuivis sur la simple base de leurs convictions. Je pense à Fatima professionnelle de la culture dans nos quartiers populaires qui va devoir accepter la ré-écriture de notre histoire et notre culture si variée si elle veut continuer à toucher des subventions de la DRAC et de la préfecture.
Il est pour elles et eux et donc pour nous toutes et tous l’enfer.
Et pourquoi en sommes-nous arrivés là ? Là je ne m’adresse plus à nos concitoyens, je m’adresse à vous, alliés du macronisme et de la droite de l’échiquier, celle qui n’arrive plus à porter aujourd’hui le nom exigeant qu’elle s’était donné, “Les Républicains”.
Alors que nous avons besoin de concorde et de lien, vous alliés de cette enceinte avez accompagné le pompier pyromane Macron qui a allumé le grand incendie de la République pour de bas calculs électoraux.
Vous et vos méthodes d’exercice du pouvoir qui ont engendré le double monstre que nous avons en face.
Monstre idéologique d’abord qui tel un diable habillé en Prada, cache sous les costumes bien taillés et le rasage de près de Jordan Bardella une idéologie rance, raciste, xénophobe. Cache son antisémitisme structurel sous une islamophobie encore plus intense. La poursuite d’un agenda néolibéral et autoritaire, qui sied à merveille au Rassemblement National, a préparé le terrain et vous avez franchi non pas le Rubicon mais carrément le Styx avec la loi dite Darmanin et ce vote dégradant pour la préférence nationale, sainte onction idéologique offerte sur un plateau au parti de Mme Le Pen.
Monstre technocratique ensuite avec un exercice du pouvoir extrêmement centralisé, une culture de la répression des expressions populaires de protestation, un mépris pour la démocratie avec un Parlement ignoré et outrepassé à coup de 49-3, une criminalisation des idées écologiques et sociales et enfin des médias contrôlés par des milliardaires à l’agenda politique douteux, libres de proférer à heure de grande écoute leur post-vérité. Le Rassemblement National disposerait le 8 juillet, avant même d’introduire des modifications effrayantes comme la présomption de légitime défense pour la police, d’un arsenal juridique et de répression policière sans précédent.
Nous sommes adversaires mais nous ne sommes pas ennemis : l’ennemi c’est le Rassemblement National car FN ou RN ce qui reste c’est la haine. La haine de l’autre, ignoble et insidieuse, haine de l’origine de l’autre, haine de sa croyance, haine de son genre. La haine de l’autre est la matrice du programme du Rassemblement National et elle infuse toute notre société.
Et je veux croire qu’en républicains vous combattez toutes ces haines.
Alors ressaisissez-vous ! Vous qui nous avez servi le barrage républicain ad nauseam, il est l’heure de faire face à vos responsabilités. C’est le mot que vous avez utilisé M. Moudenc, responsabilité et je vous rejoins.
Il n’y a pas d’élus d’extrême droite dans cette assemblée, vous n’êtes pas l’extrême-droite et nous ne jouerons pas à vous appeler ainsi, nous ne jouerons pas ce jeu d’hystérisation du débat et appelons certains de nos collègues, M. Briand, M. Bolzan, Mme Yardeni à stopper les propos outranciers dans la ligne de ce que propose votre tête de liste. Non vous n’êtes pas l’extrême-droite mais attention, la responsabilité c’est aussi de pointer du doigt le fait que dans cette élection, certains de vos collègues, par leur silence et leur complaisance s’apprêtent à en être le marchepied. Je pense à mon père qui a toujours voté RPR, m’a élevé dans les valeurs de la République et avait orné la bibliothèque familiale des mémoires du Général De Gaulle et je sais qu’il aurait trouvé scandaleux ce jeu électoral nauséabond.
Qui chez les Républicains a vraiment démissionné suite à l’alliance de son parti avec le RN ?
Comment expliquer que sur 10 circonscriptions, seuls 2 candidats Les Républicains se présentent face au RN sans pour autant donner de claires consignes ?
Et vous, M. Moudenc qu’allez-vous faire de ce glissement dangereux de votre majorité dans ce silence électoraliste complice ?
Que veut dire cette sinistre déclaration de Mme Genarro-Saint, présidente de la fédération départementale des Républicains : “« Le temps des consignes de vote est dépassé, les électeurs font leurs choix en leur âme et conscience »? Entendre ça, après 20 ans d’appel au barrage républicain.
« La moralité consiste essentiellement en le courage de faire un choix » disait Leon Blum. Hé bien, il est l’heure pour la droite de cette assemblée de faire ces choix.
Je voudrais finir en m’adressant à nos concitoyens : nous comprenons la souffrance actuelle, l’impact sur vos vies d’un individualisme forcené, de la compétition permanente des uns contre les autres du système libéral, du démantèlement constant des services publics, de la fragmentation de notre société. Et nous entendons votre volonté de rêve et d’espoir.
Face à ces enjeux, vous avez 2 projets de société qui peuvent faire majorité à l’Assemblée, le Nouveau Front Populaire et le Rassemblement National. Alors regardez et écoutez. Regardez et écoutez l’histoire de France et notamment du XXème siècle, regardez et écoutez les programmes détaillés, regardez et écoutez ce que disent les associations, les syndicats.
Regardez, écoutez et vous verrez où est la tolérance, où est l’amour, où est la démocratie, où est l’émancipation, où est la solidarité, où est l’avenir.
Ces valeurs sont ici à ma gauche dans cette assemblée rassemblée autour de la devise de la République, Liberté, Egalité, Fraternité
Et cette gauche rassemblée comme à chaque grande heure de l’histoire peut barrer la route à Jordan Bardella et au plan irresponsable d’Emmanuel Macron d’une cohabitation avec lui. La gauche peut ouvrir la voie à un gouvernement des jours heureux dans toute la France dès l’été.
Et en 2026 M. Moudenc vous trouverez de nouveau cette gauche, dans un nouveau cadre renforcé et accompagné par la société civile qui est en train de se dresser massivement, partout dans nos quartiers, vous nous trouverez face à vous. Pour donner à Toulouse le visage rayonnant et ouvert qui lui ressemble.
Avant cela, les 30 juin et 7 juillet, votons Nouveau Front Populaire, pour l’avenir et la lumière, car nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas.