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4.1 Présentation du Rapport Développement Durable 2024 de Toulouse Métropole – Intervention Maxime
4.1 Présentation du Rapport Développement Durable 2024 de Toulouse Métropole – Intervention Maxime

4.1 Présentation du Rapport Développement Durable 2024 de Toulouse Métropole – Intervention Maxime

M. le président, chers collègues,  


 


Conscient du contexte financier grave, je porterai ici un discours de responsabilité et de proposition, dans la ligne de ce que souhaitait Mrs Briand et Moudenc, c’est à dire orienté solutions et financement. 


 


Je commencerai, comme je le fais souvent, par souligner les actions positives de notre Métropole qui sont dans ce rapport et que les services, je remercie ici chaleureusement la direction de Mme Bertholier et ses équipes, nous ont présentés en grande transparence et en grand détail, répondant à toutes nos questions. Actions positives donc à savoir le travail conséquent fait par la Maison de l’Energie (+74% de consultations c’est très positif, plan copropriété l’est aussi) même si la montée en puissance sur la rénovation elle-même stagne malheureusement, 30 000 kits économiseurs d’eau distribués, plan de développement des compétences déployé en interne “Transition Ecologique” et la remontée dans la chaîne alimentaire de notre institution de la transition écologique et sociale avec la “nouvelle” direction des transitions. Bonne nouvelle également vous l’avez dit M. Moudenc, l’utilisation accrue de Vélo Toulouse même s’il y a un bémol financier que j’aborderais dans le DOB. 


 


Malheureusement malgré tous les efforts de la direction générale aux transitions, nous n’en sommes pas encore au point où l’écologie a un vrai poids sur la scène qui se dresse devant moi puisque des choix catastrophiques écologiquement comme la Jonction Est sont encore portés politiquement ici sans que nos valeureux agents de la transition, qui pourtant sont très certainement totalement en mesure de montrer l’inefficience et l’impact catastrophique de cette infrastructure, ne puissent en dire un mot. 


Car cette Jonction Est ruine totalement et irrémédiablement toute la crédibilité du rapport que nous avons devant nous. Et n’ont certainement pas été présentées, je n’en doute pas mais allez-y M Chollet corrigez moi, à l’auditrice du label TETE qui nous a octroyé une quatrième étoile au label Territoire engagé pour la transition écologique  


Mais surtout au-delà de la crédibilité, faire un bilan courageux et sincère de l’action métropolitaine d’un point de vue durable, c’est pouvoir éclairer le douloureux débat du jour: où allons-nous devoir couper dans les budgets ? 


Car je le rappelle, le bilan annuel de notre politique de développement durable ne devrait pas se limiter pas à présenter ce qu’on le fait de bien, anecdotique ou pas, mais à présenter l’intégralité des choix politiques et les soumettre au débat de ce conseil sous l’angle de la soutenabilité environnementale.  


La présentation du rapport Développement Durable n’est en effet pas nommé DOB Vert pour rien. Il devrait être un moment de débat donc et d’arbitrage sur les choix budgétaires, de fonctionnement comme d’investissement dans l’objectif du développement durable.  


Ce encore plus cette année où, vous l’avez dit, il y a un besoin majeur de, je vous cite “priorisation” sur les sujets “stratégiques”. 


Hélas bien pire que le DOB lui-même que M Briand transforme depuis que je siège ici en simple DB, débat budgétaire comme si nous étions au congrès annuel des experts comptables, le “DOB” vert a perdu lui toutes ses lettres: pas de débat, pas d’orientation à évaluer, pas d’évaluation budgétaire. Alors certes on expérimente le budget vert quelque part à la Métropole, méthode complexe certes mais nécessaire, donc peut-être un jour verra-t-on un vrai DOB vert mais en attendant nous n’avons rien d’autre que la traditionnelle plaquette marketing. 


A nous donc de soulever le tapis et d’y voir ce qui ne va pas. Comme chaque année. Pour éclairer nos choix. 


Cette année je me concentrerai sur un sujet clé qui fait que nous sommes loin de la trajectoire attendue des GES du PCAET sur laquelle nous communiquons pourtant : les transports. Et ce qui se trouve sous ce tapis transports. 


Je commence par le gros morceau, celui qui est à la fois la verrue de notre politique de transports et l’opportunité financière majeure devant nous : la Jonction Est.  


Sa facture à venir, dans ces temps d’austérité, vient de gonfler: 95M au dire de Carole Delga qui est sûrement bien renseignée puisque ce chiffre n’est accessible nulle part et surtout pas donné ni au public ni aux associations qui le demandent en vain dans toutes les réunions possibles, signe de la vitalité démocratique de notre institution. Merci à elle de l’avoir divulgué. Nous en étions à 79 millions d’euros en juin 2023 lors du dernier vote sur le sujet. Et maintenant 95 ! Dont probablement autour de 70M à la charge de notre collectivité (peut-être aurez-vous l’honnêteté de nous le donner)  


Que va-t-on faire de ces 95M je le rappelle? Détruire 20ha d’espace naturels, abimer un affluent de l’Hers qu’on prétend revitaliser,  pour un bénéfice tellement contestable que l’ARAFER indique que “la création de ce nouveau diffuseur conduirait à accroître la congestion de la rocade est et donc à dégrader les conditions de circulation des usagers de l’autoroute”, que le modèle de simulation utilisé par la Métropole (Camino) le confirme lui-même 


Tellement contestable que Mme Delga a écrit ce mois-ci au Préfet pour l’alerter et avoir l’assurance je cite “que ce projet n’induise pas un effet de facilitation de la voiture individuelle” car en effet elle a surement pris conscience de cet effet et que le bénéfice espéré vers Quint, St Orens et Balma, n’en sera pas un car le dit logiciel Camino effectivement ne prend pas en compte ce que nous avons présenté sans succès au conseil en juin 2023 fois et qui s’appelle le traffic induit qui s’il était pris en compte montrerait que les habitants de Quint, St Orens et Balma, car je ne parle pas en temps que toulousain M. Gasc, M. Jop et M. Terrail Noves, je parle en tant que conseiller métropolitain soucieux de dire la vérité à vos administrés. Je disais donc que de vrais études montreraient que vos concitoyens et notre ligne Linéo 1 resteraient tous pris dans les bouchons, sur la rocade et sur la M2 et la M826, sans aucune amélioration mais au contraire avec une augmentation des niveaux de pollution et de nuisance. 


Ou alors Mme Delga a vu que toutes les hypothèses qui sous-tendent le projet sont tombées comme un château de carte au moment de la publication en juin de l’Enquete Mobilité Certifiée de cette année qui contredit totalement notamment l’hypothèse des +30% de traffic à échéance 2030 utilisée mais aussi les estimations de part modale vélo. Ou alors elle a vu que le bilan carbone était incomplet. Ou alors elle a vu qu’aucun scénario alternatif n’était présent contrairement à ce qui est demandé par la Stratégie National Bas Carbone et l’avis de l’autorité environnementale. 


Bref Mme Delga semble avoir salutairement changé d’avis depuis 2016 M. Moudenc et le temps où vous receviez des crédits de l’Etat de la part de M. Hollande sur ce projet et rejoint l’avis de l’autorité environnementale qui demande dans son rapport une analyse complémentaire de traffic.  


Ce projet devient l’arlésienne de ce rapport de développement durable M Moudenc, c’est à dire pour expliciter l’expression liée à Alphonse Daudet, l’élément clé, décisif mais caché qui donne le dénouement de l’intrigue et montre la sincérité et l’authenticité de nos efforts écologiques. Ou plutôt qui en démontre le contraire.  


Ce projet est donc inique, forcé, mensonger pour les habitants de Quint, Balma et St Orens, rejeté à 94% dans sa consultation et il décrédibilise tout le travail courageux fait par la direction des transitions. Il est encore temps a minima d’être honnêtes et refaire les études d’impact de traffic et au mieux d’être cohérent et pragmatique et de retirer le projet. 


Et je m’adresse ici à l’exécutif. Je suis sûr que les maires qui ont été leurré sur le bénéfice de la Jonction Est comprennent parfaitement la nouvelle situation de notre Métropole. La situation de congestion que vivent Quint, Balma, St Orens mais aussi Drémil-Lafage, Flourens, Mons est réelle et donc ce recul salutaire que nous proposons doit s’accompagner de solutions de transports en commun et vélo adaptés pour ces communes. 


Si jamais vous reveniez à la raison et donc retiriez ce projet de cette Jonction Est, je souhaiterais alors parler justement de ces marges de progression autres du domaine des transports pour ces communes et pour l’ensemble des communes de la Métropole. 


Pour éclairer ces orientations, nous avons maintenant un diagnostic de grande qualité à notre disposition depuis peu, que j’ai nommé précédemment, l’enquête EMC2 qui est sortie en juin de manière préliminaire et en septembre de manière détaillée. Elle recèle des informations fondamentales qui doivent nous interpeller dans ce débat d’orientation durable et en prévision des arbitrages douloureux que nous avons en face de nous. Et je voudrais parler de 3 points: le vélo, les autres infrastructures routières que la Jonction Est et les transports en commun. 


Quelques chiffres clés:  sur le périmètre de l’étude, 43% des trajets de 1 à 2 kms se font en voiture et sur les trajets entre 2 et 5 kms on monte à 63%. Nous avons donc un potentiel gigantesque d’utilisation du vélo. Mais d’où vient le pb : et bien je vous le dis pour le faire régulièrement, qui voudrait risquer sa vie à vélo sur les routes de notre Métropole ? Et j’en viens au lien avec le rapport Développement durable qui affiche +4% d’augmentation du réseau cyclable cette année après plusieurs années autour de ces mêmes chiffres et parfois pire ce qui donne comme le dit le rapport +37% en 10 ans. Seulement 37% en 10 ans, c’est très maigre et loin d’être à la hauteur. Quand notre Métropole dépense 100 euros par habitant pour le vélo, Nantes en dépense 164 et Lyon 142. Nous faisons trop peu, trop lentement, le métro paralysant, au moins sur Toulouse, une bonne partie des réalisations du REV qui n’en reste qu’un encore, malgré toutes les annonces. 


Et ce alors que l’investissement vélo est un des moins chers autant pour nous que pour les habitantes et habitants qui récupèrent ainsi un vrai pouvoir de vivre. 


Si on passe au routier, là encore cette année, de nouvelles données éclairent le débat et auraient mérité d’être dans le rapport au titre des difficultés à affronter : les bouchons sur la rocade sont en augmentation en 2023 selon l’étude Tomtom, un habitant de notre Métropole qui fait en moyenne 10km par trajet ayant perdu 71 h dans les bouchons l’an dernier et émis 150 kilos de C02 supplémentaire lié aux bouchons soit 16 arbres adultes par an et par personne prise à cause les bouchons pour un coût personnel de 170 euros. Nous sommes en fait revenus à 2019 sur les niveaux de traffic routier malgré le télétravail, malgré la prise de conscience de nos concitoyens, malgré tout ce que la plaquette nous présente de beau et rutilant. 


Que faisons-nous face à cela? Et bien par exemple nous avons élargi en 2021 les voies sur la rocade à hauteur des échangeurs de Lespinet et Rangueil. Pour combien ? 50M d’euros. Efficace ? Pragmatique ? 


Là encore votre honneur, je voudrais verser une pièce tangible au dossier, le rapport de l’AUAT de février 2024 de l’observatoire partenarial de la mobilité qui pointe du doigt les zones où les bouchons ont le plus augmenté en 2022 et devinez ce qu’on y retrouve : l’une des zones avec la plus forte augmentation de bouchon (supérieure à 5%) est: celle de Rangueil Lespinet. Là encore pour faire le lien avec la Jonction Est je ne sais pas quelle meilleure démonstration, plus locale, plus précise, plus immédiate on peut avoir de l’effet de traffic induit dont je parlais puisque les études scientifiques ne semblent pas vous convaincre. 


Enfin je terminerais par les transports en commun. Les TC stagnent nous dit le rapport EMC2, restant malheureusement autour de 13% en 10 ans. Comme dirait Emmanuel Macron, “je ne dirais pas que c’est un échec, je dirais que ça n’a pas marché” 


M Lattes vous dites à juste titre que la grande majorité des réseaux de TC européens peinent à retrouver leur fréquentation de 2019. C’est juste mais encore une fois vous utilisez un indicateur qui ne convient pas : celui du nbre de validations. Car quel est le moyen de transport qui assure le plus grand nombre de validation et qui pourtant est en concurrence directe régulièrement dans le monde avec le vélo et la marche à pied : le métro. S’il est compréhensible M Lattes que vous utilisiez cet indicateur pour mettre en avant le travail commercial de Tisséo, M. Chollet vous ne devriez pas accepter cet indicateur dans le rapport de développement durable et en prendre un qui soient réellement au service de la planète et de la santé de nos habitantes et habitants, dans l’idéal un indicateur de report modal (complexe mais pertinent), c’est à dire le nbre de kms de véhicule motorisé évités soit au pire le nbre de kms parcourus. Et pourquoi M Lattes vous vous vous entêtez sur un indicateur économique, le nombre de validation, qui n’est pas pertinent ? Pourquoi ? car il va vous falloir cacher à l’arrivée du métro l’absence de progrès dans le report modal à la hauteur des montants investis. Car notre plan de mobilités est aujourd’hui le deuxième plus cher de France. Il est le plus cher et il s’est fait au sacrifice de solutions qui étaient ambitieuses et réalistes: Prolongement de la ligne B qui serait en service depuis 2020 vers Labère, Plan Canal, ou pire existantes avec le sacrifice de la desserte de l’aéroport. 


En fait c’est comme si je demandais à mon fils s’il gérait de manière ambitieuse son argent de poche dans ses projets vestimentaires actuels et qu’il me disait “oui car je n’ai plus d’argent, j’ai dû vendre des vêtements chouettes et j’ai même tellement emprunté à la banque que je ne peux plus rien acheter pendant 10 ans. Mais j’ai acheté un seul vêtement super et très très cher”. Sans indicateur intelligent, pas de résultat impactant. 


Je vous entends aussi comparer Toulouse à Stuttgart, Francfort, Amsterdam ou Copenhague. Mais M Lattes pourquoi la part des TC est là-bas autour de 12% comme à Toulouse, car la part modale du vélo est immense. A Copenhague c’est 49% de part modale du vélo contre 4 ici. Si on compare ce qui est comparable alors prenez Lyon qui elle est à 19% de transports en commun depuis 2015 qui était je le rappelle l’objectif affiché par Tisséo en 2018 à horizon. Ou alors donnez nous les parts modales de véhicule individuel en Allemagne et Danemark et ce ne sera plus la même. 

Au delà du débat sur les %, je voudrais éclairer le fait que la stagnation cache aussi une régression en qualité et en desserte. Une étude fine de l’AUTATE a montré que l’ensemble des  lignes existantes a subi des dégradations en fréquence en 2023 en parallèle d’une contraction du maillage territorial. L’offre de service LINEO est efficace mais son extension aux 118 lignes est trop lente : 11 lignes rebaptisées Lxx et 6 autres lignes, avec un déséquilibre de l’offre entre centre-ville et première et deuxième couronne qui n’est pas résorbé et s’accentue. L’alternative à l’usage de la voiture dans les autres communes que Toulouse est ainsi soit pénible en transports en commun soit dangereuse à vélo, rendant les solutions de recours quasi inexistante ou très insuffisante pour une grande partie des habitants. 


Si on élargit la perspective, à l’heure où nous parlons arbitrage stratégique 2025, à l’heure où débutera enfin le 18 novembre la concertation sur le nouveau PDU rebaptisé “Demain Mobilités”, peut-être parce que le mot PDU est devenu dans cette Métropole trop douloureux, que faisons-nous depuis 2020, dans ce conseil et qui nous plombe dramatiquement aujourd’hui à l’heure des choix douloureux? 


Alors que nous devrions déployer une politique de transport en forme de donut, je dirais, c’est à dire concentrer nos efforts sur les communes de la Métropole qui entourent Toulouse, nous alimentons soit l’extérieur de notre donut avec par exemple 600M d’euros de distribués à la LGV (je fais une parenthèse pour tous les maires de cette salle, sans parler même de l’aspect écologique, est-ce réellement la priorité de nos administrés de gagner 30 à 45min pour un voyage en train à Paris ou d’économiser les 71h annuelles dont je vous parlais , 71h annuelles perdues dans les bouchons?). Soit nous alimentons l’intérieur du donut avec plus de 3,1Mds donnés à une ligne de métro qui sert principalement la ville dont je suis conseiller municipal. Mais le donut lui: bus de périphérie, réseau cyclable externe à Toulouse, SERM restent les parents pauvres, ce dernier étant bien mal en point en ce moment. 


Ce que je demande à cette tribune c’est de prendre de la hauteur grâce au développement durable. Nous avons besoin de cohérence et courage.  


Cohérence et courage entre regardant ensemble les objectifs du PCAET et le plan à venir « Demain Mobilités », cohérence et courage dans le choix des indicateurs utilisés pour piloter notre action. Cohérence et courage en arrêtant de financer des doublements de rocades inutiles à 50M ou des bretelles d’autoroute inefficaces en pleine ville pour 95M d’euros. Cohérence et courage en nous focalisant sur les besoins de notre Métropole et surtout des 36 communes dans l’ombre de Toulouse. 


Nous partons de très loin en matière de part modale voiture dans notre Métropole et nous nous améliorons doucement, l’EMC2 le prouve mais le temps est compté, surtout pour toutes les habitantes et tous les habitants des autres communes de Toulouse qui vont se retrouver de plus en plus prisonnières et prisonniers de la voiture, donc regardons les choses en face. Soyons cohérents et courageux.