En 2011, la ville de Toulouse adhérait d’un même élan à l’initiative OpenDataFrance et à l’April, l’association pour la promotion du logiciel libre.
C’était un grand pas en avant, à la fois matériel et symbolique, pour la démocratie locale : en effet, d’une part Toulouse s’engageait dans une démarche d’accessibilité des données publiques aux citoyens, comme par exemple avec les données géographiques d’OpenStreetMap, et d’autre part, elle prenait conscience que l’utilisation par les services municipaux des logiciels open-source, ces programmes dont le fonctionnement est transparent et appropriable par ses usagers, plutôt que des services opaques et privatifs, est une composante essentielle de la souveraineté numérique d’une institution.
Pour le dire avec une formule : des données ouvertes traitées par des logiciels ouverts, voilà une pierre angulaire de démocratie et de souveraineté numérique.
Aujourd’hui, la complémentarité de ces deux éléments, open-data et open-source, sont remis en cause par la décision de la Mairie de quitter l’April. Un choix symbolique fort pour une économie de 2500 euros. Quel dommage.
En adhérant à l’April, la collectivité ne recherche pas un service (ce que l’April ne propose pas), mais affiche publiquement son soutien au logiciel libre. C’est un message fort qui est envoyé en plus du soutien à cette association.
Quitter l’April, c’est également accepter la victoire des GAFAMs dans nos services, comme l’écrasante main-mise de Microsoft sur nos logiciels collaboratifs. Mais à l’heure où les budgets se contractent et où les économies s’imposent, où les relations internationales se tendent et où la dépendance à des éditeurs et fournisseurs américains constitue une menace pour la pérennité des systèmes d’information, hypothéquant la capacité future des collectivités à fonctionner et remplir leur mission, le logiciel libre s’avère plus précieux que jamais. Il est la seule alternative viable, souveraine aux outils et services fournis par les entreprises américaines qui, indépendamment de la crise politique en cours, revoient chaque année leurs tarifs à la hausse, au fur et à mesure que la dépendance de leurs clients à leurs solutions augmente et qu’il devient de plus en plus difficile pour eux de s’en séparer. Les éditeurs américains font de Toulouse et des autres collectivités territoriale une vache à lait.
Le ministère de l’Éducation nationale, une fois encore et comme d’autres ministères avant lui, vient juste de renouveler sa dépendance aux solutions de Microsoft pour les quatre années à venir. Face à cette défaillance de l’État et aux manques de politique publique ambitieuse et cohérente du gouvernement sur le sujet, les collectivités ont un rôle central à jouer pour la préservation d’une véritable souveraineté numérique, au service des citoyens et citoyennes.
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A l’heure également où l’enjeu de l’impact des technologies numériques sur le dérèglement climatique est de plus en plus prégnant, particulièrement avec l’essor de l’ « intelligence artificielle », soutenir une approche éthique et durable de l’informatique, fondé sur la mise en commun des ressources plutôt que sur la performance à tout prix, apparaît comme un impératif politique fort.
Alors à l’image de la Région Occitanie, il serait temps de penser à migrer vers des logiciels open-source, ce qui sera à terme un facteur important d’économies financières. En bref, nous revendiquons non seulement de conserver l’adhésion symbolique à l’April mais d’entamer la réflexion dès que possible sur l’émancipation et la souveraineté numérique de la ville, au bénéfice de toutes et tous.
Vous voulez le faire sur le paracétamol, soyez cohérents, faites-le sur notre numérique.