Partie Agathe :
Monsieur le Maire, chers collègues.
Je ne sais pas si vous avez vu le film Barbie qui est sorti récemment. Je fais un bref résumé pour celles et ceux qui l’auraient loupé : Barbie vit dans une ville rose, plastifiée ou tout se passe bien, le patriarcat n’existe pas, tout le monde porte de beaux habits, bénéficie d’un toit, les femmes occupent des postes à responsabilités, vraiment tout va bien. Puis un jour Barbie arrive dans le vrai monde, le nôtre, elle prend conscience du clientélisme, des rapports inégaux de pouvoir, des discriminations, etc.
Et je dois dire que parfois, monsieur le Maire, on a l’impression que vous-même, et de manière générale la communication d’Aimer Toulouse, évoluez un peu dans Barbieland, un monde tout rose fait de plastique et de postiche. Dans votre Barbieland, vous êtes garants de la République et de la démocratie, un gestionnaire rigoureux, vous y êtes même écologiste, vous évoluez dans un monde dans lequel vous aimez tout Toulouse et tous les Toulousains !
Mais dans le monde réel, M. le Maire, seuls les riches et les puissants sont les grands bénéficiaires de votre politique. Dans le monde réel, les paillettes de la place du Capitole remplissent les caniveaux mais n’empêchent pas le réchauffement climatique. Dans le monde réel, vous préférez le dénigrement, les insultes et les polémiques stériles à une véritable concertation et un exercice respectueux de la démocratie.
Dans le monde de Barbie, vous êtes Obama et nous serions Trump. Mais dans le monde réel, Trump, c’est vous !
Les urgences du monde réel sont pourtant bien là. Vous devriez vous y attacher plutôt que de vous croire perpétuellement en campagne électorale. En fait, comme Barbie, vous devriez peut-être faire le choix de la réalité et prendre ses problématiques à bras le corps pour une ville plus juste et égalitaire.
Parce que le constat est alarmant :
Il est alarmant pour les enfants, les parents, et toute la communauté éducative du primaire, qui passent leur journée dans des locaux vétustes, sans personnel suffisant, que ce soit les ATSEM, les Agents techniques ou les animateurs, tout manque, partout ! Que faites-vous ? Dans votre Barbieland, les écoles sont toutes comme votre nouvelle école vitrine Émilie Du Châtelet : il y a des cours végétalisées partout alors que dans le monde réel, cela ne représente qu’1/10e des écoles. Dans votre Barbieland, 85% des rues proches des écoles sont apaisées. On pourrait presque croire qu’on peut envoyer son enfant seul à l’école sans la peur au ventre.
Une communication mensongère et insupportable quand on connaît la réalité. Nous vous avons demandé un droit de visite en tant qu’élus municipaux pour constater par nous-même la situation. Votre silence est révélateur, et nous ne sommes pas dupes. L’opacité est pratique quand on cherche à cacher la misère.
Dans votre Barbieland, le projet Proxima se fait de manière apaisée en concertation avec les agents de la ville ; dans la réalité, ils sont sous nos fenêtres ce matin pour dénoncer votre politique de ressources humaines violente, inhumaine, dans le déni de tout dialogue social. Nous leur apportons notre soutien plein et entier. Ce sont elles et eux qui tiennent à bout de bras les services publics dont les Toulousaines et les Toulousains bénéficient et que vous dégradez.
J’ai parlé des écoles mais il y a aussi les piscines, dont la plus emblématique (Nakache) que vous laissez à l’abandon, les musées dont vous limitez l’accès, les jardins fermés trop tôt dès le premier septembre alors qu’il fait encore 30 degrés ; la liste est longue, si longue, qu’il faudrait que vous nous accordiez plus de temps de parole mais vous préférez museler l’opposition. Encore une preuve s’il en fallait encore du peu de considération que vous apportez à ce conseil municipal.
Dans votre Barbieland, la 3e ligne de métro va résoudre tous les problèmes de déplacements. Cette semaine d’ailleurs, M. Macron, dont vous semblez proche, a annoncé dans le cadre de son “plan écologie à la française” le financement de 13 projets de RER métropolitains. D’un côté, c’est une bonne nouvelle pour nous qui avons tant plaidé pour un RER digne de ce nom. C’est une bonne nouvelle à condition que M. Macron mette davantage la main à la poche pour sortir de la com’ et entrer dans la bifurcation écologique. Alors, M. Moudenc, bien que votre conversion au RER soit fort tardive, seriez-vous prêt avec nous, dans la concertation avec tous les acteurs concernés, à demander à M. Macron un financement à la hauteur nécessaire ? Seriez vous prêt à prouver votre sincérité sur ce dossier en annonçant combien vous seriez prêt à consacrer à ce si beau projet, qui concerne bien Toulouse ?
Dans Barbieland vous êtes un garant de la République, un démocrate exemplaire, dans la réalité les Toulousaines et les Toulousains tombent souvent dans la presse sur des articles mentionnant votre entourage, et les mise en cause pleuvent : affaire Brasilies, Belkacem et tout récemment Arribagé ou Fourcassier. Cette semaine, les révélations de la Dépêche semblent montrer du doigt une proximité douteuse avec les promoteurs de la place toulousaine et Mme Laigneau est explicitement mise en cause
Il en va de votre responsabilité de faire taire ces rumeurs. Nous vous demandons de clarifier la situation. Mme Laigneau se défend dans la Dépeche de ce matin d’agir dans l’intérêt des promoteurs. Elle rajoute qu’elle n’est pas “spécialiste”. Eh bien puisque l’adjointe à l’urbanisme n’est pas spécialiste, confions le dossier à un organisme indépendant, spécialisé, seul capable de lever ces soupçons infamants. À ne pas le faire, c’est l’image de notre ville que vous saliriez. Nous ne pouvons l’accepter.
Partie Jamal :
Monsieur le Maire, chers collègues
Tout d’abord, j’aimerais exprimer notre solidarité avec le peuple marocain frappé par un séisme à Marrakech et sa région, avec le peuple lybien qui, lui, subit la guerre et les inondations.
Comme vous le savez, nous avons connu plusieurs catastrophes à l’échelle planétaire extrêmes et meurtrières dignes de l’apocalypse, et qui se sont enchaînées sans interruption. Des parties du monde sous les flammes et d’autres noyées sous les eaux. Les hommes prennent de plein fouet les conséquences du modèle économique destructeur dans lequel nous sommes enfermés et de l’inaction climatique de l’ensemble des pouvoirs politiques dans le monde.
La preuve n’est plus à faire du lien entre réchauffement climatique et catastrophes. Le Canada, la Grèce, l’Espagne, l’Algérie, la Lybie, l’Inde, la Chine, l’Afrique du sud, la Suède, la Norvège etc. en sont la preuve.
En France, l’été 2023 est le 4ème plus chaud depuis 1900. Le température moyenne était au-dessus des normales saisonnières de 1,4 ° celsius (référence de Météo France). Cette augmentation illustre parfaitement les avertissements lancés par les scientifiques et les climatologues concernant à la fois la sévérité des vagues de chaleurs, leur précocité et leur durabilité.
Et nous savons pertinemment tous ici que c’est le modèle économique imposé par quelques-uns qui est à l’origine de ces catastrophes subies par nous tous.
Un lit apparent, qui ne charrie plus que des cailloux visibles et une boue séchée qui laisse passer un mince filet d’eau, loin de la chanson de Claude Nougaro. Comme disait si bien ce poète
« Ma mer océane
C’est une Garonne
Quand elle résonne
D’un air de tam-tam »
Qu’est devenu notre chère Garonne ? Qu’en avez-vous fait ?
Dans ce contexte, les risques d’une catastrophe industrielle sont beaucoup plus forts. L’exemple nous le trouvons en 2015 quand les chiffres annoncés au cours de ces épisodes caniculaires révèlent une augmentation des accidents industriels de 43% par rapport à la moyenne des accidents enregistrés les 10 années précédentes, selon le BARPI, Bureau d’Analyse des Risques et Pollutions industriels de l’Environnement.
Parmi les produits impliqués dans ces incendies, je voudrais m’arrêter sur la nitrocellulose, produit stocké je vous rappelle dans la zone chimique sud de Toulouse, véritable poudrière sous le lac. Des milliers de tonnes d’explosifs sommeillent dans un bois à deux pas de l’usine AZF. Le risque est bien réel en particulier dans les conditions de sècheresse et de réchauffement que nous traversons.
Je vous rappelle que l’explosion de l’usine AZF le 21 septembre 2001 est la catastrophe industrielle la plus dévastatrice survenue en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, 31 victimes.
Chaque année, nous commémorons l’aspect patrimonial en occultant les aspects toxiques pétrochimiques de ce site.
Les risques sont toujours là, pour rappel 16 établissement classés SEVESO sur notre département dont 3 à Toulouse (ESSO, STCM, Ariane Group, ex Héraclès).
La situation devrait nous alerter aujourd’hui puisque notre Garonne sera de plus en plus sous perfusion.
Et c’est dans ce contexte toxique, que vous soutenez le projet écocide de l’A69. Ce projet détruit 366 ha de terre nourricière, diminue la biodiversité, assèche la vallée par l’impact de l’autoroute sur le cycle de l’eau sur les bassins versant du Girou et de l’Agoût.
Le rapport d’enquête publique affirme que la création d’emploi n’est pas liée uniquement à l’installation des infrastructures. Des chercheurs de l’Institut universitaire Champollion à Albi ont dénoncé l’argument de l’emploi pour justifier ce projet.
L’entreprise ATOSCA annonce 1000 emplois mais seulement pour le temps des travaux.
Ce projet s’inscrit en contradiction avec les engagements en matière de lutte contre le changement climatique, d’objectifs de 0 artificialisation nette et de 0 perte nette de biodiversité, engagement pris par l’État.
Selon l’avis du Conseil National de protection de la Nature, ce projet est anachronique au regard des enjeux et ambition actuels de sobriété. Et je ne vous parle même pas du prix que cela représente pour un automobiliste qui l’emprunterait.
Votre écologie pragmatique est faite pour ceux qui accumulent des richesses et détruisent notre environnement.
Vous vous cachez pour détruire des arbres centenaires en pleine nuit, nous, nous parlons au grand jour pour vous dire que nous sommes tous des Thomas, des Olga, des Mathieu, des Réva, des Célic, des Marion, des Victoria, des Camille, des Françoises… nous sommes de la République, de celle qui défend le vivant.