Tout d’abord, nous voulons saluer ce travail, qui comme d’habitude, constitue un catalogue assez complet des actions mises en place par la collectivité en faveur de l’égalité femmes-hommes. Il est incontestable que des avancées importantes ont été réalisées, grâce à l’implication de Mme Escudier en particulier et des nombreux agents, dans différents services qui se sont mobilisés, formés, conscientisés.
Notre intervention comportera 3 points :
- Deux alertes concernant la gestion des RH
- Une question
- Et enfin, une remarque plus générale
Deux points d’alerte
Parmi les actions mises en place pour favoriser l’égalité femmes-hommes au sein de la collectivité, nous souhaiterions mettre un point d’alerte sur deux sujets :
- Premier point : alerte sur des choix managériaux qui semblent continuer aujourd’hui, face à des situations de harcèlement avéré subi par des femmes, à proposer une mobilité à celles-ci plutôt qu’à leurs agresseurs.
- 2eme point, important également, qu’on avait déjà évoqué ici : la persistance d’un décalage important de rémunération entre les femmes et les hommes agents de la collectivité, à niveau de recrutement équivalent. C’est particulièrement vrai pour les catégories A, où les écarts de rémunération entre les agents de la filière administrative (majoritairement féminine) et ceux de la filière technique (majoritairement masculine). Nous pensons que la collectivité devrait avoir le courage de présenter une délibération dans le cadre du RIFSEEP, qui poserait le principe d’une égalité interfilière de perception des primes par catégorie.
Une question
Concernant la question : ce document nous présente des éléments de bilan du plan d’actions EGAPRO qui courait sur la période 2021-2023. A quel moment et selon quelles modalités sera produit le nouveau plan d’actions, pour les 2 ans et demi de mandat restant ?
Une remarque générale, sous forme d’inquiétude
Cette année, j’ai lu ce document avec en tête le souvenir de ce qui s’est passé lors du précédent Conseil : je parle bien sûr de votre refus de mettre en discussion un vœu, au prétexte fallacieux qu’il traitait un sujet national, qui consistait à demander que la collectivité mène, comme d’autres communes en France, une campagne d’information pour rappeler le caractère fondamental du droit à l’avortement. Le sujet n’était pas de savoir si on était pour ou contre l’avortement, simplement d’informer sur un droit que même le PR considère comme fondamental.
Cela pourrait paraitre être un micro-évènement, qui ne mérite pas qu’on revienne dessus.
Mais je ne crois pas en réalité. Je crois qu’au contraire, cela révèle un immense impensé de votre politique en faveur de l’égalité femmes-hommes.
En effet, défendre les droits des femmes, cela veut dire agir dans différents champs, pour favoriser l’égalité femmes-hommes, l’émancipation et la liberté des femmes. Parmi ceux-ci figure le droit des femmes à disposer de leur corps. Le droit à l’avortement constitue une sous-catégorie de ce droit essentiel des femmes à disposer de leur corps. Il nous semble que négliger ce champ porte atteinte à l’ensemble de l’édifice.
Pour essayer de comprendre ce qui pouvait expliquer ce refus de mettre à la discussion ce voeu, j’ai relu les rapports égalité femmes-hommes des années précédentes et celui qu’on examine aujourd’hui en cherchant justement si l’un de ces champs était négligé.
Et là, patatra. Les termes sexualité ou avortement n’apparaissent jamais dans ces rapports. Les termes corps ou contraception une seule fois, au moment de la description d’une action portée par le Quai des savoirs, mais absolument pas comme un axe d’intervention.
Ce que cela veut dire donc, à notre sens, et c’est source d’une grande inquiétude : c’est que la collectivité affirme vouloir favoriser l’émancipation des femmes mais en omettant que celles-ci ont un corps, et que le contrôle de celui-ci de la part de la société, des hommes, joue un rôle essentiel dans les mécanismes de domination et explique en grande partie ce qui créé les inégalités entre les femmes et les hommes. De fait, votre politique, en refusant d’aborder le thème du corps, de la sexualité, est désincarnée. En refusant d’agir pour permettre aux femmes d’exercer leur droit disposer de leur corps, vous limitez de fait, de manière certaine, la possibilité d’atteindre l’objectif global que vous vous êtes fixés de participer à la réduction des inégalités entre les femmes et les hommes.