Monsieur le Maire
Vous avez choisi un thème original, innovant pour faire votre rentrée politique : la sécurité, en exploitant un fait tragique, la mort d’un agent de propreté de la ville de Grenoble !
Cette stratégie de communication rappelle étrangement les méthodes de communication du RN. Et comme le dit si bien l’historien Gérard Noiriel « comment voulez-vous que les gens qui pensent s’informer en regardant des chaînes focalisées sur les faits divers, les crimes, les catastrophes, ne soient pas enclin à croire des partis dont le fond de commerce consiste à les exploiter pour alimenter des discours sécuritaires qu’ils présentent comme des programmes politiques ».
En réalité, la sécurité de nos concitoyens n’est pas votre préoccupation puisque non seulement vous avez soutenu le démantèlement de la police de proximité par Sarkozy et la remise en cause des moyens de la police judiciaire par Darmanin, mais vous vous inspirez des mêmes méthodes qu’eux : faire peur et réprimer. N’oublions pas les dizaines, voire les centaines de manifestants, les journalistes, les simples passants, gravement blessés, mâchoires cassées, yeux crevés, mains arrachées par les flash-ball qui lancent des projectiles à 333km/h.
Les syndicats, les associations comme l’ACAT, association chrétienne contre la torture, et le défenseur des droits Jacques Toubon, réclament leur interdiction. Rappelons aussi que la France est le seul pays de l’Union Européenne qui continue d’employer ces armes létales.
Vous et votre famille politique, vous avez mené depuis de nombreuses années des politiques d’insécurité sociale qui ont comme conséquence l’aggravation de la situation sociale de nombreux compatriotes.
La précarité augmente et s’étend. Selon le dernier rapport du Secours Populaire, 2 français sur 5 ont traversé une grande fragilité financière, 62% déclarent avoir connu la pauvreté, et ce chiffre est en hausse par rapport à 2023. Cette fragilité touche en premier lieu les couches populaires. Ainsi ce sont 80% des ouvriers qui déclarent avoir connu une augmentation de la pauvreté. La crainte d’une transmission de la pauvreté entre génération est massivement partagée. 79% des français estiment que les risques sont élevés pour les jeunes.
Et je vais poursuivre en citant d’autres chiffres car ces derniers sont significatifs de la réalité concrète des citoyens et traduisent au mieux vos choix politiques. 47% des français peinent à payer leur facture d’énergie, 43% ne chauffent pas leur logement, 38% ont du mal à payer leur loyer, et enfin 52% déclarent ne pas pouvoir faire d’économies.
Monsieur Moudenc, les questions de sécurité sont sérieuses car elles constituent le socle de notre cohésion sociale. Pour les traiter, il faut s’attaquer aux causes et aux mécanismes qui produisent les conditions de l’insécurité et des violences.
Nous portons une alternative à votre vision simpliste et réductrice ramenant les réponses à la répression et au contrôle avec des gadgets inefficaces comme l’élargissement des caméras. Notre alternative à ce délire sécuritaire et démagogique est basée sur l’humain, sur le respect du droit. Nous répondrons à ces enjeux par le renforcement des services publics de proximité, par la prévention, par l’augmentation des effectifs d’animateurs, d’éducateurs, par le rétablissement de la police de proximité, pour justement prévenir, tisser du lien avec la population, dans l’esprit d’une police républicaine, gardienne de la paix.
Enfin, j’aimerai rendre hommage à monsieur Jean Pierre Havrin, ancien patron de la police toulousaine et à toute son équipe de police de proximité qui ont laissé un bon souvenir dans la mémoire collective de nos quartiers.
Dans son livre « il a détruit la police de proximité », il dit : « la police se trouve aujourd’hui au service du pouvoir pour conforter une politique de la peur, cette politique coupe les français de leur police ». Dans son livre que je vous invite à lire, il dénonce l’arsenal répressif et propose des solutions pour retrouver une police proche du peuple, au service des citoyens.
Je terminerai en adressant une pensée aux proches et à la famille de Monsieur Dejean.