M. le président,
Je ne vais pas passer en fait beaucoup de temps sur ce rapport, qui est globalement un copier/coller de l’an dernier avec des actions sympathiques, certainement notables comme sur l’énergie mais un contenu encore plus appauvri en indicateurs.
Je vais parler pragmatisme et je vais vous surprendre M. Moudenc, je suis pour l’écologie pragmatique. Car le pragmatisme, selon Larousse, c’est la « Doctrine qui prend pour critère de vérité le fait de fonctionner réellement, de réussir pratiquement ».
Être pragmatique c’est donc agir réellement pour réussir, pas pour faire semblant. Et M. Moudenc, vous faites semblant. D’accord c’est en couleur mais vous faites semblant.
Alors, je coupe court aux supputations. Bien que je l’ai mentionné la dernière fois, je vais épargner à l’assemblée la mise en slip mais je tiens à signaler qu’ avec l’augmentation des températures qui nous est prédite, c’est toute cette assemblée qui va s’y retrouver.
Et pour vous expliquer à quel point vous n’êtes pas dans le pragmatisme, je vais me tourner vers le vrai rapport du développement durable qui est sorti dans la torpeur de l’été. Je remercie d’ailleurs la Métropole de l’avoir commandé à ATMO, une institution sérieuse qui réalise pour nous de nombreux rapports, dans le cadre de la ZFE notamment. Je vous le recommanderai bien à la lecture mais c’est dommage, il ne se trouve pas (ou plus) sur le site de l’agence, bien qu’il soit noté dans l’introduction de ce rapport: “met à disposition les informations issues de ses différentes études et garantit la transparence de l ’information sur le résultat de ses travaux”.
Quel est ce rapport: c’est le bilan de certaines actions majeures du PCAET, sûrement commandé dans le cadre du bilan de mi-parcours du dit PCAET, bilan en train d’être mené.
Que dit-il? Il livre de manière transparente et pertinente l’impact des projets structurants de transport de la Métropole sur les kms parcourus, les émissions de polluants et les GES. Enfin ! Nous le demandions depuis 1 an et nous l’avons !
Il est à lire en détail pour les éluEs qui s’intéressent au développement durable, s’il ré-apparait un jour, mais je vous donne 2 chiffres:
- L’impact de Teleo sur les gaz à effet de serre: 0.3%. Le seul projet présenté comme structurant dans la plaquete marketing et le seul projet livré sur ce mandat, c’est 0.3% de réduction.
- L’impact de la 3ième ligne combiné à la connexion ligne B sur les kms parcourus, les émissions de gaz à effet de serre et sur les polluants. Vous posiez la question Mme Traval Michelet de l’impact potentiellement limité de la 3ième ligne sur la circulation et les bouchons vécus par les habitantes de la Métropole. Et bien le rapport offre la réponse: la baisse, mesdames et messieurs les éluEs qu’on peut attendre des 2 TAE/CLB , en terme de kms parcourus en voiture c’est 2%. oui vous avez bien entendu: 2% de kms parcourus en moins par rapport à un scénario sans 3ième ligne ni connexion ligne B. Pour les gaz à effet de serre, c’est -3% et pas à l’entrée en service, à terme ! Le seul projet aujourd’hui planifié, qui consomme 80% du budget d’investissement transports, déclaré comme LA réponse aux problèmes des mobilités, c’est 3% de gaz à effet de serre.
Tout ça quand l’objectif affiché sur les transports c’est 45% de baisse à 2030. C’est ça l’ambition que vous annoncez M. Briand, c’est ça le pragmatisme M. Moudenc.
Et je pourrai égrener les mauvais signes comme la stagnation irrresponsable des projets de co-voiturage, la ZFE retardée, les projets cyclables qui piétinent, l’argent précieux de notre Métropole détourné pour des projets loin du quotidien comme la LGV, l’absence de politique ambitieuse de rénovation énergétique, le recul annoncé M. Briand du maillage territorial des bus (et oui M. Briand les Lineo progressent mais dans l’étude de soutenabilité V3, vous annoncez noir sur blanc une baisse de la couverture territoriale) alors que vous n’hésitez pas, en toute schyzophrénie, à nous faire signer semaine prochaine une convention pour le numérique durable, le premier bilan extrèmement faible des subventions mises en place.
Bref, vous n’êtes donc pas du tout dans le pragmatisme qui vise à faire fonctionner réellement, à réussir pratiquement. Quand le GIEC nous annonce des canicules à plus de 50° dès 2025-2030, vous êtes dans autre chose et c’est le Larousse qui m’en a donné la définition, M. Moudenc, je cite: le “mécanisme de défense du moi qui consiste à nier une perception traumatisante de la réalité extérieure.” Cette définition est celle du déni de réalité.
Alors vous allez encore me dire que la problématique est mondiale avec votre désormais célèbre phrase “tout le monde a des problèmes de courbe”. Mais rappelons à nos collègues que, si des mesures planétaires sont indispensables, les métropoles, dont celle de Toulouse, doivent absolument agir à leur échelle. En effet, 50% des émissions de Gaz à Effet de Serre dépendent de choix politiques locaux liés notamment aux mobilités, aux choix urbanistiques et de logements.
Le fond et les actions ne sont donc pas au rendez-vous mais le problème du déni est plus profond, M. Moudenc, car dans le bilan que vous préparez pour la fin d’année, vous ne souhaitez surtout pas que la population puisse monter non plus en compétences sur le sujet.
En effet, le processus présenté par M. Chollet rate un enjeu de taille en n’associant que des corps intermédiaires, intéressants par ailleurs, et pas en association la population. Et quand nous disons corps intermédiaires,là encore c’est abusif , car la réalité c’est que côté associations, le comité de pilotage, qui devait se réunir tous les 6 mois, n’a pas été convoqué depuis plus d’un an et demi, malgré les mains tendues des associations qu’on cantonne à un rôle de relais vers les habitants pour vendre les petits gestes.
A propos de bilan encore, je souhaiterais pointer du doigt le peu de considération que vous faites du développement durable à travers deux exemples criants vu en commission ou dans les délibérations de ce jour:
- Le premier, c’est la présentation du bilan des primes environnementales qui nous a été faite en commission et ici encore. Exit les chiffres utilisables comme le nombre de logements rénovés, le nombre de chantiers de panneaux solaires installés, encore moins leur effet réel, nous passons carrément à des présentations en euros dépensés. En publiant des sommes dépensées, vous ne respectez même pas le PCAET qui pourtant définis des indicateurs d’effet sur l’environnement mais passons. Le pompon, je cite M. Chollet: « L’effet levier est de 5 € dépensés pour 1€ mobilisé par Toulouse Métropole”. Voilà la cible : générer du PIB. On pourrait et on devrait avoir un jour dans cette enceinte un vrai débat sur l’adéquation du PIB à la mesure du progrès (je vous renvoie aux travaux de l’économiste jésuite Gaël Giraud ou de la commission Stiglitz commanditée par un ami à vous, M. Sarkozy). J. Carles lui-même reconnaissait en commission Prospective que le PIB n’était pas adapté à l’évolution de notre société, la destruction de l’environnement ou le trafic de drogue étant des éléments positifs pour cet indicateur donc quel étrangeté de le voir surgir comme indicateur de développement durable. Il mentionnait à juste titre la nécessité de construire des indicateurs de réalisation du CRTE qui prennent en compte les inégalités sociales et la précarité grandissantes.
Bref, M Moudenc la cible de vos politiques environnementales sur la Métropole ne peut pas être de générer du chiffre d’affaires pour des concessionnaires automobiles, Tesla, BMW ou Toyota via leurs ventes de voitures électriques.
- Le deuxième point est la présentation de la PPIM dite environnementale en commission. Nous avons eu droit à un magnifique camembert avec la répartition par sujet des subventions. Rien sur la ventilation et impacts des travaux de voirie, transport, urbanisme, culture, social sur le développement durable. Bien loin d’un budget vert, vous restreignez le développement durable à une machine à subventions, dans la même logique que le social ou la culture. Comme l’a énoncé mon collègue, aucun lien entre PCAET et DOB au delà de ce temps de débat commun. Aucune transversalité, aucune contingence entre les principaux leviers d’action et générateurs de projets que sont l’urbanisme et les transports et le développement durable..
Ah si, un espoir peut être, vous proposez d’embaucher, pour appuyer M. Vaillant dont la nomination vient de nous être annoncée, une ressource pour, je cite « «renforcer la coordination et le suivi des dossiers métropolitains relevant de la transition écologique et de l’action de la collectivité en matière de développement durable, un emploi de Délégué ou Déléguée à la Transition Ecologique, en charge, je cite toujours d’adaptation au changement climatique, d’éducation au développement durable et d’évaluation climat dans les budgets locaux (budget vert) »
Enfin une prise de conscience…. Ah, attendez, je relis…. Ah les fameuses petites lignes…. Cet emploi se fera, je cite « dans la limite de 15 % d’un emploi à temps complet ». Mesdames et messieurs les conseillers, je vous le donne en mille, voilà l’investissement dans la transversalité: 5h par semaine pour piloter l’adaptation au changement climatique, travailler sur l’éducation au développement durable et lancer les budgets verts. M. Moudenc, j’ai regardé une dernière fois le Larousse et j’ai trouvé une dernière expression, dont je vous laisserai la charge de vérifier la définition: c’est du foutage de gueule.
Alors nous pourrions rire de tous ces ronds de jambe et efforts marketing que vous nous soumettez régulièrement M Moudenc, mais ce 1er juillet le Conseil d’Etat a confirmé que les objectifs du gouvernement Macron, que vous avez repris sans sourciller, étaient inatteignables en l’état et donc mensongers.
Quand M. le Président allez-vous enfin arrêter de balader cette assemblée et prendre en compte les avis unanimes des scientifiques et des plus hautes autorités de l’Etat ?
Sachez qu’en tous les cas, sur ces sujets, le groupe Alternative Métropole Citoyenne, comme il le fait depuis 1 an, continuera a faire des propositions concrètes vers des PDU, PLUiH et PCAET cohérents, responsables et pragmatiques. Nous en avons M. Briand, ayez le courage de les considérer. Il en va des conditions de vie des générations futures.