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Conseil municipal 26/11 – Liminaire – Maxime Le Texier
Conseil municipal 26/11 – Liminaire – Maxime Le Texier

Conseil municipal 26/11 – Liminaire – Maxime Le Texier

ChèrEs collègue, M. le Maire, 

 

Au chapitre des bonnes nouvelles, effectivement, saluons les libérations de Camilo Castro et Boualem Sansal.

 

Cependant, la situation nationale reste troublée. La France n’est plus gouvernée, la culture verticale de la Vième République qui promeut la compétition et le clivage se heurte aux nouveaux équilibres politiques.

 

Faute de culture collaborative à l’inverse de celle de nos voisins belges et espagnols, dont les derniers montrent actuellement avec brio qu’on peut mener une politique profondément sociale et de préservation de l’emploi, la France s’enfonce dans le chaos provoqué par la Macronie.

 

Les inégalités explosent dans notre ville comme en atteste la dernière étude du Secours Catholique en Haute-Garonne, se loger à Toulouse n’a jamais été aussi difficile, le chômage progresse. Et les colères s’amplifient.

 

Et dans ce contexte, surgit un slogan surprenant. Protéger l’avenir. Oui mais cela a été dit par mon collègue Antoine, l’avenir de qui ? Ou plutôt de quoi ? 

 

Une réponse a été fournie par mégarde par votre premier colistier, qui en lisant son script dans une vidéo sur les réseaux sociaux : « J’ai décidé rejoindre la liste Protégeons l’Avenir de Jean-Luc Moudenc » 

 

Lapsus révélateur et blague à part, quel sens a cette phrase ? Préparer l’avenir oui, protéger les habitantes et habitants oui mais comment protéger ce qui n’existe pas encore ? Peut-être avez-vous hésité avec “Conserver le changement” je ne sais pas…

 

Ce que cache ce slogan bancal c’est comme toujours un manque de colonne vertébrale politique. Vous nous avez en effet offert dans votre conférence de presse de lancement de campagne un patchwork incohérent et peu crédible

 

  • reprise des propositions de la liste Archipel Citoyen sur la mutuelle communale pourtant refusée ici même quand je l’ai reproposée via un vœu en décembre 2021
  • proposition totalement démagogique d’une caméra par rue mais vous allez surement nous exposer son chiffrage aujourd’hui puisque vous comptez bien démarrer en 2026 cetimpressionnant déploiement matériel à l’efficacité pas encore auditée
  • prolongement de Téléo vers Malepère là encore sans chiffrage puisqu’aucune étude n’a été lancée par Tisséo (quid par exemple de faire passer Téléo au-dessus des sites ultra protégés du CNES et d’Airbus). Et sans cohérence aucune puisque c’est la totalité de la ceinture Sud qu’il faut étudier avant de se prononcer. 
  • et le plus drôle : l’onde verte, ou comment faire passer une technique de synchronisation des feux tricolores datant des années 1990 pour une innovation résolvant les problèmes de congestion

 

Un mélange des genres et toujours pas de vision. Ça me rappelle 2020.



Je voudrais revenir à votre programme et à une préoccupation majeure de nos concitoyennes et concitoyens: le narcotrafic. Et je partage votre propos liminaire sur l’importance à accorder à ce fléau

 

Vous avez organisé samedi un rassemblement au Capitole en hommage à Mehdi KESSACI, assassiné le 13 novembre à Marseille, jeune homme qui s’apprêtait à passer le concours pour devenir gardien de la paix.

 

Nous soutenons pleinement cet hommage lancé à l’appel de son frère aîné Amine face à un crime odieux, perpétré pour faire peur à un militant engagé dans les quartiers Nord depuis la mort de son grand frère, Brahim, retrouvé calciné dans une voiture en décembre 2020. Mais j’ai un peu peur des conclusions qui en seront tirées.

 

Car comme le dit Amine Kessaci lui-même, ce crime n’est pas un crime d’avertissement, c’est un crime politique, fait pour faire taire un opposant au trafic de drogue au cœur même du deal et qui propose emploi, politique sociale et santé, notamment mentale, comme remparts au fléau.

 

Je voudrais dans cette enceinte lui donner la parole : 

 

En 2021, il interpelle Emmanuel Macron lors de sa visite : “Ça ne sert à rien de venir avec un plan qui a été fait dans un avion, il faut que ce plan vous le construisiez avec nous les associations, nous les familles de victime car nous avons un vécu et une histoire importante”.

 

En 2023, il parle au journal télévisé “Ce qu’on propose c’est le retour de la police de proximité, ça avait fait ses preuves et il le faut, c’est ouvrir un débat sur la légalisation du cannabis, c’est ré-accompagner les associations de quartier

 

En octobre 2025, je cite un article du journal Reporterre, il écrit dans son livre “Marseille, essuie tes larmes”: “L’explosion du trafic de drogue est ainsi à mettre en regard avec l’effondrement des structures collectives de soin, de solidarité et de sens. On a abandonné les gens à eux-mêmes, et dans ce vide, les drogues s’installent. » Mais encore « Le trafic permet d’éviter la question sociale, il sert de paravent, écrit-il dans son livre. Tant qu’on peut parler de dealers, on n’est pas obligés de parler de chômage. Tant qu’on désigne un ennemi intérieur, on peut esquiver la faillite d’un modèle ».

 

Comme le dit aussi le journaliste Philippe Pujol, prix Albert Londres, dans une tribune du journal Libération de cette semaine, “Le narcotrafic prolifère sur les vulnérables d’une société détraquée. Il est le symptôme, pas le mal”.

 

Je voulais qu’Amine Kessaci soit écouté car quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt.

 

Je voudrais finir par vous dire que dans cette campagne, vous trouverez face à vous une gauche déterminée.

 

Certes pas rassemblée au premier tour mais dont toutes les composantes ont pris l’engagement formel de s’unir au second tour, en responsabilité. Et qui se sont engagées aussi à montrer l’exemple au national et mettre en place une gouvernance partagée de l’exécutif. Vous brandissez dans la presse une menace à la paralysie, avec je vous cite “ une équipe municipale divisée, qui aurait du mal à prendre des décisions et faire des choix clairs”. Nous avons fait un profond travail programmatique commun et nous saurons sortir la ville du retard accumulé et faire de Toulouse une ville qui prépare l’avenir, qui prend soin de ses habitantes et habitants, qui tisse des liens et qui résiste à la montée des conservatismes et de l’extrême droite.

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