Nous regrettons tout d’abord que ce sujet n’ait pas été abordé en commission métropolitaine, la délibération ayant été ajoutée au dernier moment. Aussi nous allons expliciter pour nos collègues de la commission ce qui a été échangé pendant la commission municipale de Toulouse qui elle a eu la chance de pouvoir l’examiner afin que les votes se fassent en conscience de situation.
Disons-le d’emblée, nous accueillons la logistique fluviale avec joie. Avec un tracé très pertinent entre la zone du MIN et la nouvelle zone logistique de grande ampleur que la Métropole a favorisé autour du port de Lalande et des sites de desserte nombreux sur la ville.
Ce qui nous interroge c’est l’agenda politique qui est derrière et la conviction réelle ou pas de porter ce sujet de manière forte.
En effet en 2021 au forum Zero Carbone le directeur territorial Sud-ouest de Voies navigables de France VNF présentait cette idée et un potentiel logistique alléchant de 250 000 tonnes de matériel de transition entre interne et externe de Toulouse soit 10 000 camions évités dans Toulouse, sous les houra de la foule. Et VNF de lancer un AMI le 23 juillet 2021 sur le sujet, suite à l’expérimentation positive faite en mars 2020 de transport par barge d’une entreprise de BTP avec une mise à disposition des quais et du canal en 2022 ou 2023
Que s’est-il passé depuis ? Et bien c’est le souci. Nous sommes passés de l’AMI de juillet 2021 à un AAP au périmètre quasi identique en mai 2022 pour finir à ce que vous nous proposez ici à savoir un appel à projet identique à l’AAP en juin 2024. En commission Prospective et Contractualisation en mars 2022, Jacques Roger-Machart, directeur de recherche au CNRS et ancien maire de Castelginest s’en désolait même, pointant cette méthode de décarbonation comme un enjeu phare
Trois ans donc se sont écoulés et un contenu quasi identique, mis à part des précisions sur les règlements de navigation. On nous a alors expliqué en commission que le nouvel appel à projet, parfaitement identique au précédent était lié au fait qu’aucun répondant ne se soit présenté et que la différence aujourd’hui c’est que le copier/coller arbore le logo de la ville de Toulouse et de la Métropole.
Mais croit-on qu’un logo changera quoi que ce soit?
Et surtout ce qui pose un réel problème c’est qu’il n’y a toujours aucune ambition, aucun objectif de tonnage ni de temps de transport dans cet appel à projets ni aucune exigence avec la chaine aval de logistique cyclable. Comment est-ce possible de lancer un appel à projet de transport sans objectif ? Comme si on lançait un appel à projet pour un tram ou un Linéo en disant : proposez-nous une fréquence journalière à votre guise et on jugera.
En commission municipale on nous a gentiment renvoyé sur le barème du jury à savoir que la qualité technique du dossier serait évaluée sur 60 points. Je veux bien mais comment évaluer une réponse technique quand aucun objectif n’est donné ? Que faire si tous les répondants nous proposent un simple transit hebdomadaire pour démarrer tranquille?
Il faut être clairs: si le marché n’est pas intéressé par mettre en place une solution ambitieuse et véritablement contributrice à la décarbonation de nos derniers kilomètres alors nous devons éventuellement porter nous-même ce projet ou annoncer clairement que nous ne trouvons pas.
Mais reproduire le même cahier des charges pour la 3ième fois en 3 ans, avec le premier test fait il y a 4 ans, sans ambition, sans objectif, ça ne peut avoir qu’une explication possible : occuper le terrain.
De là à y voir une nième opération de communication verte, lancée en 2021 avec le discours vendeur du forum Zero Carbone, évènement phare du marketing moudencien, il n’y a qu’un pas. Que nous franchissons.