Cette délibération détaille les actions proposées par notre assemblée qui seront soutenues par l’Etat, dans le cadre du nouveau plan Solidarités et qui concernent notamment le soutien aux familles précaires, des mesures pour lever les freins à l’emploi ou accompagner les bénéficiaires du RSA.
Le Plan solidarités, présenté en septembre dernier par la 1ère Ministre pour lutter contre la pauvreté, s’inscrit dans la continuité de la précédente « Stratégie pauvreté », mise en œuvre durant le 1er mandat d’E. Macron et achevée en 2022.
Cette Stratégie avait également fait l’objet d’une contractualisation avec Toulouse Métropole. Il serait d’ailleurs intéressant d’avoir un bilan détaillé des mesures qui avaient pu être mises en place.
Les deux objectifs de ce nouveau plan sont a priori intéressants : il s’agit de « corriger les inégalités structurelles » et de « répondre à l’urgence ».
Et cela tombe bien parce que l’urgence est en effet là : en France, depuis plus de 30 ans, la pauvreté ne baisse plus. Et ce, pour plusieurs raisons : la fragilisation liée au chômage et le fait que, depuis des décennies, le travail a cessé de jouer un rôle protecteur contre la pauvreté, comme en atteste l’augmentation du nombre de travailleurs pauvres.
Mais, d’autres facteurs expliquent la pauvreté, l’augmentation des coûts liés au logement, celle du nombre de familles monoparentales, les questions de santé, les écarts de salaires entre hommes et femmes qui font que la proportion de femmes pauvres est supérieure à celle des hommes, etc.
Mais surtout, la pauvreté devient un destin dont il est de plus en plus difficile de sortir.
Et la situation s’est aggravée ces dernières années. Avec la crise du Covid, qui avait fait basculer dans la pauvreté les personnes qui étaient en situation déjà précaire, voire des ménages insérés mais fragilisés. La politique du quoi qu’il en coûte avait limité l’ampleur du phénomène sans le freiner complètement.
La pauvreté reprend même de la vigueur ces derniers mois avec une inflation qui touche d’abord les plus fragiles. Non seulement, le nombre de pauvres est en hausse, mais en outre, la pauvreté s’intensifie, c’est-à-dire que les pauvres sont de plus en plus pauvres. L’appel il y a quelques semaines des Restos du cœur et le contenu du rapport de la Fondation Abbé Pierre l’ont bien rappelé. A l’échelle nationale, 14,5% de la population vit sous le seuil de pauvreté.
Sur le territoire de Toulouse Métropole, selon l’AUAT qui a produit un document en octobre dernier, le taux de pauvreté s’élève à 16 %.
D’après l’INSEE, sur notre territoire, ce sont surtout les difficultés liées à la situation familiale et au logement qui caractérisent la pauvreté. Entre 2015 et aujourd’hui, les loyers ont augmenté de 19%, et la demande de logement social de 31%.
Bref, après ce détour pour rappeler un peu le contexte, revenons au Plan qui nous est proposé.
Nous partageons les inquiétudes exprimées par les grandes fédérations et associations de lutte contre l’exclusion, le collectif Alerte notamment, pour qui ce plan n’est pas à la hauteur des enjeux, et manque de mesures structurelles pour réduire durablement la pauvreté. Selon elles, il s’agit davantage d’un plan de gestion de la pauvreté que de lutte contre celle-ci.
Mais surtout, il est insupportable de voir la duplicité du gouvernement sur ce sujet :
- D’un côté, il lance, à grand coup de com, des grands plans de lutte contre la pauvreté
- Tandis que, de l’autre, il prend des mesures qui accroissent les difficultés pour les ménages :
- Depuis des années le gouvernement détricote méthodiquement le filet de sécurité de notre modèle social, assurance chômage (jamais les demandeurs d’emploi n’auront connu une telle avalanche de réformes punitives que pendant les deux quinquennats d’E. Macron), mais aussi doublement de la franchise pour les soins médicaux, réduction des moyens pour construire des logements sociaux.
- En outre, il refuse d’augmenter le SMIC et donc les salaires.
- Il renonce à l’encadrement des loyers.
- Etc.
Le tout teinté d’une vision moralisatrice, chargeant les pauvres de la responsabilité de leur situation voire du déficit de la France, nourrissant la division au sein de la société.
Cela, pour éviter de regarder en face la défaillance de l’accompagnement de la part des collectivités publiques, défaillance pourtant pointée par la Cour des comptes.
Et les effets de ces contradictions, de cette incohérence sont délétères puisque c’est bien le désespoir, le fait d’opposer les catégories les unes aux autres, de stigmatiser les plus faibles, qui amène au vote pour l’extrême droite.
Nous voterons cette délibération, parce qu’évidemment, ces actions sont utiles, mais nous tenions à dire que nous regrettons que le manque de vision globale du gouvernement, et parfois dans cette enceinte également, amène à prendre par ailleurs des décisions qui, elles, auront pour effet d’aggraver la pauvreté.