Maxime LE TEXIER
C’est l’histoire d’une casse, celle injuste et injustifiée des services publics.
Et c’est l’histoire d’un casse, celui du budget de notre collectivité avec une manipulation cynique et délibérée des annonces gouvernementales
Revenons sur ce drame en 3 actes :
Acte 1 : le coup de massue. 28 novembre 2024, vote du budget primitif, c’est-à-dire la promesse faite aux toulousaines et toulousains, au tissu associatif mais aussi aux agentEs, des budgets qui leur sont alloués en 2025. Et vous utilisez les chiffres prévisionnels du gouvernement Barnier pour faire une déclaration catastrophiste de baisse des recettes de 23,05 millions d’euros avec de facto sans concertation aucune les mesures suivantes : nos agents d’abord, gel des recrutements, non renouvellement des CDDs puis vers la société civile des baisses de dotation de 20% pour les assos sportives, 40% pour la culture, le socio culturel, l’éducation à l’environnement, la promotion des transports, et j’en passe. Jusque -63% pour les centres socio-culturels. Vous faites miroiter que le complément pourrait être versé peut-être en juin 2025 si jamais vos amis du gouvernement annonçait des coupes moins violentes en février.
Acte 2 : noyer le poisson. Le gouvernement Barnier tombé, vos chiffres deviennent faux et, début février 2025, la méthode de calcul de la ponction Bayrou tombe. Nous faisons les calculs comme des milliers d’éluEs communaux : la baisse devrait être autour de 5 millions soit presque 5 fois moins. Le 19 février, nous vous écrivons, M Moudenc, pour demander un budget rectificatif, conscient du travail généré pour les agents et conscients que la vie de centaines d’agents en CDD et de travailleuses et travailleurs associatifs est suspendue à votre décision. Aucune réponse. Le 11 mars, en amont de la commission des finances, nous ré-écrivons à M. Briand en demandant que ce sujet soit abordé en commission. Réponse : non, on verra plus tard.
Le 17 mars je vous demande, les yeux dans les yeux, M. Briand : avez-vous connaissance des méthodes de calcul du gouvernement ? Et vous me dites “oui”. Oui, vous savez et vous apportez de nouveaux chiffres, rajoutant à la confusion ambiante.
Passons sur l’amateurisme et le flou qui se dégagent sur les chiffres depuis février. La baisse sera donc entre 6 et 8M, plus rien à voir avec les 23M annoncés.
Qui peut croire, M. Moudenc, alors que vous cumulez avec vos postes de maire et président un poste de Contrôleur Général Économique et Financier à Bercy (certes apparemment de nuit), qui peut croire que vous ne connaissez pas les chiffres ? Qui peut croire que vous ne pouviez corriger le tir dès notre alerte de février comme la ville de Lyon l’a fait, cette semaine, en votant un budget rectificatif ?
Et comment osez-vous tranquillement dans ce conseil faire voter sans sourciller, sans aucune réduction budgétaire, 480 000 euros d’embellissement de façade des immeubles du centre-ville ?
Passons à l’acte III : les fausses excuses. Juin 2025, vous arriverez devant nous, MM. Moudenc et Briand, avec un regard faussement étonné. Incroyable : la ponction étatique est beaucoup plus faible ! Mais il sera trop tard messieurs. Vous savez qu’il faut plusieurs semaines voire plusieurs mois pour rouvrir des services municipaux ou associatifs. Le mal sera fait. Le début 2025 aura été un carnage social, la fin d’année 2025 sera une disette sportive, culturelle et sociale quand les ravalements de façade commenceront, eux.
Vous êtes véritablement en train de faire un plan social à l’échelle de Toulouse. Un plan social injuste et injustifié.
Je voudrais finir en élargissant la focale : le budget est un acte politique. Il est fondamental tout comme il est difficile à comprendre. Je souhaiterais à ce sujet non plus parler de ces derniers mois, mais de vos 10 ans de mandat pour bien montrer que vous êtes dans une continuité d’austérité.
Cela fait 10 ans que l’austérité pèse sur les agentEs, cela fait 10 ans qu’elle est leur quotidien avec dès juin 2015 votre annonce : 2 départs à la retraite sur 3 non remplacés.
Cela fait 10 ans que l’austérité pèse sur le tissu associatif avec votre annonce du précédent mandat de baisser les subventions aux associations de 25%.
Cela fait 10 ans qu’il y a des hausses d’impôts, contrairement au discours que vous allez encore tenir aujourd’hui, 10 ans que les toulousaines et toulousains subissent la hausse des impôts de 15% que vous avez décidée en 2015, 10 ans de hausse des tarifs des prestations municipales.
Cela fait 10 ans que vous prétendez gérer la dette de Toulouse en bon père de famille mais que vous avez fait exploser celle de la Métropole et de Tisséo, dans des proportions bien pires, je tiens les courbes à disposition des journalistes, que celles de l’État dont vous avez pourtant pointé du doigt l’inaction dans ce secteur à toutes les cérémonies de vœux.
L’exercice que je viens de faire porte un nom : c’est faire participer les citoyennes et citoyens au budget plutôt que faire des budgets participatifs anecdotiques.
J’en appelle donc à tous les maires de quartier : assumez vos choix, organisez des réunions publiques partout dans la ville pour aller au-devant des habitantes et habitants. Le courage politique, c’est celui de la transparence sur les choix budgétaires. Alors assumez et épargnez-leur le discours de défausse sur l’État.
Vous pouviez, vous deviez faire autrement pour notre ville. Vous avez choisi. Dans le fond, vous assumez bien votre slogan : Aimer Toulouse et ses façades. Nous, nous aimons les toulousaines, les toulousains et leurs vies.
Agathe ROBY
Monsieur le Maire chers collègues
10 ans c’est long et alors que nous sommes à un an des élections municipales il est temps de faire le bilan des conséquences de vos choix austéritaires. 10 ans de Toulouse + chère, + austère, + embouteillée, un bilan qui je l’espère sera le dernier et qui permettra à Toulouse de tourner la page de 10 ans de clientélisme et de gestion brutale et antidémocratique de notre ville.
Monsieur Moudenc, vous vous posez en défenseur des services publics et de nos agents mais la réalité est tout autre, en témoigne la mobilisation qui a lieu en ce moment même à côté du Capitole, pour dénoncer votre politique, voici une liste non exhaustive:
On commence par les écoles: 200 postes d’ATSEM en moins et des arrêts maladies à répétition qui sont la conséquence d’un manque de reconnaissance de la pénibilité de leur travail, la baisse du nombre d’animateurs et d’animatrices qui nuit à la qualité du temps périscolaire, et dernière en date, votre position à l’eau tiède sur les fermetures de classe, 60 rien qu’à Toulouse. Vous n’avez pas voté contre la carte scolaire au CDEN, ce qui aurait permis d’avoir un avis négatif unanime. Ces fermetures de classe sont aussi le résultat de votre politique d’exclusion des foyers. modestes et à revenu modéré de la ville qui ne peuvent plus se loger à Toulouse, faute d’encadrement des loyers et d’une réelle politique de mixité sociale.
On continue avec les bibliothèques :
non renouvellement de nombreux CDD et gel des embauches qui entraînent de nombreuses fermetures faute de personnel suffisant: 653h de fermeture non prévues en 3 mois, les bibliothèques fermées entre midi et deux, voila le résultat de votre politique de casse de nos services publics. Par cette politique c’est l’accès à la lecture, la musique et la culture que vous entravez mais je vais y revenir.
Sport : des MNS en grève de manière régulière depuis le début de votre mandat, faute de moyens suffisants. Un manque de personnel qui a un impact sur l’apprentissage de la nage et sur l’ouverture des piscines. Un plan piscine sous doté et des tarifs sociaux supprimés mais ce n’est pas grave on a Léon Marchand, c’est l’essentiel pour la comm”.
Vous dites à qui veut bien l’entendre que les impôts n’ont pas augmenté mais l’accès aux services eux sont de plus en plus chers, notamment des transports, mais tout va bien on peut maintenant payer nos tickets de bus en cryptomonnaie, encore faut il qu’ils passent, tant vous dégradez l’offre de transport en commun.
Le constat ne s’arrête pas là. Vous avez décidé d’imposer votre cure austéritaire au tissu associatif avec des baisses imposées basées sur du vent puisque vous avez gonflé les économies à faire. Sacrément gonflé par ailleurs quand on voit que les coupes ne s’appliquent pas partout et que vous n’avez aucun problème à financer le GIFAS à hauteur de 50000e le fond congrès à 80 000 e et la jonction Est dans laquelle vous vous obstinez et qui va coûter des dizaines de millions d’euro. Vous dites que nous ne proposons pas de solutions, en voici 3 qui permettraient de faire des économies. Mais ce n’est pas là que vous avez décidé de taper.
Vous avez fait le choix de baisser les subventions et les dotations des secteurs qui en ont le plus besoin : la culture, le socioculturel et la santé.
Monsieur Moudenc, il faut dire que vous avez un sacré culot, alors que les acteurs culturels se mobilisent pour survivre vous avez osé en même temps que vous avez gelé 40% de leur subventions consacrer le journal de propagande TIM à la culture avec un dossier intitulé, l’art pour tous (et pas toutes visiblement mais l’inclusivité ce n’est pas votre genre).
Sacrément culotté quand les théâtres expliquent que sans subventions le prix des places passerait d’une quinzaine d’euros à 70, quand le tarif des musées augmente de 30%, quand vous baissez tout azimut les aides aux associations culturelles qui font vivre la culture sur notre territoire. Mais l’Opéra Urbain a été un succès, circulez il n’y a rien à voir. Vous osez titrer “cultiver l’avenir” et “protéger le passé” alors que vous vendez notre patrimoine historique aux promoteurs immobiliers et que vous supprimez les aides à la recherche et à la communauté universitaire via le gel du CPER.
Vous osez parler de villes des musiques et d’art pour tous alors qu’en même temps, au conseil d’administration de l’isdat vous proposez des non renouvellement de poste et la hausse des frais d’inscription. Une baisse de l’offre avec une augmentation du prix pour les étudiant.es. Vous osez parler d’art pour tous alors que vous sacrifiez l’école dont vous êtes la principale tutelle.
Pour la culture votre discours est clair: la qualité ça se paie, la preuve que pour vous la culture est réservée à celles et ceux qui peuvent se le permettre, pour les autres c’est métro boulot dodo.
A quelle sauce les associations vont-elles faire les frais de votre politique d’austérité? Mystère, mais votre politique du cas par cas sans méthodologie claire montre que vous cultivez le fait du prince, les associations seront financées si elles sont dociles et ne font pas de vague, sinon, c’est l’expulsion ou la suppression de subventions comme on l’a constaté à de nombreuses reprises: LDH, Mix art Myris, Reynerie Miroir, toutes celles et ceux qui pourraient exprimer la moindre critique sont sanctionnées, une politique anti démocratique dans laquelle vous vous engouffrez sans doute dans l’optique de rafler des voix à l’extrême droite qui vous menace.
Et plutôt que vous poser en républicain monsieur le Maire, vous préférez jouer la complaisance face aux groupes d’extrême droite de Nemesis que vous aidez à tenir une réunion ou à l’Uni que vous accueillez régulièrement dans nos lieux, le collectif Palestine vaincra lui n’a plus accès aux salles municipales, car il dénonce un génocide en cours et s’oppose au gouvernement d’extrême droite de Netanyaou que vous avez quand même qualifié de garde éclairée de l’Occident au Moyen Orient.
La couleur est affichée, vous faites le choix d’un glissement dangereux à l’heure où le facisme s’installe partout. Mais c’est oublier que les Toulousaines et les Toulousains, par leur histoire, par leur cosmopolitisme, par la présence de nombreux réfugiés espagnols qui ont fuit le facisme ne goûtent pas de ce pain là, vous aurez beau stigmatiser la gauche en nous faisant passer pour des extrémistes écolo terroriste, personne n’est dupe. La casse sociale, l’exclusion, la politique réactionnaire, c’est vous, et il est temps que cela change.