Monsieur le Maire, chers collègues
Les années passent et les rapports se ressemblent, même sémantique, même rhétorique, des déclarations, des formulations, un ensemble d’actions juxtaposées sans articulation entre elles.
Bref, aucun réel diagnostic, aucune analyse. Je suis certain que le rapport 2023 sera le même que le précédent.
Dans ce rapport, vous dites vous-même dans un petit passage, que le taux de pauvreté a progressé dans 12 quartiers sur 16, avec des rythmes plus élevés qu’à l’échelle de la métropole conduisant donc à des écarts sociaux entre les territoires.
Le taux de pauvreté était de 16% en 2019 contre 15 en 2014, alors qu’au Grand Mirail il était de 49% en 2019.
Pour rappel, un tiers des habitants vit en-dessous du seuil de pauvreté contre 10% ailleurs. Le revenu fiscal des ménages est deux fois moins élevé qu’ailleurs, 12 615€ contre 22 532.
Les logements locatifs sociaux de la Métropole représentaient 27% dans nos quartiers en 2020 contre 37% en 2014, donc il y a bien 10% de moins de logements sociaux alors que 42 000 demandes de logements sociaux sont en attente. Les logements détruits font partie d’un bâti de grande qualité, ils étaient spacieux, lumineux et sans vis-à-vis, etc. Tout ceci pour renvoyer les habitants dans des logements plus petits et plus chers et qui plus est dans un contexte d’inflation.
Dans un chapitre intitulé « modalités de mise en œuvre du relogement » vous avancez des chiffres et des pourcentages sans répondre à la question que nous vous posons depuis deux ans concernant les typologies, les prix des loyers, les surfaces, les charges de ces nouveaux appartements.
Trois enjeux sont absents, comme par hasard, dans ce rapport :
- La crise du logement
- La dérèglementation climatique
- La question démocratique
Je ne vous apprends rien si je vous dis que la réhabilitation de ces immeubles représente deux fois moins d’émission de CO2 en comparaison à la démolition et reconstruction.
L’objectif de zéro artificialisation nette ne pourra pas être respecté dans le cadre de cette politique.
Sachant que Monsieur Cognard va me répondre par sa formule magique « mixité sociale », formule qui devient chez lui une obsession et une forme d’hallucination, permettez-moi de vous dire déjà qu’il est difficile de comprendre ce concept flou appliqué aux seuls quartiers populaires. En fait, derrière cette volonté effrénée de mixité sociale se pose la question d’une gentrification organisée puisque la plupart des communes ne respectent pas les 25% de logements sociaux prescrits par la loi SRU.
Il est temps mesdames et messieurs de repenser la politique urbaine en terme de justice sociale, territoriale, environnementale et démocratique.