Monsieur le Maire, Mesdames, Messieurs, chers collègues,
Vous nous demandez de soutenir la mise à disposition gracieuse des salles du Musée du Capitole pour la tenue d’une réception privée le 18 octobre prochain. Le coût de la location des trois salons du Capitole aurait dû être de 18 000€ plus une caution de 10 000€. Et pour pouvoir louer à la famille, vous nous avez fait voter la précédente délibération qui étend la possibilité de louer aux personnes physiques ces salles jusque-là réservées aux personnes morales.
L’ambiguïté de la rédaction de cette délibération laisse d’ailleurs un doute : la mise à disposition gracieuse sera-t-elle faite à la famille ou à la fondation, personne morale ? Et si c’est la famille, qu’est-ce qui justifie cela ? Sachant que le financement des travaux du musée relevait bien de la fondation et non de la ville, d’autant que c’est la fondation et non pas la ville qui encaisse les recettes et les subventions du musée. Pourtant lors de l’agrandissement de la fondation en 2001, la ville de Toulouse a financé des travaux à hauteur de 17 millions d’euros, comme le rapporte l’INA. Et selon un compte-rendu du conseil d’administration de décembre 2021, la ville a de nouveau participé à la rénovation entre 2020 et 2024 pour un budget de 500 000€ TTC.
Cette délibération pose donc la question de la justification d’un tel cadeau à une famille de particuliers. Et interroge sur les apports des descendants de Georges Bemberg à la ville de Toulouse et à ses habitants ? Pour rappel, le musée de la Fondation Bemberg a ouvert en 1995 après que Georges Bemberg, riche collectionneur, ait décidé, dans les années 80, faute d’hériter direct, de créer une fondation à son nom afin de présenter sa collection d’œuvres d’art au public. Un accord a été passé avec la ville qui a mis à disposition de la nouvelle fondation Bemberg avec un bail emphytéotique une partie de l’hôtel d’Assézat. Aujourd’hui, Georges Bemberg est décédé.
Pendant longtemps, ce musée a mené des actions de médiation culturelle auprès des publics scolaires participant à l’enrichissement culturel des Toulousains. Et il a été le premier à avoir un service éducatif de musée sur Toulouse et à proposer un atelier d’art plastique associé à la visite.
Mais, en 2020, sur 18 employés, la Fondation a imposé des ruptures conventionnelles collectives pour 17 d’entre eux dont 7 ont signé une clause de réembauche à la réouverture du musée. Un est allé aux Prudhommes. En signant cette clause, les 7 employées (5 conférenciers et 2 gardiens) ont renoncé à percevoir la totalité de leurs indemnités. Certains salariés étaient présents depuis près de 30 ans. Puis une nouvelle direction est arrivée à l’été 2022. Le musée a rouvert en février dernier au bout de 3 ans de travaux et non un comme prévu initialement, et, malgré les engagements pris par la fondation Bemberg, pas de réembauches ni de sollicitations dans ce sens avant la réouverture.
Il a été proposé aux gardiens de se faire embaucher par une société prestataire de sécurité. Auparavant, tous les employés étaient salariés de la Fondation en CDI et pouvaient constituer le cas échéant un “groupe” susceptible de faire entendre sa voix par l’intermédiaire d’un délégué du personnel. Conservées lors de la première vague de départs en 2020, les 2 cadres responsables du Service Educatif depuis 28 ans ont été licenciées pour inaptitude suite à un management qualifié de toxique. Elles sont en burn-out et n’ont guère de possibilité de rebondir compte-tenu de leur âge.
En ce qui concerne la nouvelle politique de la fondation, nous assistons à un virage à 180 avec l’abandon des activités éducatives au profit d’une vision élitiste de la culture, qui va éloigner la majorité des toulousains d’un musée dont le tarif de 14€ est prohibitif pour la majorité d’entre eux.
Il est important de noter que la mairie de Toulouse a des représentants au sein du conseil d’administration de la fondation, et que ces représentants ont visiblement laissé prendre ce virage élitiste sur le dos de salariés dévoués depuis des dizaines d’années à ce musée et à cette fondation. Nous attendons toujours la communication des PV du conseil d’administration pour connaitre le rôle joué par les élus mairie dans la gouvernance. Et plutôt que de soutenir les salariés, la mairie propose de récompenser la famille Bemberg et sa fondation en leur faisant un cadeau de plusieurs dizaines de milliers d’euros.
Plutôt que de soutenir les Toulousains les plus défavorisés, la droite toulousaine continue ses cadeaux aux plus favorisés.
D’ailleurs, pour la petite histoire, j’étais hier avec le comité de quartier et les habitants de Papus pour inaugurer la rampe d’accès qu’ils ont financée pour permettre à la femme de Karim Badaoui, dirigeant du club de foot local qui a fait un AVC l’an dernier et qui est maintenant en fauteuil roulant, de ne pas se casser le dos à monter le fauteuil sur trois marches pour accéder à leur logement parce que Toulouse Métropole Habitat, présidé par Bertrand Serp et la mairie de Toulouse, refusent de rendre accessible le logement au rez-de-chaussée de Papus qu’ils occupent. Le pire, c’est que ça ne coûterait rien à Toulouse Métropole Habitat puisque, s’agissant d’un bâtiment de plus de 15 ans, le bailleur bénéficie d’une exonération de taxe foncière qui lui permet de financer les travaux.
En gros, plus de 18 000€ de cadeaux pour une famille richissime et pour les Toulousains, le mépris de la droite toulousaine.