Monsieur le Maire,
Madame l’adjointe au Maire, chers collègues,
Merci pour cette
présentation.
Nous tenons d’abord
à saluer la qualité de ce document et, au-delà, l’implication réelle des
nombreux agents qui œuvrent dans la collectivité pour faire avancer cet enjeu
clé qui consiste à viser l’égalité entre les femmes et les hommes, à travers
les politiques que la collectivité met en place et dans les relations de
travail au sein de la collectivité.
J’invite tous mes
collègues à lire avec attention ce document, parce qu’il permet de lire les
actions que l’on peut mettre en place à travers ce prisme de l’égalité
femmes-hommes, et que c’est aussi cela qui participe du changement culturel
nécessaire. Bon, évidemment, ce document s’attarde davantage sur les réussites
que sur ce qui fonctionne moins bien, mais tout de même, c’est un bon début.
Notre propos sur ce
rapport tiendra plus du commentaire un peu décalé que de l’analyse de son
contenu. Parce qu’il nous semble nécessaire d’illustrer en quoi c’est bien un
changement culturel global qui est nécessaire, si nous voulons vraiment avancer
sur cette question.
Lors du précédent
Conseil Métropolitain, nous avions essayé, à l’occasion d’une délibération qui
concernait Tisseo, de mettre en lumière ce qui, dans ce qui fait notre époque,
contribue à légitimer ou en tout cas à invisibiliser l’infériorisation persistante
des femmes par rapport hommes. Et à faire porter aux femmes la responsabilité
de cela.
Ces mécanismes, ce
sont des manières de penser, des comportements, des croyances, des discours,
propres à notre époque. Ces mécanismes s’inscrivent dans une culture, qui est
ancrée chez les hommes, même inconsciemment, mais aussi chez les femmes, chez
nous toutes ici, chez moi.
Le procès de Mazan,
qui s’achève ces jours-ci, est une illustration paradigmatique de cette
culture, ou, pour le dire plus simplement, un miroir grossissant de la violence
masculine « ordinaire ». Au-delà du sordide, du caractère exceptionnel de ce «
fait divers », ce procès nous aide à ouvrir les yeux sur les effets délétères
de cette culture.
Lors de la
présentation du documentaire réalisé par le collectif Cassons les injonctions à
propos de la campagne contre les VSS de Tisseo, dont je parlais il y a un
instant, les organisatrices ont proposé au public présent un temps de réflexion
en petits groupes, pour essayer d’identifier ce qui, dans nos réactions, dans
nos manières de nous comporter, participe parfois de cette culture qui,
appliquée au thème spécifique que sont les violences sexistes et sexuelles, est
appelée « la culture du viol ». C’est-à-dire tout ce qui, dans nos
fonctionnements tend à tolérer, banaliser et parfois même à excuser ces
violences.
Il nous parait
particulièrement riche d’adopter cette démarche, qui de chercher ce qui en soi participe, à
notre corps défendant parfois, à entretenir des clichés et donc des
dominations. Parce que la prise de conscience de notre propre responsabilité
est une condition nécessaire pour aller vers un changement.
La campagne
d’affichage à visée interne qui est présentée dans ce rapport, intitulée «
comment reconnaitre et faire face au sexisme au travail » est à cet égard
intéressante. Parce qu’elle apporte à toutes et tous une lecture différente de
comportements que l’on peut avoir tendance à considérer comme anodins.
Ce que l’on vise
est bien un changement culturel majeur : ce n’est pas un objectif simple à
atteindre, le chemin sera long, mais il est indispensable. Si les actions que
l’on met en place n’ont pas pour ambition de transformer les normes sociales et
culturelles, par la sensibilisation, l’éducation, on continuera indéfiniment à
se cogner à un plafond de verre.
Pour terminer, et
étant donné que le fil rouge de ce Conseil concerne les impacts des décisions
que vous avez prises pour faire face aux annonces du gouvernement, il nous
semble particulièrement important de rappeler ici que parmi les salariés qui
travaillent dans le monde associatif, les femmes sont surreprésentées,
puisqu’elles représentent 69% du total de l’emploi associatif. Par vos
décisions donc, vous allez contribuer à dégrader les conditions de travail de
nombreuses femmes, et donc, indirectement, à faire reculer cet objectif d’aller
vers plus d’égalité.
Cela signifie que
les mesures que vous vous proposez de mettre en place et de commencer à faire
voter aujourd’hui, et en particulier la baisse drastique des subventions
attribuées au secteur associatif, auront pour conséquence de toucher davantage
les femmes.