Le rapport social unique est un document qui fournit des données uniquement statistiques sur les agents de la collectivité. 1ère remarque que l’on peut faire : il manque des éléments d’analyse qui seraient pourtant utiles. Il nous semble qu’à l’avenir, il serait pertinent de se donner les moyens de tirer des enseignements sur ce que disent les chiffres, pour améliorer réellement la politique de gestion des ressources humaines.
En attendant, pour avoir ces éléments d’analyse, il faut se référer à d’autres documents, comme le rapport Prévaly par exemple. Celui-ci donne quelques détails supplémentaires, notamment sur les alertes faites par les médecins du travail concernant les risques psycho-sociaux : impacts liés aux changements d’organisations de travail, en particulier aux réorganisations liées à Proxima, charges de travail accrues, conflits interpersonnels, notamment dans le cadre de relations hiérarchiques, etc.
Autre remarque préalable, sur ce qui rend difficilement exploitable ce document : il semble qu’il y ait des contradictions dans les chiffres puisque page 2 on lit qu’il y a 4819 agents mais ils seraient 5262 si on en croit la page 4.
Mais bon, malgré ces imperfections, nous voudrions évoquer deux points :
1er sujet : les départs : le document indique 1215 départs de la collectivité (contre 500 l’année dernière). Si on ajoute ceux de la ville de Toulouse, plus de 1200 également, on peut commencer à s’interroger sur un problème de fuite des agents de notre collectivité, qui sont certainement à mettre en regard avec la brutalisation absolue qu’a constitué la mise en place de Proxima.
2ème sujet, nous souhaitons faire le lien entre ce document et les mesures d’austérité que vous avez annoncées, Monsieur le Président.
De nouvelles mesures d’austérité, devrait-on dire, puisque cela fait 10 ans que vous dégradez, régulièrement, les conditions faites aux agents.
Celles-ci sont, rappelons-le : gel des embauches, non renouvellement des contrats CDD, non remplacements des départs à la retraite alors qu’ils représentent plus de 250 personnes en 2023 (soit 5% de la masse salariale tout de même), gel des mobilités internes, etc.
Ces mesures ont été prises de manière unilatérale et précipitée, au lieu de s’appuyer sur le dialogue social, de faire confiance à l’intelligence collective des agents eux-mêmes pour trouver des solutions.
A propos du non renouvellement des CDD donc : si on en croit ce document, on apprend qu’il y a actuellement 900 contractuels dans la collectivité, dont 531 non permanents. Donc notre question : est-ce que ces 531 agents vont quitter la collectivité dans les prochains mois ?
En tout cas, ce que l’on sait déjà, c’est qu’il y a ces dernières semaines des entretiens pour informer des agents en CDD de la non reconduction de leur contrat, sur consigne de la direction des RH. Et ce dans des services que sont structurellement construits sur un modèle dans lequel les contractuels sont nombreux (par exemple dans la collecte des déchets ou dans les bibliothèques et médiathèques). Cela va avoir pour conséquence d’accroitre la charge de travail des agents qui resteront en poste.
D’autant plus que l’on sait qu’il y a des retards dans les recrutements qui devaient intervenir en lien avec Proxima, et donc que la charge de travail, dans certains services, était déjà excessive et source de souffrance et de mal-être au travail.
Par conséquent, ces mesures, dans ce contexte, vont nécessairement aboutir à une nouvelle dégradation des conditions de travail des agents, mais aussi, par ricochet, à une dégradation de la qualité du service public rendu aux habitants.
Caroline Honvault