Monsieur le président, Chers collègues,
Comme les années précédentes, il s’agit d’un document très documenté, argumenté, illustré. Et nous saluons donc l’important travail réalisé par les agents de la collectivité et la conduite de ces chantiers par Mme Escudier.
Il s’agit du dernier rapport égalité femmes hommes de la mandature.
Par curiosité, je suis allée voir le 1er rapport de la mandature, me disant qu’il pourrait être utile de faire un bilan des avancées en matière d’égalité femmes-hommes, en particulier pour ce qui concerne le chapitre consacré à ce qui est fait en interne de la collectivité.
Malheureusement, les comparaisons sont compliquées, la forme ayant pas mal changé, mais ce que l’on peut constater surtout, c’est que de nombreuses informations qui figuraient explicitement dans le rapport présenté en 2020 n’apparaissent plus dans celui de cette année. Ainsi, si en 2020, les écarts de salaire entre hommes et femmes ou encore le déséquilibre en termes de parité des instances de gouvernance étaient indiqués très clairement. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Dans les faits, ces inégalités demeurent quasi-inchangées.
C’est une méthode de casser le thermomètre quand on ne veut pas connaitre la température, mais cela ne nous semble pas la plus pertinente.
Une 2eme idée m’est venue pour essayer d’apporter de nouveaux éclairages à l’occasion de cette prise de parole, aller relire le rapport du CODEV sur l’égalité femmes-hommes dans l’espace public. Étant, à titre personnel, attachée aux travaux des assemblées consultatives, cela pouvait être l’occasion de mettre en lumière des préconisations particulièrement pertinentes issues de travaux menés par des citoyens engagés.
C’est alors que j’ai découvert, sur le site du CODEV, que vous aviez formulé une réponse écrite à l’attention de cette instance, Monsieur le Président, contrairement, semble-t-il, à votre habitude. Sur le coup, je me suis dit que c’était intéressant comme évolution, que cela pouvait être lu comme un signe de reconnaissance de l’apport de cette assemblée consultative.
Mais, à la lecture de cette réponse, j’ai quelque peu déchanté. A vrai dire, je suis même tombée de ma chaise. Ce courrier est une accusation critique et soupçonneuse. Je vous cite :
J-L Moudenc : « Ce rapport semble dominé par des références bibliographiques, un lexique et un parti pris d’analyse partisans. J’ai conscience que la plupart des membres du CODEV ne voient pas là leur sensibilité politique reflétée. Il est malheureusement frappant de voir que, dès lors qu’on s’attache aux sujets de la diversité et de la tolérance, des approches peu pluralistes ou biaisées refont surface. »
Fichtre !
Alors que j’avais lu ce rapport à sa sortie, je ne m’étais pas rendue compte que le CODEV avait été noyauté par une bande de wokistes d’extrême gauche…
J’ai donc relu le rapport en prêtant particulièrement attention aux critiques que vous formulez… et conclusion, nouvelle surprise, celles-ci sont clairement excessives. Ce rapport comporte de nombreuses références aux travaux menés conjointement avec les services de TM et salue les avancées dans ce domaine de notre collectivité. Et oui, il se réfère à des travaux scientifiques et c’est important si on veut dépasser les préjugés et les idées reçues. Le fait que vous cédiez à la tendance populiste, relativiste de la période, celle de l’ère de la post-vérité, où le savoir et la science deviennent des opinions parmi d’autres, est alarmant.
Étant à titre personnel, pour des raisons professionnelles notamment, très attachée à l’apport des assemblées consultatives, cette découverte m’a inspiré trois réflexions :
- 1er point : D’abord, la force des assemblées consultatives, leur pouvoir démocratique, réside dans leur indépendance. Or, par ce courrier, vous y portez atteinte, ce qui est très grave. Qu’espériez-vous ? Ce qui est probable, en tout cas, c’est que ce courrier pourrait être lu comme une tentative de mise au pas du CODEV et cela, ce n’est pas digne d’un responsable politique.
- 2d point : accepter la critique c’est quand même le 1er pas indispensable pour s’améliorer dans la vie. Vous semblez avoir des difficultés à accepter la critique, ce qui, là encore, est inquiétant.
- 3ᵉ point : j’ai entendu récemment dans une émission de débat un propos particulièrement éclairant sur la situation nationale actuelle. Un intervenant analysait que le sujet en réalité était moins celui d’une défiance de la part des citoyens envers les politiques et institutions que celui d’une défiance des politiques envers les citoyens. Et en effet, c’est une lecture pertinente de la situation nationale. Mais c’est aussi ce qu’illustre ce courrier que vous avez adressé à des citoyens impliqués. En jetant l’opprobre sur des associations, des acteurs engagés au service du collectif et donc nos partenaires dans la poursuite de l’intérêt général, vous contribuez à aggraver la fracture sociale qui nous mène dans le mur.