Monsieur le président chers collègue
Vous l’avez dit lors de vos propos introductifs, la crise du logement, qu’elle concerne le neuf ou l’ancien, s’aggrave grandement à Toulouse. Se loger est devenu un parcours du combattant notamment pour les étudiants et étudiantes et les foyers modestes.
En témoigne l’explosion de la demande de logements sociaux, 50000 demandes en 2025 soit + 11% depuis l’année dernière +19% en 2 ans. L’écrasante majorité de ces demandes concerne des logements très sociaux, témoignant de la perte de pouvoir d’achat et de vivre des habitants de notre métropole. Le problème c’est que la métropole fait le choix de constituer une offre qui ne répond pas à la demande en construisant davantage de logements pour revenus modérés que pour les plus modestes. Conséquence? Une gentrification galopante. Voilà le résultat de votre politique de logement. Une chasse aux classes modérées et moyennes de la métropole.
Comment peut-on se loger quand on voit que la Métropole a adopté un plan de construction de 7000 logements là où il y en aurait besoin de 8 à 9000 par an jusqu’en 2030. Comment peut-on se loger quand on voit qu’en mars 2025 le loyer médian de Toulouse atteint les 17€ le m² en moyenne, enregistrant une hausse de 4% en un an et de 15% sur 5 ans. 15% ! La diminution de l’offre locative, combinée à une demande croissante, exacerbe la concurrence entre locataires et contribue à cette inflation des loyers. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est l’Observatoire de l’immobilier de Toulouse.
Face à cette situation, des solutions existent, mais vous vous refusez à les mettre en place. Et, pour justifier ce refus, vous avez à la fois commis un mensonge par omission et fait preuve de malhonnêteté intellectuelle. Oui, car pour justifier le fait de ne pas mettre en place l’encadrement des loyers, vous avez expliqué que la Métropole de Toulouse n’était pas éligible et c’est un mensonge, car la Métropole a confirmé que vous n’aviez JAMAIS fait la demande auprès de l’Etat qui était le seul habilité à décider si oui ou non une métropole pouvait être éligible, et on se doute de la réponse quand on sait que la ministre du logement de l’époque a regretté que Toulouse et Marseille ne candidatent pas. Mensonge donc.
Malhonnêteté intellectuelle, car vous arguez à qui veut bien l’entendre que le dispositif d’encadrement des loyers ne fonctionnerait pas…. en vous basant…. sur une étude menée par un lobby de promoteurs immobiliers CLAMEUR qui n’a aucun intérêt à ce que cet encadrement se mette en place. Rappelons donc quelques chiffres, étayés par des chercheurs et des professionnels du secteur. L’APUR, l’atelier parisien d’urbanisme, montre que l’encadrement des loyers a permis de limiter la hausse des loyers de 5,2 % dans les villes qui ont mené l’expérimentation. C’est également la conclusion de PriceHubble qui montre en plus de cela qu’il n’y a pas de corrélation entre baisse de l’offre locative et encadrement des loyers. Le rapport parlementaire a quant à lui conclu la chose suivante : « L’encadrement des loyers a rempli son objectif, alors même qu’il n’est pas toujours parfaitement respecté », écrivent‐ils dans leur copie, selon Médiacités.
Preuve de la pertinence du dispositif, la loi sur l’encadrement vient de passer la première étape de sa validation avec une large majorité à l’Assemblée. Bientôt, les communes situées en zone tendue pourront le mettre en place sans qu’il soit nécessaire qu’un décret ministériel soit publié pour les y autoriser.
Allez-vous donc une nouvelle fois réaffirmer aujourd’hui que vous êtes contre et que vous ne le mettrez pas en place une fois la loi votée ? Madame Traval Michelet, comptez-vous soutenir ce dispositif issu de votre famille politique et en accord avec le programme du Nouveau Front Populaire ? Ce dispositif est un strict minimum, la Fondation pour le Logement appelle à aller plus loin et réfléchir à un dispositif qui ferait stagner voire baisser les loyers.
Ne pas le faire serait un aveu cuisant : vous préfériez alors jeter le marché locatif en pâture aux promoteurs immobiliers et aux multipropriétaires qui ne cherchent que le profit et font peu de cas des difficultés réelles des habitants et des habitantes. Mais votre récent appel du pied à faire voter les propriétaires qui ne vivraient même pas à Toulouse montre à la fois votre fébrilité, mais aussi votre manque de préoccupation pour les locataires de l’aire métropolitaine.
