Monsieur Le Président du CRIF Toulouse,
Nous avons été surpris et choqués de lire vos propos à notre encontre dans le journal La Dépêche du Midi en date du 20 avril 2023.
Nous le disons sans détour, l’antisémitisme, sous toutes ses formes, nous révulse. Et comme c’est un sujet qui nous tient particulièrement à cœur, nous ne pouvons laisser ces propos sans réponse.
Nous sommes surpris et choqués de la lecture que vous faites de notre prise de position et dont nous vous remettons copie ci-après pour le cas où vous n’auriez pas eu accès à l’intégralité de notre communiqué de presse.
A quel moment aurions-nous fait preuve « d’hémiplégie » concernant les auteurs d’actes ou de propos d’antisémitisme ? Vous le savez, nous sommes de toutes les indignations, de toutes les protestations, de toutes les colères, de tous les chagrins et de tous les deuils qui concernent les victimes de toutes les formes d’antisémitisme. Les plus anciens d’entre nous défilaient aux côtés du CRIF et aux côtés de toutes les organisations républicaines et démocratiques, à l’exception – et pour cause – des organisations d’extrême-droite, à l’occasion de la profanation du cimetière de Carpentras en mai 1990. Nous avons été de toutes les commémorations concernant l’épouvantable série d’attentats perpétrés en mars 2012 par le terroriste islamiste Mohamed Merah à Toulouse et Montauban, faisant de nombreuses victimes, dont trois enfants et un enseignant de l’école juive Ozar Hatorah de Toulouse. À l’heure où nous célébrons le 80e anniversaire de l’insurrection du ghetto de Varsovie, avec vous, nous pleurons à chaudes larmes les millions de victimes de la Shoah. Nous sommes, nous avons été, nous demeurons toujours des opposants fermes et résolus à l’antisémitisme et à toutes les formes de racisme.
Vous semblez n’avoir pas compris notre prise de position, alors nous voulons apporter quelques précisions.
À l’issue de la cérémonie d’inauguration de la plaque saluant la mémoire des victimes de la Shoah au Mémorial du Boulingrin, nous avons apprécié et salué le discours du représentant du CRIF. Ce que nous avons voulu critiquer, c’est la tentative de récupération politicienne du Maire de Toulouse qui s’est livré à une attaque relevant de l’amalgame entre l’antisémitisme et « l’extrême-gauche », qualificatif que Monsieur Moudenc a pris la mauvaise habitude d’accoler à toute l’opposition de gauche à la Mairie de Toulouse, à Archipel Citoyen et à toutes les formations de la NUPES. Il n’y a pas une once d’antisémitisme, bien au contraire, du côté des militants des partis de la gauche et de l’extrême-gauche. Monsieur Moudenc le sait parfaitement d’ailleurs et c’est bien lui qui fait preuve d’hémiplégie politicienne en ne désignant pas l’extrême-droite comme un vecteur historique et actuel de propagation de l’antisémitisme. Nous savons bien entendu que l’extrême-droite n’en a, hélas, pas le monopole. L’islamisme radical en est un autre vecteur. Mais en quoi ce courant politique dangereux a-t-il un quelconque rapport avec la gauche ou « l’extrême-gauche » ? Idéologiquement, l’islamisme radical en tant que projet politique porteur de haine et de repli communautaire, est aux antipodes idéologiques des valeurs de gauche et d’extrême-gauche.
Ainsi, vous nous faites un bien mauvais procès. Sans doute avons-nous des désaccords mais il faut les circonscrire à un débat entre partisans de la lutte contre l’antisémitisme, non les exagérer. Il faut tourner le dos aux caricatures, aux amalgames et aux raccourcis qui, en dernière instance, servent les intérêts des véritables antisémites.
Nous sommes prêts à vous rencontrer pour débattre de ce sujet essentiel en toute fraternité, et pour un travail en commun concernant la lutte contre l’antisémitisme.
En espérant sincèrement que vous donnerez suite à cette proposition, veuillez recevoir, Monsieur le Président du CRIF, nos respectueuses salutations républicaines et antiracistes.
Les élu-es du groupe AMC
Jamal El Arch, Brigitte Bec, Aymeric Deheurles, Caroline Honvault, Odile Maurin, Marc Péré, Maxime Le Texier, Agathe Roby