Conseil municipal de Toulouse, 29 septembre 2023
Vœu des groupes Alternative pour une Métropole Citoyenne et Toulouse écologiste, solidaire et citoyenne contre le projet d’autoroute Toulouse-Castres.
Les travaux pour la mise en place du projet de l’autoroute A69 ont démarré récemment. Cette infrastructure qui a pour objectif de relier Toulouse à Castres en aménageant un tronçon autoroutier à partir de Verfeil connait une très forte contestation citoyenne, qui en critique plusieurs aspects.
L’aspect le plus décrié de cette autoroute, est son anachronisme. Ce projet a été monté dans les années 1980, alors que la question du dérèglement climatique n’était pas autant au centre des politiques publiques qu’à l’heure actuelle. Aujourd’hui, suivant les nombreuses alertes des scientifiques, l’Etat mais aussi l’ensemble des collectivités territoriales doivent s’organiser pour mettre en œuvre une réduction de nos émissions de gaz à effets de serre. Dans ce contexte la question des mobilités est fondamentale, car il s’agit d’un des secteurs les plus émetteurs. Aujourd’hui l’aménagement du territoire et les transports doit être réfléchi et organisé afin de permettre une mobilité décarbonée. Ainsi, lancer la construction d’une infrastructure routière d’ampleur afin de relier deux villes, est un contresens. Surtout dans un cas où les liaisons routières et ferroviaires existent déjà. La desserte entre Toulouse et Castres doit donc être améliorée en utilisant l’existant, avec notamment le projet de réaménagement de la RN126 poussé par les associations.
En outre, la question de la zéro artificialisation des sols et de la préservation des terres agricoles est également d’une importance fondamentale, or la concrétisation de ce projet rendrait inutilisable 366 hectares de terres agricoles, plus 100 hectares impropres à la culture agricole car coincés entre les deux routes. Au vu de l’enjeu de la relocalisation de l’alimentation, un projet routier qui condamne autant de terres agricoles en proximité d’une grande métropole est fortement questionnable.
L’impact néfaste de ce projet sur l’environnement a été dénoncé par le Conseil national de protection de la nature, qui a rendu un avis défavorable le 12 septembre 2022. De même, l’Autorité environnementale a émis un avis défavorable le 6 octobre 2022 en soulignant : « Ce projet routier, initié il y a plusieurs décennies, apparaît anachronique au regard des enjeux et ambitions actuels de sobriété, de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de la pollution de l’air, d’arrêt de l’érosion de la biodiversité et de l’artificialisation du territoire et d’évolution des pratiques de mobilité. ».
Au-delà des aspects écologiques et environnementaux, le projet est également contesté pour les retombées négatives qu’il aura pour les usagers. Ainsi le prix du péage sera extrêmement élevé (17€ l’aller-retour Toulouse-Castres), et les usagers souhaitant éviter de payer, verront leur trajet rallongé par rapport à ce qu’il est possible de faire aujourd’hui.
Nous sommes ainsi face à un projet majeur d’aménagement du territoire, qui du fait de sa date de conception, ne prend pas en compte les enjeux actuels d’écologie, et de sauvegarde des terres agricoles, sans pour autant apporter de bénéfices aux habitants du territoire (surcoût de l’autoroute, rallongement du trajet gratuit, pas d’offres alternatives à la voiture).
Face à ces dégâts environnementaux considérables, 94% des habitants ont exprimé leur refus de ce projet lors de l’enquête publique. Face au passage en force des autorités, 8 citoyennes et citoyens ont entamé une grève de la faim à Toulouse, devant le Conseil régional d’Occitanie. Certains d’entre eux sont entrés dans leur quatrième semaine de grève de la faim. L’entêtement des pouvoirs publics et le refus du dialogue sur ce dossier met directement en danger des vies humaines.
En tant que pôle d’attractivité majeur du territoire, la ville et métropole de Toulouse est directement concernée par ce projet qui l’impactera durablement.
Par conséquent, le Conseil Municipal de Toulouse, réuni le 29 septembre 2023 :
Article 1
Affirme son opposition au projet d’autoroute Toulouse-Castres tel qu’il est envisagé aujourd’hui et dénonce les impacts excessifs de ce projet sur l’environnement et sa contradiction avec les ambitions nationales et locales de transition écologique.
Article 2
Demande à l’Etat, la Région Occitanie, le Département du Tarn et le Département de la Haute-Garonne de se désengager de ce projet et de mener des études complémentaires en vue d’un réaménagement de la RN 126 avec comme base de réflexion la pré-étude réalisée par plusieurs collectivités locales et déposée lors de l’enquête publique, ainsi que la proposition alternative “Une autre voie” élaborée par les opposants au projet actuel.