Monsieur le Maire, chers collègues,
Je profite de cette délibération pour évoquer les conditions de travail des agents dans un contexte de réorganisation globale. Et illustrer ce qui s’apparente à un délaissement des agents occasionné par la politique mise en place par votre majorité. Ce délaissement se fait au prétexte que ce qui compte, c’est d’apporter des réponses aux toulousaines et aux toulousains, s’appuyant donc sur un raisonnement erroné parce qu’il oublie que si cet objectif est effectivement l’essentiel, il ne peut être atteint que si les conditions de travail des agents sont satisfaisantes.
Dégrader ces conditions c’est, au final, dégrader la qualité du service public rendu aux habitants.
Illustration donc de cela, à travers 3 exemples :
- 1er exemple, la manière dont se déploient les Maisons Toulouse Service
À grands renforts de communication, ces espaces où les toulousains sont censés pouvoir trouver une réponse à une vingtaine de problèmes ou besoins.
Les agents qui y travaillent sont pour la plupart issus d’autres services, au sein desquels ils ne géraient pas une telle diversité de dossiers.
Lors du Conseil Municipal de décembre, il nous a été affirmé que tout roulait, que l’ensemble des agents concernés avaient suivi des formations en nombre et en contenu suffisant.
Cependant, la réalité semble démontrer que cela n’est pas tout à fait exact.
Aujourd’hui, en effet, il apparaît qu’une part non négligeable des agents des MTS travaillent dans des conditions dégradées, n’ayant pas les moyens d’effectuer de manière satisfaisante leurs missions, créant ainsi une situation de souffrance au travail, sur lesquelles d’ailleurs, le rapport indépendant sur Proxima avait alerté.
Il nous semble qu’il ne faut pas négliger cet aspect : les agents de la Mairie, dans leur immense majorité, ont la volonté de répondre au mieux aux attentes et besoins des usagers et le fait que le cadre dans lequel ils exercent leurs missions les en empêchent, est la cause de souffrances psychiques et donc de risques psycho-sociaux.
Parmi les raisons de ce décalage entre le cadre proposé et les moyens qui seraient nécessaires pour effectuer leurs missions, il y a notamment le fait que le déploiement des MTS a insuffisamment pris en compte les profils sociologiques des usagers qui se rendent dans ces espaces : ce sont souvent des personnes qui rencontrent des difficultés spécifiques, que ce soit parce qu’ils sont en situation de précarité, ou parce qu’ils ont des difficultés avec l’outil numérique.
Le travail dans les MTS revêt donc une importante dimension sociale : or, les agents ne sont pas issus du social, souvent et, en tout cas, n’ont pas été formés à cette spécificité.
Nous alertons donc aujourd’hui, à nouveau : il ne faudrait pas que le mode dégradé devienne le mode normal, au risque sinon de devoir faire face à des situations de détresse majeures et au risque aussi d’accroître les situations de tensions, voire de violence dans la relation aux usagers dans les MTS.
Parmi les solutions envisageables, ne faudrait il pas, parce que la polyvalence a ses limites, une re spécialisation à l’intérieur des MTS pour que les agents aient davantage la capacité de maîtriser certains thèmes et donc de répondre aux besoins des usagers ?
- Cette situation dans les MTS s’inscrit dans un contexte particulier pour les services, celui du déploiement effectif de Proxima, c’est le 2ème sujet dont je voudrais dire un mot.
Est-ce qu’on pourrait avoir un point, avec des données honnêtes (parce que c’est le seul moyen de trouver des voies d’amélioration, de ne pas se voiler la face et de regarder avec sincérité ce qui marche et ce qui ne marche pas) ? Un point donc sur la manière dont cela se passe depuis le 1er janvier, date à laquelle de nombreux agents sont arrivés officiellement sur leurs nouveaux postes, créant évidemment, pour l’ensemble des 13 000 agents (même ceux qui n’ont pas effectivement changé de poste), des changements de procédures, d’interlocuteurs. Il y a donc forcément des couacs divers qui en résultent, c’est logique mais ce n’est pas pour autant qu’il faut se contenter de mettre la poussière sous le tapis.
Des couacs techniques notamment, liés au redéploiement sur 5 territoires de services qui jusque-là se géraient à un seul niveau : parce qu’on n’avait pas anticipé le débit électrique nécessaire pour faire fonctionner certaines machines, des histoires de commandes de matériaux spécifiques que les territoires nouvellement en charge ne connaissent que trop insuffisamment, etc.
Là aussi, les responsables de pôles font face à des attentes en termes de polyvalence, de polycompétences et connaissances de divers extrêmement variées, et là aussi, cela trouve ses limites.
Tout cela créé de l’inconfort, voire de la souffrance au travail pour des agents qui ne peuvent réaliser leurs missions de manière satisfaisante. Cela dégrade parfois les contenus des postes, souvent les ambiances de travail au sein des services, créant des jalousies, des tensions, qui sont le résultat d’une gestion trop purement comptable des ressources humaines. En réponse, les 4 postes de psychologues sont bien trop peu pour répondre à l’ensemble des besoins… Nous demandons le renforcement, à la hauteur de ces besoins, de cette cellule psychologique, qui accompagne normalement les projets de réorganisation de cette ampleur.
Nous demandons aussi, afin de permettre aux agents de retrouver leurs repères que soient établis des outils expliquant qui fait quoi et où désormais. Nous-mêmes, dans les commissions, avons pu constater les changements de visages à l’occasion des commissions, sans qu’une présentation ait été faite. Il nous serait donc aussi utile d’avoir accès à des organigrammes actualisés.
Et nous demandons qu’un suivi soit assuré des départs d’agents vers d’autres collectivités, ce qui équivaut à une perte de compétences, pour éviter de réaliser l’ampleur du phénomène quand il sera trop tard.
- 3ème sujet, pour terminer, les questions de déontologie
Depuis le précédent Conseil Métropolitain, l’ensemble des élus de cette Assemblée ont reçu une formation utile et nécessaire intitulée : « Déontologie : anticiper les risques pour mieux se protéger ».
Cette formation a permis à tous les élus de prendre la mesure des risques qui pouvaient être associés à l’exercice de leur mandat.
Elle a également confirmé que les agents sont soumis aux mêmes risques. S’il est vrai que ceux-ci sont généralement plus sensibilisés à ce sujet, de par le statut de la fonction publique territoriale, ils en ont généralement connaissance. Cependant, avec le recours croissant à des agents contractuels et surtout parce que la réglementation évolue régulièrement, sans compter la susceptibilité de plus en plus forte de l’opinion publique par rapport à ces sujets et la judiciarisation croissante, il est probable que le besoin d’informations des agents sur ces aspects soit important.
En tant qu’élus, nous nous devons de les protéger. Cela passe par des actions de sensibilisation et des formations aux risques auxquels l’exercice de leurs fonctions peut les exposer.
Nous savons que des formations sont proposées sur la probité mais celles-ci sont plus ou moins obligatoires, plus ou moins orientées vers des agents particulièrement concernés (en lien avec la commande publique et les achats par exemple).
Ce besoin concerne d’ailleurs également un autre sujet devenu de plus en plus prégnant, dont vous avez pris la mesure mais qui reste criant, celui des VSS. A cet égard en particulier, il semble que là où cela pèche surtout, c’est la question de la temporalité, du temps trop long pour régler et réguler les situations problématiques par rapport au vécu des agents.