Nous sommes toujours Charlie mais Jean-Luc Moudenc ?
Du 6 au 26 janvier 2025 devait se tenir à Toulouse, à l’espace Diversités Laïcité et dans le cadre du festival Cinéma et Droits de l’homme, une exposition de l’ONG Médecins Sans Frontières intitulée « Gaza : We did what we could », soit « Nous avons fait ce que nous avons pu ».
Cette exposition a été tout bonnement censurée, deux semaines avant son démarrage, alors même que tous les documents avaient été remis à la mairie en octobre.
L’association Prix Nobel de la Paix, ainsi que 4 autres associations caritatives et humanitaires, dans un courrier adressé au maire le 6 janvier et par la voix de la présidente de MSF (le Dr Isabelle Defoumy) se sont déclarées « consternés par cette décision », trouvant « problématiques » les justifications du cabinet du maire arguant de « risque évident de trouble à l’ordre public » lié à la tenue de « manifestations radicalisées »
L’association dénonce à juste titre « l’amalgame » fait entre de potentielles manifestations et une exposition dont l’objectif est de dénoncer les conditions d’exercice humanitaire désastreuses des ONGs sur le terrain. Le Dr Defoumy parle de « négation » pure et simple de « la souffrance de la population palestinienne »
Alors même que le maire appelait hier à une commémoration entre éluEs square Charles de Gaulle en mémoire des attentats du 7 janvier 2015, commémoration où nous étions présentes et présents, nous dénonçons la duplicité et le cynisme de Jean-Luc Moudenc, qui préfère, pour de basses considérations électoralistes, faire taire le simple et cru exposé de l’horreur quotidienne à Gaza.
La manipulation cynique du risque de trouble à l’ordre public est honteuse, l’exposition s’étant déjà tenue sans aucun souci à Bayeux en octobre.
L’ONG rappelle par ailleurs, la veille de la commémoration des attentats ayant visé entre autre Charlie Hebdo, la nécessité de témoigner de l’horreur quand la bande de Gaza est verrouillée, interdite aux médias étrangers alors que les journalistes locaux ont été « décimés par les attaques israéliennes », comme la population gazaouie, le décompte des morts civils dépassant désormais le terrible chiffre de 45 000 victimes selon l’UNICEF.
Nous voulons dire notre plein soutien au travail exemplaire et courageux de Médecins Sans Frontières et rappelons notre position indéfectible depuis la première horreur du 7 octobre 2023 : celle d’un appel au cessez-le-feu immédiat, à la libération immédiate des otages et à la mise en application sans faille du droit international à l’encontre de tous les crimes de guerre dûment attestés de ce conflit inhumain.
Comme les autres associations signataires de la lettre de MSF, nous appelons également le maire à revenir immédiatement sur sa décision et laisser se tenir l’exposition.
Son geste de censure et la manipulation du risque de trouble à l’ordre public sont indignes de la République et font honte à notre ville, en pleine semaine où nous devrions, dans la concorde, nous tenir debout pour la liberté d’expression et la paix.