Groupe politique des élus et élues d'opposition à Toulouse et sa Métropole. Démocratique, solidaire & engagé pour le climat.
CMetro Juin 2025 – 15.1 Projet Jonction Est – Déclaration de Projet au titre de l’article L. 126-1 du code de l’Environnement – Maxime Le Texier
CMetro Juin 2025 – 15.1 Projet Jonction Est – Déclaration de Projet au titre de l’article L. 126-1 du code de l’Environnement – Maxime Le Texier

CMetro Juin 2025 – 15.1 Projet Jonction Est – Déclaration de Projet au titre de l’article L. 126-1 du code de l’Environnement – Maxime Le Texier

Le vote qui va avoir lieu est pour moi le plus crucial du mandat.

 

Nous avons voté dans cette enceinte depuis 5 ans de nombreuses délibérations avec parfois des enjeux proches du milliard quand nous votons la PPI mais le vote devant nous est pour moi le vote le plus crucial de ce mandat.

 

Pourquoi ? Car ce projet est écocide, inutile, couteux et anti-démocratique. Il représente le plus grand gaspillage d’argent public et de ressources naturelles que nous ayons jamais eu devant nous en 5 ans.

 

Il est hautement politique dans le sens noble du terme car il représente un vrai choix de société pour nos enfants, petits-enfants et tellement d’autres après.

 

Je tenterais une dernière fois d’argumenter scientifiquement mais avant cela il me faut poser le cadre démocratique. Nous vous demandons solennellement chèrEs collègues de prendre de la hauteur et de lever la main tout à l’heure en pleine conscience des enjeux qui sont devant vous, pas mécaniquement par consigne de groupe ou redevabilité au pacte de gouvernance mais avec votre tête et votre cœur.

 

Et vous ne pourrez le faire que si vous y êtes autorisés. C’est pourquoi je demande au président de la Métropole de s’engager à ce qu’aucune pression, aucune conséquence ne pèse sur les élus qui feraient un choix autonome. J’adresse la même demande à celles et ceux qui président des groupes politiques dans cette assemblée ou à mes collègues maires qui ont la chance d’être accompagnéEs de leurs élus municipaux. Je demande sincèrement à toutes ces personnes de prendre cet engagement au sein de leurs collectifs respectifs, à cette tribune ou en aparté, peu m’importe, ce n’est pas une volonté de médiatiser quoi que ce soit.

 

Permettons, collectivement, que ce vote soit un vrai moment de démocratie : un moment rare, où chacun vote en conscience, au nom des générations futures et de l’intérêt général.

 

Venons-en aux faits qui ont été battus, rebattus mais qu’il faut énoncer une dernière fois : je vais le faire en 4 points pour montrer l’incohérence complète de ce projet autant sur les enjeux que sur les faits :

  1. l’efficacité du projet sur les mobilités que je qualifierai de ratio impact sur le report modal et la réduction des bouchons par euro dépensé et qui est le seul et unique argument énoncé,
  2. l’impact climatique lié aux gaz à effet de serre,
  3. l’impact climatique biodiversité,
  4. la question démocratique.

Je conclurai par l’alternative disponible et non étudiée au projet.

 

Premier point : l’efficacité sur les mobilités. L’étude technique qui a été faite vante 30s de gain de temps de trajet à horizon 2030 et sur certains trajets uniquement. 30s. Et encore, puisque nous sommes une ville de sciences et d’ingénierie, rappelons les faits. L’intérêt socioéconomique du projet repose sur des simulations. La Métropole s’est dotée d’un outil de simulation – CaminoT – qui permet de faire des projections de trafic. C’est bien et utile. Le problème n’est pas le modèle et les projections… mais les données injectées en amont. L’étude repose sur deux données très discutables : l’augmentation de la population et la part modale de la voiture. Plus on en met en entrée, plus on a de bouchons en sortie qui permettent de justifier, en théorie on va le voir, le projet. Or l’étude initiale est basée sur un chiffre de 44 000 habitantEs dans l’Est Toulousain en 2030 qui n’a JAMAIS été sourcé malgré la demande répétée des associations et collectifs et la nôtre ici en conseil. Le chiffre a même été revu à, tenez-vous bien, + 30 000 en 2040 mais sans recalculer les projections.

 

Par ailleurs, la part modale de la voiture est très exagérée car elle se base sur une enquête déplacement obsolète, celle de 2013, la dernière étude ayant montré que la part modale vélo a doublé. Or, les études menées par le collectif Non à la Jonction Est montrent bien qu’un petit report modal de la voiture vers d’autres modes de transport permet d’éviter les congestions. Voilà pour les faits.

 

De plus, même si les simulations montraient que le jour de l’inauguration de la Jonction Est effectivement on aurait moins de bouchons, il a été démontré scientifiquement mais c’est le cas empiriquement partout aussi à Toulouse, que, par le paradoxe de Braess et l’effet induit toute nouvelle infrastructure routière créée est rapidement encombrée.

 

L’échangeur de Borderouge a-t-il fait disparaitre les bouchons, les 50M au sud à Lespinet ont-ils eu le même effet ? Oui pendant 2 semaines et après : terminé.

 

Et enfin même, en imaginant que le modèle ait été correct, en choisissant toutes vos hypothèses farfelues, quel est le gain obtenu pour 95 millions d’euros ? 30s.


Second argument : l’impact sur le réchauffement climatique, les faits traduisent la nullité des gaz à effet de serre évités par le projet – 0 – alors que le chantier est très émetteur de gaz à effet de serre (plusieurs dizaines de milliers de TeCO2, soit le budget carbone annuel de milliers de personnes). Ce que vous proposez c’est donc non seulement de construire un projet qui est très émetteur, qui est nul, oui nul, en termes de réduction des gaz à effet de serre par les transports et qui de plus nous verrouille sur une mauvaise trajectoire. Ce projet flingue tout simplement la crédibilité de notre propre plan climat-air-énergie territorial (PCAET).

 

Troisième point : sur le plan écologique général, l’inventaire des espèces a été bâclé puisque des citoyenNes et naturalistes en ont recensé d’autres. La logique de compensation, nous le savons tous est particulièrement critiquée par les écologues et on le comprend : détruire une zone naturelle et prétendre la recréer ailleurs, est une conception démiurgique irrationnelle à l’ère de la sixième extinction de masse du vivant. Enfin comment arrivez-vous à voter à la fois le plan du grand parc de l’Hers et la construction d’une autoroute en plein milieu ?

 

Quatrième point : l’aspect démocratique. La démocratie a été bafouée à plusieurs reprises et pas qu’un peu. Tout d’abord lors de la première concertation qui aboutit à 94% de NON. Je passe sur votre concept novateur, M. Moudenc, de “majorité silencieuse” qui n’aurait pas pris part au vote. J’imagine que vous le ressortirez en cas défaite en mars 2026, je vous le laisse. Le sujet est que suite au résultat de cette consultation, rien n’a bougé dans le projet. Le Lineo 7 a remplacé un bus existant et fournira des plages horaires étendues mais encore, est-ce vraiment lié au projet ? Rien d’autre sur le projet de mobilités. Comment voulez-vous faire croire à la participation citoyenne si les dés sont autant pipés ?

 

Continuons ! Viens ensuite un scandale démocratique qui vous met en cause directement, M. Terrail Noves. Vous avez avec les deniers publics fait campagne dans votre ville et aux alentours pour la Jonction Est. La posture questionne démocratiquement d’être à la fois juge et partie sur un sujet où justement un élu devrait chercher à ce que chacune et chacun se saisisse plutôt des informations du dossier de l’enquête publique. Mais si le recto de votre tract peut sembler aller dans ce sens, le verso pose un énorme problème encore plus grand, car ans ce tract vous écrivez “Par conséquent, sans la Jonction Est, les temps de trajet sur les routes de Castres et Revel augmenteront de 15, 20 ou 30 minutes” alors que ces chiffres ont été inventés de toute pièce. Certains citoyens sont allés voir le commissaire enquêteur qui a confirmé que ces chiffres ne figuraient sur aucune pièce du dossier. Aucune. Jamais. Jamais ce chiffre n’a été sorti.

 

Et que dire des phrases qui suivent : “Ceux qui sont contre ont déjà voté, ne laissez pas les autres décider à votre place : laissez un avis favorable !” et en dessous “2 personnes dans le foyer, je mets 2 avis”. Vous fournissez à la fois des chiffres faux et le manuel de contournement démocratique qui va avec. Et qu’est-ce que vous voulez dire par “ne laissez pas les autres décider à votre place”, vous voulez dire qu’aujourd’hui vous allez respecter votre propre tract et voter contre puisqu’il n’y a que 39% de favorable ?

 

Venons-en à l’enquête publique en elle-même : je passe vite sur les biais méthodologiques de ce processus en cours de démantèlement par le gouvernement, qui continue dans la droite ligne de tous ceux en place depuis l’élection d’Emmanuel Macron, de faire reculer les droits et libertés individuelles et les processus démocratiques. Commissaires enquêteurs financés par la Métropole et Vinci, absence totale de dénonciation des manipulations autour de l’enquête comme le tract mensonger de la mairie de Balma, argument ubuesque comme le fait que dans la colonne des avantages au projet il y a, tenez-vous bien, le fort taux de participation des habitantes et habitants. Formidable on met dans la colonne des arguments pour le projet le fait que les gens ont voté en majorité contre. A ce stade de mauvaise foi, je ne sais plus quoi dire…

 

Nous ne pouvons pas dans cette enceinte déplorer la perte de confiance de nos électeurs dans notre institution et continuer à piétiner ainsi les maigres espaces démocratiques restants. Ce faisant nous alimentons le “tous pourris “ et le discours de l’extrême droite.

 

En fait les discussions avec un commissaire enquêteur résume bien là où ils en ont été réduits: “mieux vaut faire quelque chose plutôt que rien”. Et là j’en viens à l’argument majeur.

 

Nous n’avons pas étudié de projet alternatif. Et c’est un point crucial

 

Avec Archipel Citoyen, entre septembre et décembre dernier, nous avons lancé une Convention Citoyenne sur les mobilités dans le Sud-Est Toulousain. Nous avons tiré au sort 9 citoyenNEs des quartiers autour de la Jonction Est, dans un rayon de 3 kms sur les communes de Toulouse, Quint et Balma, qui se sont trouvés être utilisateurs quotidiens de leur voiture pour la quasi totalité d’ailleurs. Et pendant plusieurs semaines nous les avons monté en conscience des enjeux démographiques, de mobilité, écologiques, financiers et de tous les documents fournis par la Métropole sur le sujet via des experts universitaires, des représentants associatifs le tout encadrés par des garants.


Certes ce projet avait des biais, importants du fait que ni Tisséo ni Vinci ni la Métropole n’ont souhaité venir nourrir les habitantes et habitants, mais il a accouché d’un rapport réalisé par les habitantes et habitants et défendu par eux-mêmes le 16 decembre devant le commissaire enquêteur.

 

Il formulait un avis défavorables et donnait les préconisations suivantes finançables très largement par l’économie réalisée :

  • en priorisant les bus et en adaptant leurs fréquences tout au long de la journée et pas seulement aux heures de pointe
  • en sécurisant les traversées des échangeurs 17 et 18 pour les piétons et vélos en ajoutant une passerelle piétons/vélos à chaque échangeur
  • en prévoyant des parcs relais auto et vélos surveillés le long des trajets et des terminus de bus afin d’augmenter l’intermodalité des types de transports”

Et j’en suis témoin, ces personnes, de base trouvaient de loin l’idée d’échangeur intéressante.

 

Et surprise, de leur côté, neufs associations toulousaines se sont penchées sur un projet alternatif finançable dans l’enveloppe des 95M et proposent:

  • L’amélioration de l’échangeur n°17 existant.
  • Une desserte de bus renforcée.
  • Deux nouvelles haltes SNCF à Malepère et Balma-Gramont.
  • Un réseau cyclable continu et interconnecté à l’Est.
  • Des parcours piétonniers optimisés.
  • Plus de covoiturage, d’autopartage, et de stations VeloToulouse.

 

 

J’en termine. Nous ne vous demandons pas le statu quo, nous vous proposons de dire NON à ce projet pour rentrer de plein pied dans le XXième siècle, nous vous proposons de respecter la démocratie et même le souhait du commissaire enquêteur de se voir proposer autre chose.

 

A l’heure où Tisséo vient justement de déclarer qu’il suspend l’avancée des décisions sur les investissements de mobilité en attendant les élections voire même le métro, quel sens cela a se dépêcher de mettre en place un projet qui avait du sens il y a 40 ans mais n’en a plus aucun ?

 

La concertation du plan de mobilités offre un nouveau diagnostic pertinent de la situation. Prenons le temps d’étudier les nouvelles données, de travailler l’alternative et arbitrons la ensemble démocratiquement en mars 2026.

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