Je voudrais d’abord dire un mot du débat d’orientation budgétaire que nous allons avoir dans quelques minutes. On peut vous reconnaître une constance, Messieurs Moudenc et Briand, c’est celle de vouloir maintenir à la ville depuis 10 ans une façade de chiffres de gestion flatteurs. Mais sous le vernis de la façade chaque année repeinte, depuis 10 ans, les murs de notre institution se lézardent chaque année plus sûrement qu’au passage d’un tunnelier.
Car ses murs ce sont les femmes et les hommes qui font le service public: nos agents. Et cette année, avec un nouveau budget d’austérité, ce sont encore elles et eux qui trinquent et par là même le service public qu’elles et ils rendent.
Expliquons ce que vous faites: comme la population ne cesse d’augmenter, vous maintenez des montants d’investissement élevés, ce qui est positif.
Mais voilà plus d’habitants à servir d’un côté, +7% en 4 ans, plus d’équipements à faire tourner de l’autre, c’est une double raison d’augmenter les effectifs de nos services pour maintenir leur qualité. Et bien que nous disent les rapports sociaux uniques de la collectivité dont celui que nous votons ce jour pour l’année 2024 c’est qu’entre 2021 et 2024 nous avons perdu 387 postes équivalent temps plein soit presque 5% de baisse de nos effectifs, voilà ce que M Briand appelle, je le cite, la “stabilité des effectifs”.
+7% de population, des crêches, des écoles, des gymnases qui se construisent et 5% d’agents en moins. Résultat : les habitants de Bonnefoy voient leur bibliothèque fermée le samedi ou la moitié des vacances scolaires, à Bagatelle c’est carrément toute la bibliothèque qui ferme des mois parce qu’il nous manque du personnel d’encadrement alors même que les habitants voient par la fenêtre les bibliothécaires qui aimeraient les accueillir, vous réduisez des créneaux de piscine, vous supprimez des créneaux d’ouverture au public dans nos musées pour les passer sur les scolaires, nos ATSEM dans les écoles doivent faire le travail des animateurs manquants etc…
Et en parallèle, là encore en élèves zélés du macronisme que vous êtes tous deux, vous accentuez la pression sur les agents restants: vous refusez de prendre en compte les préconisations de santé Prevaly, vous ré-allouez d’offices les agents n’ayant pas eu leur souhait dans le cadre de PROXIMA, vous durcissez les sanctions, vous interrompez des CDD en cours couvrant certains managers toxiques qui osent dire à nos agents “Vous n’êtes pas contents, portez plainte”. Résultat : 2 x plus de départ entre 2024 et 2025 qu’ entre 2023 et 2024 et un taux d’absentéisme qui augmente.
Nos agents ne quittent pas leur travail par plaisir M. Moudenc. Ils le quittent quand ils en souffrent. Et nos agents sont le service public. Maltraiter l’un c’est maltraiter l’autre.
Etre maire de Toulouse pour moi, c’est promouvoir tout le contraire de la culture de la peur et de l’autoritarisme que vous laissez se diffuser, c’est croire en nos 9300 agents, garantir leur engagement par leur épanouissement.
Cela fait 10 ans que vous avez dégradé avec constance les conditions de travail de la grande majorité des agents et instauré la défiance comme principe managérial. Il est temps de tourner cette page
Et j’en viens à un autre sujet douloureux sur lequel nous vous voyons adopter un traitement insensible et partial: je veux parler du drame en cours à Gaza.
Lundi était un moment historique: la France a enfin reconnu l’État de Palestine que vous-même appeliez de vos vœux M Moudenc.
Reconnaissance quelque part qui vous oblige encore plus, même si être le témoin du massacre et de la famine forcée de centaines de milliers d’être humains aurait déjà dû être suffisant. Car il ne s’agit plus seulement d’apporter notre soutien à un peuple mais, s’il vous fallait cela, à un Etat, un État envahi dont le gouvernement Netanyahu bafoue tous les droits.
Nous espérons ainsi qu’enfin vous allez enfin changer de regard sur la situation en Palestine et nous vous tendons la main aujourd’hui de manière constructive, grave et responsable.
En effet pour la première fois depuis le début du mandat, l’ensemble de l’opposition s’est jointe en co-signant le vœu qui vous est proposé en fin de conseil.
Toutes et tous autour de moi, nous vous offrons la possibilité de faire un geste, ne serait-ce qu’un geste parmi toutes les possibilités que nous proposons dans ce texte, gestes financiers, gestes logistiques, gestes symboliques. Au moins un geste envers Gaza, comme vous avez su le faire pour d’autres états, d’autres conflits et d’autres drames humains.
Je liste ces possibilités: soutien aux ONGs, demande de protection diplomatique de nos ressortissants, illumination de la façade du Capitole aux couleurs de la Palestine ou levée du drapeau, intensification de notre partenariat avec Ramallah en place depuis 2009, aide financière, contrôle des contrats passés avec Israël.
Choisissez !
Pour reprendre les mots exacts du président de la république française à la tribune de l’ONU : “la guerre qu’Israël mène à Gaza n’a que trop duré. Les dizaines de milliers de victimes civiles palestiniennes n’ont aucune justification, aucune explication”. Reprenons ces mots ensemble et faites un geste, au moins un seul, en direction de Gaza!
Sortez de votre inaction qui entache déjà depuis de longs mois l’histoire de notre ville !