Groupe politique des élus et élues d'opposition à Toulouse et sa Métropole. Démocratique, solidaire & engagé pour le climat.
CMétropolitain – Liminaire Marc Péré
CMétropolitain – Liminaire Marc Péré

CMétropolitain – Liminaire Marc Péré

Monsieur le Président, chers collègues,

 

Nous vivons une époque troublée. Une époque marquée par le retour des impérialismes, des fanatismes, des régimes autoritaires, sous toutes les latitudes. À mesure que s’intensifie la compétition pour les ressources, les territoires ou l’influence, le monde s’enfonce dans une spirale de conflits, de régressions, de désastres humanitaires.

 

Face à cette montée des périls, le silence serait une complicité. Il revient aux peuples, à leurs représentants, de faire entendre la voix de la paix, du droit, de la justice, partout où elle vacille. Qu’ils soient palestiniens, ukrainiens, iraniens ou israéliens — car dans chaque nation, il y a des hommes et des femmes qui résistent, qui se battent pour la liberté, pour la paix, pour la démocratie —, notre devoir est de nous tenir à leurs côtés.

 

À cette échelle locale, que nous partageons aujourd’hui, Toulouse Métropole fête ses 10 ans d’existence.

 

Un anniversaire, c’est toujours l’occasion d’un bilan. Et d’une lucidité : la Métropole est devenue un acteur incontournable, parfois critiqué, parfois contesté — mais nécessaire.

 

Oui, nous avons besoin d’une coopération intercommunale.

 

Des sujets comme les mobilités, l’eau, l’habitat, l’adaptation climatique, l’économie, ne peuvent être pensés à l’échelle d’une seule commune. Les communes, berceaux de la démocratie locale, doivent coopérer, articuler leurs efforts, porter ensemble une vision d’intérêt général à l’échelle métropolitaine.

 

Mais le rôle d’élus comme nous, ce n’est pas de nous contenter de saluer ce qui fonctionne. C’est aussi d’interroger les limites. D’alerter sur ce qui dysfonctionne. J’en citerai trois.

 

Première limite : la question écologique.

 

Les métropoles devraient être les fers de lance de la bifurcation écologique. Elles disposent des moyens, des compétences, des outils pour cela. Mais trop souvent, elles hésitent, ou refusent de tenir compte des données scientifiques. Le dérèglement climatique est là, les sécheresses se multiplient, les canicules s’intensifient et s’emballent, les alertes sont documentées. Et pourtant, on envisage encore des projets comme la Jonction Est, au mépris de ces réalités. On ne peut pas prétendre bifurquer sans renoncer à des projets conçus pour un monde d’avant.

 

Deuxième limite : l’équité territoriale.

 

Trop souvent, la Métropole fonctionne encore comme un dispositif aspirant, concentrant ressources, équipements, et investissements vers la ville-centre. L’exemple du réseau VélÔToulouse est parlant. 400 stations à Toulouse, zéro dans la plupart des communes voisines. Pourquoi ? Parce que les communes doivent financer seules leurs stations, sans partage des recettes. C’est un système à la fois injuste et dissuasif. Faire Métropole, ce devrait être l’inverse du chacun pour soi. Cela suppose de mutualiser les recettes, de permettre un maillage équilibré, et de reconnaître que la mobilité douce ne doit pas s’arrêter aux frontières de la ville-centre.

 

Troisième limite : la démocratie.

 

Cette institution reste difficilement lisible pour nos concitoyens. Peu d’habitants savent qui les représente ici, comment sont prises les décisions, quels sont les pouvoirs du Conseil métropolitain.

 

Le suffrage universel direct n’est pas une panacée, mais l’opacité actuelle mine la légitimité de nos travaux. L’élection de cette assemblée au scrutin de liste direct, en élisant ainsi par exemple une moitié de ses membres, doit se faire au suffrage universel : parce que les citoyens sauraient alors ce que nous y faisons. Et parce qu’un programme de gouvernance serait alors soumis au vote de ces citoyens, donnant une légitimité à tant de projets que nous décidons ici, sans jamais que le citoyen n’ait son mot à dire. Il faudra bien, tôt ou tard, ouvrir ce débat sur l’architecture démocratique de la Métropole, avec courage et méthode.

 

En somme, pour ses 10 ans, Toulouse Métropole doit franchir une étape. Celle d’une coopération sincère, écologique, équitable et démocratique. Ce sera à nous, élus de tous horizons, d’y veiller.

 

Pour ma part, j’opte pour le chemin le plus direct : celui de l’union de toutes les gauches, dans le respect des diversités de chacune de ses composantes, pour que les trois limites que je viens d’effleurer soit rapidement dépassées.

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