Lors du Conseil Municipal du 16 décembre dernier, nous avions dénoncé la mise en place par la Mairie de Toulouse de la Charte pour l’organisation d’événements sur l’espace public, qui crée un certain nombre de contraintes et de difficultés pour les acteurs qui participent de l’animation de la ville. Une charte qui n’a pas été discutée et encore moins élaborée au sein du Conseil, ni même dans une commission, mais imposée par la majorité. Une charte qui n’a pas non plus été construite en consultant les principaux concernés, à savoir les associations.
Par cette charte, la Mairie impose notamment une présence forte du logo de la ville sur tous les supports de communication des événements, qu’ils soient ou non soutenus financièrement par la collectivité, au seul motif que ceux-ci se déroulent sur l’espace public, alors même que celui-ci appartient à tout le monde, par définition, et qu’il ne peut pas être considéré comme propriété de la Mairie.
Tout récemment, un événement est intervenu et a mis en lumière, de manière inopinée, les excès de cette charte ; la majorité municipale s’est prise à son propre piège.
Le week-end des 6 et 7 mai, un événement culturel, mais aussi religieux, s’est ainsi tenu à la fois dans des établissements publics et dans l’espace public, notamment sur la place du Capitole. Sur le tract annonçant cet événement, qui évoquait la tenue d’un Concert à la Halle aux grains, mais aussi la tenue d’une «veillée d’adoration et d’évangélisation », était ainsi apposé, conformément à ce qu’impose la charte, le logo de la Mairie. Cela entre en contradiction avec le principe de neutralité des pouvoirs publics vis-à-vis du prosélytisme religieux, un des principes forts de notre laïcité qui, s’il ne concerne pas les acteurs privés, interdit formellement aux institutions publiques de marquer un quelconque lien avec un culte.
Tout en respectant toutes les expressions religieuses, nous sommes choqués par la présence de ce logo de la Mairie associé à l’une d’entre elle. Le blâme n’est pas à mettre sur l’association organisatrice qui n’a fait que suivre les consignes de la Mairie, qui a par ailleurs validé le tract soumis à son approbation.
Cette histoire révèle le caractère excessif de cette charte, qui pose de nombreux autres problèmes aux associations (notamment en rendant payant l’utilisation de matériel). Nous demandons à la majorité municipale de revoir sa copie dans un exercice global de co-construction avec le tissu associatif et événementiel de notre ville. Cette anecdote porte en effet atteinte à l’image de la collectivité et nous sommes convaincus que ce n’est que l’un des premiers « couacs » que ce document produira.