Liminaire du conseil Métropolitain
Avant de commencer, je voudrais avoir une pensée et un mot pour Lison égorgée le 2 décembre par son ex-compagnon. C’est le 128e féminicide cette année, la 128e femme de trop qui est tuée parce qu’elle est une femme.
Monsieur le Président, de bonne foi, je suis venue vous voir pour vous demander une minute de silence ce matin, j‘ai formulé le souhait d’une minute de silence dans cette assemblée aujourd’hui mais aussi à chaque fois qu’un féminicide aura lieu dans notre Métropole, afin de montrer que ces féminicides ne nous laissent jamais indifférents. Vous avez préféré parler de Miss France, je le regrette alors que nous voterons le rapport égalité Femmes Hommes aujourd’hui.
Chers collègues de la Métropole de Toulouse, nous nous sommes quittés en octobre dernier dans une situation où l’austérité budgétaire planait sur notre métropole, monsieur Barnier, Premier Ministre déchu, médaille d’or olympique de la rapidité à se faire censurer par l’Assemblée, recordman tout de même de la Ve République, excusez-moi du peu, avait imposé aux collectivités une saignée austéritaire.
Monsieur le Président, vous avez affiché votre soutien à Michel Barnier, c’est logique, il est de votre famille politique, et vous vous êtes empressé de faire des annonces et de prendre des décisions unilatérales, pour, en bon premier de la classe de la droite française, appliquer des mesures qui pour le moment ne sont pas votées.
Après la révolte de façade devant la préfecture, vous avez obéi aux ordres du gouvernement avec précipitation, au prix du sacrifice des associations, des agents et des agentes, de la recherche, de l’écologie. Vous avez dénoncé les mesures de Barnier tout en critiquant la censure du gouvernement alors que ces mesures constituaient pourtant l’alpha et l’oméga de sa politique.
Excusez-moi Monsieur le Maire Président, mais il va falloir retrouver un peu de cohérence, car vos administrés et nous-mêmes n’y comprenons plus rien.
Si vous étiez cohérent, monsieur Moudenc, si vous étiez réellement contre la saignée budgétaire des collectivités, vous appelleriez de vos voeux une première ministre du NFP, Lucie Castets au hasard, pour mettre en place un programme qui prend l’argent là où il est : en rétablissant l’ISF et la CVAE. Mais vous faites semblant monsieur le Président de vous préoccuper de tout cela, car vous préférez préserver les plus riches au détriment du plus grand nombre.
Vous préférez tuer la culture, annoncer aux agents et agents qui sont garants de la qualité de nos services publics qu’aucun des contractuels ne sera renouvelé. Ces non renouvellements de postes vont entraîner fermetures de bibliothèques, problème de collecte des déchets, dégradation des équipement sportifs et culturels, ou encore de la gestion de nos espaces verts qui nous concernent tous et toutes dans la métropole. À moins que vous ne cherchiez à tout privatiser comme vous avez si bien le faire. J’apporte mon soutien à tous les agents qui subissent depuis trop longtemps votre mépris pour le dialogue social et qui se mobilisent actuellement.
Toutes ces décisions, vous les avez prises seul, tel un roitelet, au mépris de cette assemblée et du débat démocratique. Un petit monarque qui se complait à l’arbitraire en insinuant que les baisses de subventions culturelles et sportives se feront au cas par cas, que les secteurs concernés par les baisses d’effectifs également, sans savoir comment vous déciderez, tel un videur de boîte de nuit qui décide à la couleur des baskets, ou plutôt en déterminant un degré d’allégeance et de soumission à votre politique.
En parlant de fait du prince et de déni démocratique, de quel droit Monsieur le Président avez-vous décidé de mettre fin à la participation de la Métropole au CPER, le Contrat Plan Etat Région en retirant 14.55 millions d’euros ! Sans aucun débat ici ! Alors que je vous avais interrogé en octobre et que vous m’aviez indiqué que le sujet n’était qu’une piste, vous avez menti et pris cette décision inacceptable à huis clos.
Toulouse est la 2e ville étudiante de France, la recherche universitaire, toutes disciplines confondues, y est remarquable et participe grandement au rayonnement intellectuel économique et social de l’aire toulousaine, elle est essentielle pour réfléchir aux enjeux de demain, notamment sur la question climatique. Vous devriez avoir honte de cette décision prise en catimini, car l’impact sera majeur : c’est la rénovation de bâtiments dans des états de délabrement total, c’est le soutien à des projets de recherche majeurs qui seront abandonnés. Tout cela sans aucun débat.
Vous anticipez beaucoup monsieur le Président sur un budget qui n’a pas été voté. Cela dénote avec votre inaction et votre manque d’anticipation sur le volet climatique.
Depuis le 26/11 s’ouvre l’enquête publique sur notre petite A 69 à nous, la Jonction EST. Concernant l’A69 alors que la rapporteure publique a demandé l’annulation de l’autorisation environnementale, l’Etat utilise la technique du fait accompli en jouant la montre en donnant une note pour rouvrir l’instruction pour que les travaux puissent continuer et qu’il soit trop tard. Concernant la Jonction Est, je dois dire que votre stratégie de passage en force ressemble beaucoup à celle de l’Etat pour un projet vieux de plusieurs décennies, qui coûte un pognon de dingue et qui est écologiquement néfaste, et qui en plus apportera plus de circulation automobile. 95 millions d’euros qui pourraient être bien mieux utilisés, une zone de biodiversité riche qui pourrait être préservée à l’heure du dérèglement climatique et alors que nous avons besoin de ces espaces naturels pour survivre. Nous proposerons un vœu sur le sujet et j’espère que beaucoup d’entre vous le voteront.
J’enjoins ici tous les habitants et habitantes de la Métropole qui se préoccupent ne serait-ce qu’un peu d’écologie, de l’avenir de leurs enfants, à donner un avis défavorable à l’enquête publique en cours que vous avez encore une fois sciemment placée à un moment peu propice à la mobilisation, dans votre grand cynisme qu’on vous connait bien.
Monsieur Moudenc, finalement votre politique n’est pas bien différente de celle des gouvernements Macron. Le dernier a duré trois mois, le prochain, s’ il s’entête dans la politique austéritaire face à une situation financière qu’il a lui même causé et dans le déni climatique connaîtra le même sort. A moins qu’il pactise avec l’extrême droite et nous conduise droit au fascisme. Si c’est cela que vous cautionnez et comme la révocation des élus n’existe pas encore, j’espère que vous connaîtrez le même sort que Michel Barnier en 2026.
Agathe Roby