Monsieur le Président, cherEs collègues,
Nous voici en 2025 ; je vous présenterais bien tous nos vœux, mais vous les aurez de toute façon en fin de conseil. Puisse cette nouvelle année être l’année des mobilités, avec le développement du vélo, la fin des bouchons, la fin des pannes de métro…
Le vélo : force est de constater le succès des VelôToulouse dans la commune de Toulouse : le nombre de vélos utilisés a grimpé en flèche, tel Marco Pantani sur le Tourmalet à son heure de gloire. On ne compte plus les vélos électriques que l’on croise, parfois avec des utilisations étonnantes, en binômes avec un panier qui se transforme en siège d’appoint, et qui en général finit cassé. Mais ces vélos électriques sont payants dès la première demi-heure, et ne doivent pas être une submersion, vu que le mot plaît à notre premier Ministre, pour les vélos musculaires, qui représentent un moyen de locomotion économique qu’il ne faut pas grand-remplacer. Il s’agit donc de continuer à prêter attention aux stations qui se retrouvent avec uniquement des vélos électriques proposés, ou adopter dans ce cas-là une tarification similaire aux vélos musculaires, à savoir avec la première demi-heure gratuite.
Lors du renouvellement du parc, on nous a annoncé à grand coup d’articles de presse que ces vélos s’implanteraient dès 2025 dans les autres communes de la métropole. Mais ce renouvellement s’est aussi accompagné d’une bascule du financement vers Toulouse Métropole, définie par le CLECT, avec aux manettes notre féru d’économie ; mais si Briand soit-il, la question interpelle, et la nouvelle répartition pose problème : la rentabilité des stations périphériques est nettement moindre que celle des stations toulousaines, où l’hypercentre compense la moindre attractivité des quartiers moins fréquentés. À 17 000 euros par an la station, les communes périphériques fonctionneront à perte. Et c’est ainsi qu’il se murmure de plus en plus fortement que les stations annoncées à l’Union, à Balma, à Colomiers, ne verront pas le jour : trop chères. Tournefeuille en prévoit 4, ce qui est certes un début mais reste extrêmement faible pour une ville de cette importance, Aucamville en prévoit 3, 4 à Labège, 6 à Ramonville : seule la ville de Blagnac peut se permettre d’investir suffisamment pour programmer 16 stations. Pourtant, si le coût était moindre, adapté à la faible fréquentation, je sais qu’à l’Union, Marc paierait volontiers. On nous dit qu’à Colomiers ce n’est que reporté, mais on sait aussi que selon le contrat passé, plus les villes tardent à installer leurs stations, plus la période d’amortissement sera courte, et la facture totale sera élevée. Si le financement n’est pas adapté aux stations terminus, qui drainent forcément moins de public que les stations centrales, on ne pourra jamais aller poser son vélo en dehors de Toulouse. Et pourtant ce serait tellement utile ! D’autant plus que ça rendrait service aux personnes qui n’ont pas besoin de passer par Toulouse ; un vélo, contrairement à un bus, un train, un tramway, un métro, ça permet de choisir son propre itinéraire pour aller au plus court d’un point à un autre. Je formule donc ici le souhait, l’espoir, que ce coup d’épée dans l’eau ne soit pas un arrêt définitif, et qu’on nous prouve que le service en a encore sous la pédale.
Mais le prix des stations n’est de toute façon pas le seul frein : les infrastructures restent encore problématiques, même si des avancées ont lieu grâce aux travaux en cours : les franchissements de rocade sont extrêmement dangereux, il reste encore énormément de discontinuités, nous sommes loin de pouvoir circuler sereinement de ville à ville. Cela donne donc toujours plus de voitures entassées aux heures de pointe, pour le plus grand bonheur de la presse quotidienne régionale, dont certains titres se font un devoir de parler des bouchons une fois par jour, afin de constater que oui, effectivement, ils sont toujours là et se portent bien. Et puis cela permet de recueillir des témoignages qui concourent à mettre toujours plus en opposition les modes de déplacement, alors que la finalité est de permettre à tous les modes de cohabiter en harmonie, à commencer par les piétons, qui sont les plus vulnérables. La ville de Paris expérimente à partir du 3 mars une voie réservée au covoiturage aux heures de pointe, afin de décourager l’autosolisme qui constitue une trop grande majorité des déplacements en voiture : cela pourrait être une piste à explorer pour les grands axes structurants de notre métropole, tout comme la proposition de l’AUTATE de lutter contre l’encombrement permanent de nos parking relais en réservant à hauteur de 30% les places aux personnes faisant du co-voiturage.
Mais il faut aussi continuer à développer les lignes de bus. Or on constate que, certes, des lignes Lineo performantes voient le jour lorsqu’elles sont en site propre, car plus intéressantes en fréquence et amplitude horaire, mais que cela se fait au détriment d’autres lignes de bus autour qui voient leurs cadences fortement diminuer quand elles ne sont pas tout bonnement supprimées. On pourrait se demander quel est le projet pharaonique en matière de transport qui vient réduire à peau de chagrin tous les autres, mais nous allons nous contenter de regretter que pour mettre en lumière quelques lignes qui concernent beaucoup de monde, on abandonne encore plus les personnes vivant dans les zones moins desservies. Et je ne vais qu’évoquer ici aussi la fameuse Jonction Est, qui a été approuvée sans réserve lundi dernier, au mépris des nombreuses oppositions qui se font jour, avec toujours le même mantra : “ajoutons de nouvelles voies de circulation pour réduire les embouteillages”, alors qu’il est montré depuis des années que cela ne fait que produire un effet d’aspirateur à voitures. Certes, il y aura des pistes cyclables aussi, mais la construction d’une passerelle pour les modes de déplacement doux aurait coûté nettement moins cher, et n’aurait pas provoqué un nouveau flux de voitures.
On parle de flux, j’enchaîne sur un autre : l’eau.
En juin dernier, vous imposiez à ce conseil le passage à la tarification saisonnière, sans débat avec les autres communes, au mépris de vos partenaires des autres communes qui auraient préféré une construction collaborative. Cette décision prise à la va-vite présente de nombreuses difficultés, notamment au niveau des copropriétés, où les syndics nous ont indiqués ne pas avoir reçu de demande de relevés de compteurs au début ni à l’issue de la période estivale, et où il y a donc une forte interrogation sur comment ce surcoût va être réparti envers les différentes personnes.
En décembre dernier, il a été annoncé un gain d’un demi-million de mètre cubes grâce à cette décision : félicitations, c’est une très bonne nouvelle !
Mais en creusant un peu, ce qui vous paraît couler de source paraît beaucoup moins limpide ; lors de la commission eau préparatoire de ce conseil, les services ont indiqué sur la période estivale une baisse non pas de 500.000 mètres cubes mais de 300.000. Je ne suis toujours pas juriste, mais je sais quand même calculer que ce ne sont pas les mêmes chiffres. Bon, c’est déjà ça, me direz-vous ; mais autre écueil : si l’on regarde la même période en 2023, on s’aperçoit que par rapport à 2022, une baisse de 1,4 million de mètres cubes avait eu lieu.
Douche froide supplémentaire : il est indiqué lors de la commission eau que les chiffres ne sont pas comparables car le périmètre a changé.
Conclusion, sans trop se mouiller : on sait qu’on ne sait rien, en réalité. Continuons à explorer des aménagements, et la mise en place d’une tarification progressive.
Je termine avec une bonne nouvelle : félicitations au CHU de Toulouse qui va expérimenter les tests salivaires pour la détection de l’endométriose, une maladie qui a trop longtemps été négligée car ne concernant que les femmes. Nous avons des années de retard à rattraper.