Monsieur le Président, Chers collègues,
Ce 5eme rapport égalité femmes-hommes nous donne l’occasion de lire les actions que la collectivité met en place ou soutient, à travers ce prisme de l’égalité femmes-hommes. C’est essentiel, parce que c’est aussi cela qui participe du changement culturel indispensable.
Nous saluons l’implication des nombreux agents qui travaillent pour faire avancer ce sujet. Ainsi que celle de Mme Escudier, que nous sommes heureux de voir rétablie.
Il y a eu, ces dernières années, grâce à l’action des mouvements féministes, des avancées majeures en la matière et une évolution du regard que porte la société sur ces questions.
L’inscription dans la Constitution du droit à l’avortement en est une illustration.
La prise en compte des violences sexistes et sexuelles en est une autre. Même s’il reste beaucoup de travail en la matière, on ne nie désormais plus la réalité de ces violences et leur impact. Et en démontrant que ces violences ne sont pas qu’une collection de faits divers mais participent d’un système de domination, les mouvements féministes ont contribué à faire admettre que le « le privé est politique ».
Cependant, sur d’autres champs, de nombreux combats restent à mener.
A l’école, la lutte contre les stéréotypes a pour l’instant insuffisamment d’effets sur l’évolution des représentations et encore peu de prise sur l’orientation des filles et des garçons, qui reste genrée à un point parfois caricatural. J’entendais l’autre jour relatés les résultats d’une expérience qui en dit long : on a proposé un même exercice à deux groupes de classe, mixtes : à l’un cela a été présenté comme un exercice de géométrie, à l’autre comme un exercice de dessin. Et le résultat est que dans le groupe qui pensait faire du dessin, les filles ont eu de meilleurs résultats que les garçons, alors que dans l’autre groupe, c’est l’inverse qui s’est produit.
Dans le champ économique également, des inégalités majeures demeurent. Au premier rang desquels les inégalités salariales, et c’est le cas dans notre collectivité, comme en attestent les données présentées dans ce rapport et dans le rapport social unique, qui indiquent que, toutes catégories et statuts confondus, les femmes ont toujours une rémunération annuelle brute moyenne inférieure à celles des hommes.
Et cette assemblée ne montre pas l’exemple. Nous avions, l’année dernière, souligné les écarts que révèle le tableau des indemnités transmis avec la convocation à cette session. Je vous en rappelle les principaux, qui restent vrais.
- Sur 134 élus, on compte 56 femmes.
- Seules 5 des 20 vice-présidences sont occupées par des femmes.
- Sur les membres du Bureau et les VP, soit le haut du tableau, on compte 51 hommes et 17 femmes.
- Concernant les Présidences de Commissions, il y a 9 hommes et 6 femmes.
- Enfin, la somme des indemnités perçues par les hommes représente le double de la somme de celles perçues par les femmes.
Mais il n’y a pas que cela. Parce que cette année, il est à craindre que la mise en application de votre plan d’austérité, en direction des agents d’une part, des partenaires de la collectivité que sont les associations et autres acteurs privés d’autre part, va entretenir, voire aggraver les inégalités de genre.
Concernant les agents, vous avez annoncé le non renouvellement des CDD.
Or, le rapport indique que les contrats à durée déterminée, parmi les contractuels concernent beaucoup de femmes : 58% des agents contractuelles femmes sont en CDD, contre 47% des hommes. Ce sont donc d’abord des femmes qui vont faire les frais de vos décisions.
Par rapport à nos partenaires ensuite : rappelons que les femmes représentent 69% des salariés occupant un emploi associatif. Par vos décisions de baisser drastiquement les subventions attribuées au secteur associatif, vous allez contribuer à dégrader les conditions de travail de nombreuses femmes, et donc, indirectement, à faire reculer cet objectif d’aller vers plus d’égalité.
Et cela va directement concerner les actions mises en lumière dans la première partie du rapport que l’on examine aujourd’hui : en effet, beaucoup d’entre elles sont réalisées par des partenaires associatifs. La réduction du soutien à ce secteur va donc forcément se faire ressentir sur celles-ci.
Bref. Tout ceci n’encourage pas à l’optimisme et même à craindre que ce que prophétisait Simone de Beauvoir, quand elle disait qu’il suffirait d’une crise politique ou économique pour que les droits des femmes soient remis en question, il est à craindre que cette prophétie donc, devienne une réalité.
Caroline Honvault