À l’occasion de notre conférence de presse, nous avons alerté sur plusieurs décisions majeures engageant l’avenir de Toulouse Métropole sur les thématiques centrales du budget, de la mobilité, de l’urbanisme et du logement.
Un budget fragilisé par des choix risqués, peu transparents et favorisant la ville-centre
Jean-Luc Moudenc et Sacha Briand (vice-président en charge des Finances), présenteront jeudi un budget métropolitain affichant une épargne nette de 1 million d’euros (contre 28 millions au budget 2024). L’épargne nette correspond à ce qu’il reste une fois toutes les dépenses obligatoires réglées : c’est la marge de manœuvre permettant de faire face aux imprévus ou à de nouvelles dépenses en cours d’année. Ce niveau est alarmant.
Le budget de la métropole est aujourd’hui écrasé par le financement du métro : 90 % des impôts des ménages métropolitains y sont déjà consacrés aujourd’hui. Dans les prochaines années, ce sera 100% des recettes de taxe foncière payée par les foyers et les entreprises qui sera destiné seulement à Tisséo.
La 3ᵉ ligne de métro, dont le coût actualisé atteint 4 milliards d’euros, souffre d’un manque criant de transparence, alors même que son calendrier devient de plus en plus incertain.
Les 3 tunneliers de la partie nord du tracé accusent déjà au moins un an de retard. Malgré cela, la majorité continue d’affirmer que la mise en service en 2028 est maintenue, avec une accélération sur la suite des travaux. Ce rattrapage semble impossible et ces retards auront des conséquences directes : chaque année de retard du métro représente des recettes en moins et des coûts en plus. C’est la parole politique de l’exécutif métropolitain qui est décrédibilisée quand elle refuse de reconnaître l’évidence.
Une dette qui explose
En 2017, la dette consolidée de Toulouse Métropole s’élevait à 3,1 milliards d’euros. Selon les chiffres officiels, elle atteindra 7 milliards d’euros à l’horizon 2029–2030.
Alors que Jean-Luc Moudenc critique régulièrement l’endettement du gouvernement, force est de constater que Toulouse Métropole s’endette aujourd’hui beaucoup plus rapidement que l’État français.
Plan local d’urbanisme : un travail technique solide mais une vision politique incohérente
Nous saluons la qualité du travail des agents sur le PLUiH, document structurant pour les dix prochaines années, qui comporte des avancées environnementales notables.
Cependant, plusieurs choix politiques posent problème.
Les projections démographiques utilisées sont obsolètes, reposant sur des données INSEE de 2017 au lieu de celles de 2022, conduisant à une surestimation de la croissance. C’est un choix politique de la part de l’équipe de Jean-Luc Moudenc de surestimer la quantité de population à accueillir et donc ainsi de travailler à l’échelle de l’aire urbaine plutôt que de continuer à densifier la ville-centre.
Et cette densification est traitée sans cohérence avec les transports. La planification urbaine autour de la 3ème ligne de métro n’apparaît nulle part dans le document et il n’y a aucun gel des permis de construire autour des futures stations : cela laisse un terrain de jeu totalement ouvert aux promoteurs qui peuvent s’installer à leur bon vouloir sans planification. Masquant ainsi aux électeurs de 2026 la densification autour des stations.
Cette façon de faire a des conséquences concrètes : à Malepère, une densification importante a été organisée sans offre de transport adaptée, conduisant aujourd’hui Jean-Luc Moudenc à proposer l’extension de Teleo. A ce titre, il s’engage sur un prolongement qui coûterait entre 100 et 150 millions d’euros à l’ensemble des communes de la métropole sans aucun accord des maires des 36 autres communes, pour un équipement exclusivement toulouso-toulousain. Cette extension n’a pas été étudiée par Tisséo et devrait s’intégrer, pour faire sens, dans le projet global de ceinture Sud allant de Basso Cambo à Malepère. Un projet qui n’existe toujours pas car Jean-Luc Moudenc procrastine pour mettre en place un Plan de Déplacement Urbain attendus depuis des années après l’annulation du précédent par la justice
Cette méthode est ici symptomatique : des projets lourds financés par l’ensemble de la métropole mais :
- Ne profitant qu’à Toulouse
- Annoncés sans concertation ni démocratie métropolitaine
- Sans cohérence ni vision d’ensemble des déplacements
De notre côté, notre volonté est claire : faire Métropole ensemble, dans un cadre coopératif, et éviter que la ville-centre ne s’accapare les moyens communs.
Mobilité : pour une véritable solidarité métropolitaine
Autre exemple caractéristique de ce schéma de manque de solidarité métropolitaine : à l’initiative de notre collègue Marc Péré, les maires du nord-est de la métropole ont écrit au président de la métropole pour demander que le financement des stations de vélos en libre-service relève de Toulouse Métropole. Aujourd’hui, la majorité fait peser ce coût sur les communes périphériques, Toulouse étant exonérée des frais d’investissement dans les stations. Et cela freine le déploiement du réseau.
La mobilité est une compétence métropolitaine et les communes la financent déjà : elle doit être gérée à cette échelle, dans le cadre d’un plan coordonné, équitable et solidaire.
Imaginez que les communes doivent payer leurs propres arrêts de bus quand la ville-centre les ferait payer par la Métropole ? C’est ce qui se passe avec les vélos en libre-service…
Logement : une situation alarmante et des réponses insuffisantes
La crise du logement s’aggrave. En 2024, 45 000 demandes de logements sociaux ont été enregistrées, soit +8 % par rapport à 2023. Face à cette situation, la métropole ne répond pas à la hauteur des besoins, notamment en termes de construction de logements pour les foyers les plus précaires (les logements dit “très sociaux).
Et parmi les outils disponibles figure également l’encadrement des loyers, récemment pérennisé par le Parlement. Contrairement à ce qu’affirme Jean-Luc Moudenc, plusieurs rapports, universitaires et parlementaires, démontrent l’efficacité du dispositif. Ainsi, la hausse moyenne des loyers est de 8,8 % dans les villes concernées pour les T1 et T2 entre 2021 et 2024, contre 15 % dans les autres, et 11 % à Toulouse.
Jean-Luc Moudenc prétend depuis des années que la ville n’était pas éligible au dispositif. Or, nous avons découvert que la demande pour vérifier l’éligibilité n’a jamais été déposée.
La question se pose alors : pour qui Jean-Luc Moudenc fait-il de la politique ? Pour les habitants en difficulté ou les multi-propriétaires (qu’il a invités à s’inscrire sur les listes électorales, y compris s’ils ne vivent pas eux-mêmes à Toulouse) ?
Honorer l’ouvrier décédé sur la ligne C
Enfin, nous avons demandé qu’une minute de silence soit observée en hommage à l’ouvrier décédé sur le chantier de la 3ème ligne de métro. Aucune n’avait été organisée lors du premier décès. Il nous paraît essentiel de reconnaître et d’honorer la mémoire de celles et ceux qui perdent la vie dans le cadre de projets métropolitains, au même titre que les hommages rendus aux anciens élus.
Nous n’avons pas eu de réponse de Jean-Luc Moudenc pour l’instant mais espérons que notre demande sera entendue.
