La crise du logement est majeure sur l’ensemble du territoire national, et plus particulièrement dans les métropoles comme Toulouse. Elle touche toutes les catégories sociales y compris les couches moyennes, comme vous le dites vous-même dans cette délibération, ces dernières partent ailleurs pour trouver un logement correspondant à leurs revenus.
La part du logement dans les budgets des ménages se situent entre 30 et 40%. Cette part devient insupportable pour un grand nombre de nos concitoyens dans un contexte inflationniste sans précédent et une stagnation des salaires généralisée. Résultat : 4 148 000 personnes mal logées et 12 138 000 en situation de fragilité selon le rapport de la Fondation Abbé Pierre de 2022.
Des millions de personnes doivent choisir entre se nourrir, se chauffer, se soigner, se déplacer et ne peuvent plus dépenser pour leurs équipements, leurs vêtements, leurs loisirs et vacances. Selon le dernier rapport de novembre de l’INSEE, ces ménages ont perdu 720€ en moyenne entre janvier 2021 et juin 2022. Il estime que 9 000 000 de personnes vivent sous le seuil de pauvreté monétaire, soit 14,5% de la population. En moyenne, les dépenses pour le logement sont de l’ordre de 23% aujourd’hui contre 9,5% en 1960.
En 2017, ce sont les 25% les plus modestes qui dépensent le plus pour le logement, à hauteur de 32% de leurs revenus contre seulement 14,1% pour les 25% les plus aisés.
Entre 2001 et 2020, le loyer social et surtout privé a augmenté de 36,5%.
En 20 ans, les prix des biens immobiliers ont augmenté 4 fois plus vite que les revenus.
En 2021, les 10% les plus riches en patrimoine concentraient 44% du patrimoine immobilier, 3% des ménages en question détiennent 50% des logements mis en location.
Parallèlement entre 1998 et 2018, le patrimoine des ménages a augmenté de manière hétérogène.
Alors que, le patrimoine des 10% les moins dotés a été divisé par deux, celui des 10% les mieux dotés a été lui multiplié par 2,5.
Conséquence de cette accumulation : augmentation de la part des logements vacants. Elle représente en 2023, 8,2% du parc de logements soit 3 000 000 de logements, en hausse de 1,2% annuellement depuis 2008. Ne parlons pas des Airbnb qui ont profité des niches fiscales pour s’installer durablement. Ce phénomène a un impact direct sur le nombre de logements disponibles de longue durée et un impact sur les prix.
Nous avons le nombre le plus élevé de décès dans la rue après Paris. Depuis 2020, 23 personnes sont décédées dans la rue alors que la ville compte 23 000 logements vacants.
En 2020, la Métropole n’a pas atteint ses objectifs en ne fournissant que 2 281 logements locatifs sociaux au lieu des 2 790 prévus.
Nous assistons à un désengagement de la puissance publique et à l’émergence de la financiarisation dans le secteur du logement et du foncier. Cette accumulation disproportionnée du capital donne naissance à une société de rentiers. Ce désengagement a ouvert la voie au secteur privé et aux investisseurs financiers, le logement est devenu un produit purement financier et spéculatif provocant des déséquilibres importants entre l’offre et la demande.
Le logement est donc inabordable. Les conséquences sont terribles pour les femmes, les personnes âgées et les étudiants. Ces derniers doivent consacrer entre 44 et 60 % de leur budget dans le logement, soit 2 à 3 fois plus que la moyenne des français.
Face à cette pénurie de logements sociaux et aux difficultés d’accès au parc privé, la construction massive de logements s’impose pour répondre pour répondre durablement à cette crise.
Avec votre politique et celle de ce gouvernement, les perspectives ne sont guère réjouissantes, particulièrement au sujet de la construction d’HLM.
Nous sommes passés de 124 000 logements sociaux financés en 2016 à 95 000 en 2021 et 2022. Et Toulouse n’échappe pas à cette règle.
L’avenir s’annonce sombre, alors que les besoins sont orientés à la hausse, avec 2, 3 millions de ménages en attente de logement social, dont 42 000 à la Métropole toulousaine et 55 000 au niveau du département.
La politique fiscale de ces 2 quinquennats creuse les inégalités de revenus et de patrimoine et s’en prend aux plus pauvres, aux chômeurs et aux mal-logés. C’est aussi dans ce contexte qu’on a choisi de réduire les capacités financières des sociétés HLM. La politique fiscale de ce gouvernement dont vous êtes proches idéologiquement et dont Madame Michelet s’est félicitée lors de notre dernière commission « pour les mesures encourageantes prises par le gouvernement » est proprement scandaleuse et démagogique. En effet, ce gouvernement ne mène qu’une politique non redistributive qui vient aggraver la situation du logement :
- Transformation de l’impôt sur la fortune en impôt sur la fortune immobilière
- Baisse de la fiscalité sur les revenus du capital.
Une récente publication de l’INSEE établit que la politique du « quoi qu’il en coûte » n’ait pas traité de façon égalitaire des riches et des pauvres. Les premiers ont largement profité de la baisse de l’impôt sur le revenu, instaurée par la loi des finances de 2020, les autres se sont appauvris encore davantage.
Votre plan de soutien 2024-2026 n’est pas suffisant pour répondre à une situation sociale très dégradée, elle ne pourra pas répondre aux 42 000 demandes de logement social en attente et une croissance démographique que connaît la Métropole. Vous n’avez ni anticipé ni pris la mesure de l’enjeu du logement dans la vie sociale, culturelle et citoyenne de notre métropole. Ne vous étonnez pas des violences à venir qui menacent notre cohésion. Nous avons besoin de politiques publiques courageuses, ambitieuses, et justes pour garantir le droit pour toutes et tous à un logement digne. Il nous faut réguler ce marché par un encadrement des loyers à la baisse dans notre métropole, rehausser le quota du logement social à 30% , durcir les sanctions pour les communes qui ne respecteraient pas la loi SRU, mettre en place une garantie universelle des loyers, un fond de solidarité qui protègeraient les locataires et les propriétaires. Au lieu de cela Monsieur Moudenc, vous criminalisez les enseignants et les parents qui ont tout simplement manifesté leur solidarité et agit pour qu’aucun enfant ne dorme dans la rue, quelle que soit sa situation administrative. Ils sont le visage bienveillant de notre métropole et cherchent à combler avec leur humanité vos carences.