Groupe politique des élus et élues d'opposition à Toulouse et sa Métropole. Démocratique, solidaire & engagé pour le climat.
Conseil Métropolitain – Liminaire Odile
Conseil Métropolitain – Liminaire Odile

Conseil Métropolitain – Liminaire Odile

Monsieur le président, mesdames et messieurs, chers collègues,

Tout d’abord, merci à la commune de Bruguières et à son maire Philippe Plantade, pour son accueil. Également, bienvenue à notre nouveau collègue Victor Denouvion que nous félicitons pour son élection.


Et nous sommes ravis que vous reveniez en arrière sur la suppression de certains 1er dimanches gratuits du mois, suppression sur laquelle nous avons été les 1ers à vous alerter. Nous vous avions fait la proposition de la conserver pour les métropolitains, dès le 6 juin. Les musées sont un service public qui doit être accessible à tous et toutes avec un accès facilité et non entravé.


Maintenant, parlons urbanisme.

Le 19 novembre dernier, dans une tribune parue dans le Point, nous avons été agréablement surpris de voir le maire et président de la métropole appeler, je cite, à « l’essor des petites et moyennes communes contre la chimère de la métropolisation ». A juste titre, il a rappelé que « les forces sociales et économique d’un pays ne peuvent se résumer à 29 % de sa population et 6 % de son territoire ».

La « chimère que le 1er moteur d’attractivité et de développement serait la prospérité des métropoles », selon sa formule, s’est effectivement révélée contre-productive. Nous saluons donc la capacité de la droite et de sa famille politique, et plus largement de la majorité métropolitaine, à reconnaître ses erreurs. Droite qui a présidé quasi sans interruption au destin de ce territoire.


 A la lecture de cette tribune, nous sommes néanmoins surpris de voir persister la volonté de faire rayonner Toulouse, tout en refusant de se préoccuper de son aire urbaine. Les politiques d’attractivité passées, fortement subventionnées et menées notamment sous vos mandats, ont fait grossir son agglomération. Et maintenant la majorité refuse de faire avancer le RER au prétexte de l’étalement urbain. C’est absurde.


Au final, M. Le président, cette mauvaise habitude du « en même temps », inspirée d’un de vos amis, M. Macron, rend votre politique illisible, tant elle prône une chose et son contraire. Votre conversion tardive à l’écologie, qui n’est clairement pas à la hauteur du pragmatisme dont vous vous réclamez, ne suffira pas à compenser les nombreuses erreurs stratégiques du passé.


Nous devons sortir de votre doxa libérale avec le mantra du rayonnement économique pour aller vers le projet d’une société du partage et de la coopération. La politique d’attractivité à marche forcée de la métropole qui veut attirer sans cesse plus d’emplois et plus d’habitantEs, alors que les politiques de transports et de logement ne suivent pas, alors que la loi ZAN nous oblige à l’économie foncière, tout cela ne tient pas.


Aujourd’hui, nous avons nous, élus, une responsabilité devant l’histoire.

Selon le dernier rapport du GIEC, d’ici à la fin du siècle, 75 % de la population mondiale pourrait être exposée à des vagues de chaleur mortelles, notamment dans les villes, contre 30 % aujourd’hui. Nous n’avons pas su collectivement nous saisir du rapport Meadows de 1972 sur « Les limites de la croissance ». Un demi-siècle plus tard, nous ne devons pas refaire les mêmes erreurs et nous devons choisir entre « trop peu, trop tard », ou faire un « pas de géant », comme le propose le dernier rapport du Club de Rome, qui confirme que « notre régime de croissance reste insoutenable ».


L’enjeu est crucial, d’autant que le dérèglement climatique ne nous affecte pas tous de la même manière. Si nous ne posons pas ce constat, nous ne serons pas en mesure de répondre à l’urgence climatique en adaptant nos politiques. Il nous faut partir des besoins de protection des plus fragiles et exposés. Il nous faut analyser quelles sont les populations les plus impactées, de quelles manières, et quelles sont les réponses que nous pouvons construire pour adapter nos organisations et notre environnement.


Que faites-vous au final pour rendre la métropole habitable pour toutes et tous et réellement coopérante avec les territoires environnants ? Nous devons partager, pratiquer le desserrement économique, en aidant et incitant les acteurs économiques à s’installer dans les villes moyennes, plutôt que dans la métropole. Nous devons partager les services publics et les services au public.


Face aux défis majeurs posés par le dérèglement climatique, nous devons repenser nos façons de construire la ville. En premier lieu, la densification éminemment nécessaire, doit se faire en concertation, et en incluant les habitants, et sans oublier que ce terme peut recouvrir des réalités très différentes, certaines désirables et d’autres non. La métropole de demain ne doit pas être un monstre de béton, de verre et de voitures. Elle doit au contraire accompagner, par exemple, des projets comme la ferme maraîchère de Bordeblanche et préserver les derniers hectares de bocage de Paleficat.


Avoir une desserte en transports en commun et en modes doux et partagés, avoir une bonne qualité de bâti, et des projets à l’échelle des quartiers coconstruits avec les habitants. Se saisir de la question du péri-urbain et inventer de nouveaux modes de se loger et de vivre pour transformer de manière désirable les banlieues pavillonnaires. Tout reste à faire et à inventer. Mais c’est à notre portée, et changer de braquet politique ne signifie pas dégrader la qualité de vie des habitantes et habitants.


Vous parlez coopération et desserrement économique, ce que nous soulevons d’ailleurs depuis 3 ans, et en effet c’est indispensable, mais la coopération entre les villes doit se faire en bonne intelligence. Comment ne pas prendre peur, quand en parallèle de ce discours, vous refusez de prendre part au débat sur l’A69 dont le but est quand même de relier Toulouse à Castres, et de permettre aux gens vivant à Toulouse d’aller travailler à Castres, et vice versa, en passant par l’autoroute. C’est typiquement sur ce genre de projet que de la coopération est nécessaire pour penser le territoire de manière intelligente et résiliente.


Le SERM, appelé aussi RER métropolitain, fait face à un problème similaire avec un manque d’engagement de la part de la Métropole dans les discussions entre les différentes collectivités, alors que la coopération est plus que jamais nécessaire sur la question des transports du quotidien. D’ailleurs, vous portez une lourde responsabilité dans ce blocage, sur ce retard, vertigineux quand on regarde avec envie ce qui se passe dans d’autres villes comme Strasbourg par exemple.


Nous sommes à l’aube d’un choix de société majeur, d’un choix sur la manière dont nous allons organiser et construire la ville centre mais aussi les villes de la métropole, sur la manière dont nous allons coopérer avec les zones rurales et les villes à 100km. Comment nos choix urbanistiques et sociaux vont permettre de retrouver la nécessaire cohésion de notre société où chacun devra trouver sa place en harmonie avec tous. Comment permettre des relations apaisées entre tous et chacun ?

S’il y a de profondes modifications de l’organisation territoriale à faire, en rééquilibrant les territoires et les responsabilités, notre métropole a un rôle majeur à jouer en cessant de privilégier le centre-ville de Toulouse et en permettant le développement de l’ensemble de la métropole, donc en aidant à relocaliser de l’activité et des services publics et au public sur l’ensemble du territoire, avec un réseau de transports collectifs performant, en articulation avec le réseau ferré, et des mode doux de qualité pour tous, sans oublier les moins mobiles, pour réellement concurrencer la voiture.


Cela passe aussi par une autre politique du logement qui réponde d’abord aux besoins des métropolitains, et non aux intérêts financiers de la promotion immobilière. Cela passe aussi par une manière différente de construire, réellement adaptée au dérèglement climatique et à ses conséquences, pour faire face aux problèmes de canicules, de pluies torrentielles, d’incendies et de pollution de l’air qui mettent les gens en danger. Cela passe par une coopération et une politique ambitieuse sur la question cruciale de l’accès de l’eau pour tous.


A contrario, vous êtes en train de construire le futur SCOT en catimini sur les mêmes hypothèses délirantes d’arrivée de population basées sur votre croyance aveugle dans la croissance infinie, au lieu de travailler les équilibres territoriaux et économiques avec le tissu de l’aire urbaine et des villes à une heure.


Les défis auxquels nous faisons face sont majeurs : nous devons à la fois rendre notre métropole résiliente face aux dérèglement climatique pour permettre à ces habitantEs d’y vivre sereinement, tout en nous assurant qu’elle soit de plus en plus vertueuse dans sa manière de fonctionner, y compris sur le plan démocratique.

Un tel défi ne pourra se relever qu’en sortant des dogmatismes et des querelles de clochers : coconstruire avec les citoyens, avec les autres collectivités, même si elles ne sont pas de votre bord politique. Il est temps d’avoir enfin une vision d’avenir et de long terme pour la métropole toulousaine.


Il est temps de changer de projet. Il est temps de changer de majorité.