En ces temps troublés, à quelques jours du 1er tour d’élections législatives qui vont bouleverser, de toute manière, le paysage politique national, il nous semble qu’il est urgent de prendre du recul par rapport à l’impact des politiques mises en place.
Nous devons tirer des enseignements de cet électrochoc, pour essayer de comprendre ce qui de par nos actions participent de ce climat.
Et la question de la participation citoyenne n’échappe pas à ce nécessaire examen de conscience.
Le programme « Agir dans mon quartier » n’est pas la pire forme de cette démocratie participative, mais tout de même, nous prenons l’occasion de cette délibération pour développer quelques inquiétudes.
Depuis plusieurs années, les dispositifs de démocratie participative se multiplient, au niveau national et dans les collectivités territoriales. Notre souhait n’est pas d’en contester le principe, puisque nous sommes très attachés au fait de faire participer les citoyens aux décisions qui les concernent, mais nous nous inquiétons de la forme et des effets de ces dispositifs.
Il nous semble que la finalité de la démocratie participative, cela doit être de venir en complément de la démocratie représentative et de démocratiser l’action publique pour apporter des réponses à la crise démocratique. Parce que celle-ci n’est pas juste une expression à la mode, elle est bien réelle, et elle a des conséquences concrètes sur la société : elle nourrit une colère et un sentiment de défiance des citoyens. Et c’est dramatique, pour tout le monde, parce que c’est cela qui désespère et qui finalement renforce l’extrême-droite.
Or, le constat est que, souvent, les dispositifs existants ne parviennent pas à corriger les limites de la démocratie représentative, et même qu’ils tendent à en accentuer les travers : en permettant aux collectivités de continuer à poser seules le cadre de ce qui peut être mis en débat, avec qui et à quel moment ; en échouant surtout à permettre l’expression de celles et ceux que l’on entend pas, qui ne votent plus, qui ne participent plus à la construction de la cité, faute de trouver leur place.
Cela ne veut évidemment pas dire qu’il faut renoncer à la démocratie participative, mais bien qu’il est urgent de s’interroger et en, particulier, de trouver des formats qui permettent réellement de donner la parole, de se donner les moyens d’écouter vraiment les invisibles.
Cela veut dire aussi accepter d’entendre ceux qui ne sont pas d’accord, confronter les points de vue pour ne pas créer les conditions d’un affrontement. Et c’est pourquoi votre décision de réduire la subvention de l’asso Reynerie Miroir, au prétexte qu’elle serait trop critique par rapport à votre politique, est dangereuse. La démocratie participative doit se construire en lien aussi, avec les corps intermédiaires que sont les associations. Parce qu’elle doit avoir pour objectif d’organiser le débat.
La démocratie participative, comme enrichissement de la démocratie, est quelque chose de trop précieux et essentiel pour n’être qu’un simple gadget ou outil de com. Sinon, elle échouera à réduire les fractures de la société.