Monsieur le Maire, chèrEs collègues,
Nous avons frôlé le drame à Toulouse. Nous avons frôlé le drame dans la nuit du 8 au 9 mars dernier avec l’effondrement de l’immeuble du 4 rue St Rome.
À quelques minutes près, un groupe de jeunes qui passait par la rue perpendiculaire, non protégée, du Puits Vert aurait pu se retrouver sous les gravats. Et quelles auraient été les conséquences si l’effondrement avait eu lieu en journée ou une heure après alors qu’une file de noctambule se range habituellement dans cette rue pour rentrer dans la discothèque toute proche ?
Nos pensées vont tout d’abord aux personnes impactées : ces jeunes qui l’ont échappé belle et dont le traumatisme est sûrement encore présent, mais aussi aux locataires et commerçants du quartier, celles et ceux évacuéEs partout dans Toulouse, qui ont dû partir de chez eux en quelques minutes abandonnant tout, et aussi à touTEs les habitantEs de l’habitat ancien qui aujourd’hui s’interrogent sur leur logement, comme en témoigne l’explosion des signalements. Nos pensées chaleureuses vont à notre tour après vous M. le Maire également aux pompiers, agents municipaux, professionnels du bâtiment dont nous saluons la réactivité après le drame.
Si la réactivité est à saluer, la chance qui a été la nôtre, collectivement, nous oblige. Elle nous oblige à examiner les zones d’ombre qui ont précédé le drame, ombre de quelques jours et ombre de plusieurs années et à regarder en face la question de la responsabilité.
La responsabilité c’est d’abord d’avoir une parole impeccable, le contraire de votre communication hasardeuse parfois mensongère qui s’égrène depuis plusieurs semaines. Des exemples : “tout ce qui s’est effondré est bien resté dans le périmètre de sécurité” déclariez-vous. Ce alors qu’un pan de rue entier, je le disais, a été enseveli.
Une communication qui tourne au sketch en ce qui concerne la situation sur l’audit Urbanis. D’abord vous nous dites qu’il n’y a pas d’inventaire, puis quand il est démontré qu’il y en a un mené par le cabinet Urbanis en 2012, « oui mais c’est sur l’état extérieur ». La presse demande alors au même cabinet qui annonce que c’était aussi sur les parties communes, et de nouveau …. pirouette « oui d’accord mais ce n’est pas structurel, ce n’est que visuel ». Et vous continuez !! Bouquet final, double salto de sortie en conférence de presse où finalement vous assumez l’étude mais l’atténuez pour passer le signalement initial des 789 immeubles à 301.
Il est vrai que Toulouse est connu pour sa scène circassienne mais est-il normal de jongler ainsi 4 fois de suite avec les faits. Comment croire encore vos communications après tout cela ?
Au fil de ce mandat, tout comme certains murs mal entretenus, votre communication se lézarde.
La responsabilité M. Moudenc cela aurait été ensuite la transparence: depuis le 8 mars nous demandons la communication du rapport d’expertise ayant entraîné la levée de la protection autour de l’immeuble. 19 jours de demandes qui se sont heurtées au silence. Certes le diagnostic structurel n’est pas une science exacte mais quel est le résultat de votre opacité, du, je vous cite encore “travail que nous faisons dans l’ombre” : les propriétaires viennent d’assigner la mairie devant le tribunal judiciaire afin que le contenu de l’expertise soit diffusé. Et nous nous heurtons tout autant au silence quand nous demandons la communication de l’étude du cabinet Urbanis citée plus haut. M. Moudenc si cette étude ne contient rien de pertinent alors présentez la. Qu’est ce que vous risquez à part restaurer la confiance ?
Cette transparence manque encore quand on parle plan de prévention et action de la ville depuis 12 ans. Vous déclarez sur France Bleue, “agir sur signalement”.
Et bien listons les : 300 signalements citoyens par an, 4000 signalements dans l’étude Urbanis, 30 signalements via le PSMV. Qu’en avez vous fait ? Combien de signalements ont débouché sur des mesures ? Quelles mesures ? Là encore, même en commission municipale urbanisme, nos questions restent sans réponse.
Au fil de ce mandat, malgré les nuages de poussière que vous créez, votre inaction se dévoile.
La responsabilité enfin M. Moudenc c’est de prévenir, d’anticiper. Et là encore nous sommes confrontés à votre inaction. Non l’arrêté de péril imminent avec sa cohorte de frayeurs, de relogement, de risques n’est pas une méthode de gestion de l’habitat dégradé. Et elle n’est surtout pas la seule.
Nul besoin d’attendre la nouvelle loi, il existe déjà d’autres dispositifs que le péril imminent. Nous vous en proposons 4 ce jour via notre vœu en fin de conseil. Mon collègue Antoine en a présenté 2, j’esquisserai ce soir les 2 autres comme le permis de louer ou l’arrêté de péril ordinaire. Donc oui des solutions existent. Certes complexes, pas toujours déployables selon les situations des propriétaires mais elles existent et vous n’en avez pas dit un mot à la presse depuis 15 jours, pas un seul.
Au fil de ce mandat, tout comme certains murs, votre capacité à protéger les toulousaines et toulousains des incertitudes de l’avenir s’écroule.
En résumé M. Moudenc, vous avez créé durant cette séquence une nouvelle et large fissure dans l’immeuble de la confiance municipale.
Vous connaissez les questions, vous avez nos propositions. Sortez de l’ombre, l’heure est à la lumière.