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Transports : 3 ans après l’annulation du Plan de Déplacement, la leçon ratée de Jean-Luc Moudenc 
Transports : 3 ans après l’annulation du Plan de Déplacement, la leçon ratée de Jean-Luc Moudenc 

Transports : 3 ans après l’annulation du Plan de Déplacement, la leçon ratée de Jean-Luc Moudenc 

Tisséo vient de sortir les premiers résultats d’une nouvelle enquête montrant les habitudes de déplacements des habitants de l’agglomération : place de la voiture, développement du vélo, transports en commun, qu’est-ce que cela dit des résultats des politiques de mobilités ? 

Place de la voiture : la part modale de la voiture a baissé, et c’est une bonne chose. En revanche, elle reste extrêmement élevée sur des petits trajets (moins de 5km), où pourtant les alternatives comme le vélo avec les infrastructures adéquates sont tout aussi crédibles. En outre, la voiture reste le moyen de déplacement prépondérant pour les résidents des couronnes périphériques, provoquant une augmentation des embouteillages sur la rocade, et une congestion quotidienne des déplacements entre centre et périphérie. Sur cette problématique et les solutions qui pouvaient être apportées, Jean-Luc Moudenc n’a pas répondu lors de sa conférence de presse, préférant s’autocongratuler. 

Concernant le vélo : si la part modale du vélo double, elle reste extrêmement basse (4%). A titre de comparaison, Lyon est à près de 10% et Strasbourg près de 14%. Ce qui interroge particulièrement sont les distances de moins de 5km : 43% des déplacements de 1 à 2 km, et 63% des déplacements de 2 à 5km se font en voiture. Une autre des conclusions de l’étude est que 61% des habitants ne font jamais de vélo. Pour nous, cela signifie qu’un potentiel énorme n’est pas utilisé, et qu’il est nécessaire de pousser ce mode de transports, par des infrastructures dédiées dont les investissements restent aujourd’hui trop faibles, mais aussi des services vélo (location longue durée, vélo école, service d’autoréparation, prêt de vélos reconditionné). Services qui ont fait l’objet d’un vœu que nous avons porté lors du dernier Conseil de Métropole. 
Nous notons aussi que le vélo n’est pas un transport privilégié au-delà du centre-ville de Toulouse. En cause selon nous les trop nombreuses discontinuités, flagrantes au niveau des passages de la rocade, et encore plus importe en périphérie. Alors que les voies du REV ne sont pas encore livrées et prennent du retard, nous constatons qu’il est très difficile de circuler en sécurité, en particulier dès que l’on s’éloigne de la ville centre. Nous ne pouvons que regretter le manque d’ambition qui ne considère pas le vélo comme une alternative sérieuse pour l’ensemble des habitants de la métropole. 

Sur la marche : La marche est le mode incontestable des petites distances, 76% pour les distances de moins de 1KM, et 40% pour les distances entre 1 et 2km. Pourtant malgré cela, elle est la grande oubliée des politiques publiques de transports. En effet la métropole ne dispose pas de plan piéton, avec des orientations politiques et un budget dédié pour le développement de la marche et le confort des piétons. Pourtant un tel plan permettrait d’aborder, entre autres, la question de la piétonnisation des abords des écoles, et de la séparation des flux piétons et des flux véhicules (vélos et voitures). 
Et si nous saluons l’augmentation de la piétonnisation, il est indispensable qu’elle n’exclue pas des villes centres les personnes âgées et handicapées qui ont besoin de l’élargissement des navettes accessibles dans les espaces piétonniers avec montée et descente à la demande. 

Sur les transports en commun : nous alertons depuis maintenant plusieurs années sur le fait que la 3e ligne de métro capte l’intégralité de la capacité d’investissements de Tisséo et que l’offre globale est insuffisante. L’enquête ménage déplacement de 2023 montre que la part modale d’utilisation des transports en commun est restée stable sur 10 ans ! Cette stagnation est préoccupante, et signifie que soit l’action de Tisséo ces 10 dernières années ne répond pas aux besoins, soit qu’elle est insuffisante. Au vu de la place de la voiture sur les trajets entre 5 et 10km, et sur les trajets de + de 10 km, nous ne pouvons que regretter encore une fois le manque de bus en site propre, et l’altération du service des Linéos et des bus, notamment en périphérie où les fréquences diminuent et la régularité se dégrade, alors que le service est de plus en plus sous-traité à des entreprises privées. 
Cette situation est particulièrement handicapante pour les habitants et habitantes des périphéries, mais également pour les personnes à mobilités réduites (PMR). Les Linéos sont un service intéressant, mais ils tendent à remplacer les bus, ce qui a eu pour conséquence au fil des ans une réduction du maillage de la Métropole, c’est à dire la baisse du nombre de kms desservis par le réseau de bus (même si le nombre de kms parcourus lui a augmenté grâce à l’effet Linéo sur quelques axes). La baisse du nombre d’arrêts et les distances deviennent rédhibitoires pour les PMR. Cette baisse du maillage et de la desserte est une entrave aux déplacements pour ces derniers.  

Un autre point fondamental sur la question des transports en commun, est le dossier du SERM (Service Express Régional Métropolitain) sur lequel M. Jean-Luc Moudenc a férocement freiné pendant de nombreuses années, jusqu’à ce cela devienne un sujet dont l’Etat s’empare. Il est urgent d’avancer sur ce transport structurant notamment en termes de desserte de l’agglomération, et de se focaliser sur le nombre de km parcourus en voiture que cela permettrait d’éviter. Car si de prime abord, on a l’impression que la plupart des déplacements concernent Toulouse et sa 1ere couronne, les déplacements sur les couronnes suivantes sont plus longs donc plus polluants, faute d’alternatives possibles il y a la nécessité d’avancer sur une solution ferroviaire.  

Dans un contexte où la question des transports devient centrale autour des questions d’écologie et de pollution (notamment avec la ZFE), mais aussi de confort de vie avec le temps que les habitants passent dans les bouchons, nous avons le sentiment que les avancées en 10 ans sont bien maigres.  

Alors que le précédent Plan de Déplacements a été annulé par la justice car il ne permettait pas de réduire nos gaz à effets de serre, et que l’élaboration du prochain commence, nous posons la question :  comment enfin mettre Toulouse sur la bonne trajectoire, et ce avec des finances mises à mal par la 3eme ligne de métro ? 

Nous regrettons les orientations politiques prises et à l’heure où s’ouvre la planification d’un nouveau Plan de Déplacement Urbain, nous appelons encore une fois à un plan d’urgence des transports, pour qu’enfin la métropole offre de vraies alternatives de déplacements à la voiture. 

Un commentaire

  1. Piat Bernard

    Je partage la philosophie du communiqué, mais deux points sont à éclaircir, à mon avis.
    Qu’est ce que le doublement de la longueur des rames à apporter dans les 14%?
    S’il n’y avait pas eu le doublement et la mise en place de Lineo (qui remplacent des bus, simplement), à combien serait la part modale des TC? 12, 13, ….?
    Ce serait un coup dur pour la politique de tisseo, qui ne jure que par la 3e ligne (dont le tracé ne résoudra rien)
    Le vélo à augmenter de 4%, pourquoi?
    Quelle part modal du vélo en centre ville? Dans la première couronne? Et dans les autres?

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