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Conseil municipal du 28 Novembre – Liminaire Caroline et Maxime
Conseil municipal du 28 Novembre – Liminaire Caroline et Maxime

Conseil municipal du 28 Novembre – Liminaire Caroline et Maxime

Caroline : 


Monsieur le Maire, chers collègues, Mesdames et Messieurs,


Je souhaitais débuter ces propos liminaires en évoquant une image forte, celle de nombreux élus locaux, de toutes tendances politiques, se rassemblant le 7 novembre devant la Préfecture, pour condamner les velléités du gouvernement de faire porter sur les collectivités locales une trop lourde part des efforts financiers qu’il considère comme nécessaires.


Les coupes budgétaires annoncées sont en effet inacceptables. Ces mesures, si elles sont mises en place, mettront en péril le fonctionnement des services publics locaux et empêcheront d’atteindre les objectifs en termes de transition écologique et de lutte contre les inégalités sociales.

 
Belle image donc, que celle du 7 novembre, mais image qui masque une réalité en fait plus complexe. Car, à bien y regarder, une partie de ces mêmes élus ont souvent été complices des décisions qui ont conduit à cette situation. C’est bien votre duplicité, Monsieur le Maire, que nous dénonçons, vous qui, tout en protestant contre l’étranglement des collectivités locales, encouragez depuis toujours les politiques d’austérité et aviez soutenu la candidature de M. Barnier à la primaire des Républicains en 2021. Tout cela manque de cohérence. Si vous vous opposez véritablement à la politique d’austérité du Premier ministre, alors, allez jusqu’au bout de votre position et appelez au rejet de ce budget.


Et c’est vraiment fâcheux, puisque pour faire face aux conséquences de cette attaque frontale du gouvernement, vous avez pris des mesures qui sont tout aussi inacceptables, tant sur la forme que sur le fond.


Celles-ci nous ont été présentées, au fur et à mesure de la tenue des Commissions préparatoires. Elles concernent notamment les subventions attribuées pour 2025 aux associations et opérateurs privés. Avec, en prime, une série de contradictions manifestes.


On nous a ainsi servi un discours bien rôdé, expliquant que, dans l’attente de la confirmation des baisses exactes de recettes, le montant des subventions proposées au vote aujourd’hui, correspondrait à un montant forfaitaire, s’échelonnant entre 60% et 80% de l’enveloppe attribuée l’an passé. Et que le versement du reste de l’enveloppe se ferait plus tard, peut-être, si les mesures imposées par le gouvernement s’avéraient moins lourdes que prévues.


Ce discours est très habile, reconnaissons-le. C’est une magnifique illustration de la fable de la grenouille que l’on plonge dans une eau que l’on fait chauffer progressivement, plutôt que directement dans l’eau bouillante. La leçon de cette fable est que lorsqu’un changement s’effectue d’une manière suffisamment lente, il échappe à la conscience et ne suscite ni réaction ni opposition ni révolte.

 
Et c’est bien ce que produit votre discours : il empêche de reconnaître que ce que l’on nous demande de valider aujourd’hui, c’est une baisse de 20 à 40 % des subventions. Point. Et cette méthode, qui manque de sincérité et de transparence, est profondément révoltante.

 
Ce climat d’incertitude sur les critères qui présideront à un abondement supplémentaire en cours d’année, va avoir un impact pour les structures, qui vont, en responsabilité, devoir prévoir le pire et réduire drastiquement leurs actions. Ce n’est pas acceptable de traiter ainsi des acteurs qui sont, non pas des prestataires, mais bien des partenaires de l’action et des services publics.
Pire, c’est en fait une mise au pas des associations qui ne dit pas son nom, en cela qu’elles vont nécessairement opter pour une autocensure préventive, au détriment de leur liberté d’expression et de leur autonomie.


C’est un signal inquiétant que vous envoyez là. D’autant qu’à travers d’autres actes que vous posez, vous confirmez cette attitude mortifère pour notre démocratie.


Je fais ici évidemment référence à votre acharnement contre un acteur essentiel de la vie démocratique, la CGT pour la nommer, dont parlera plus en détail mon collègue. Et ce, en tordant la réalité, en niant les faits et en inventant d’autres. Cette attitude est symptomatique d’une volonté de stigmatiser les organisations collectives dont vous ne partagez pas les vues, et de diviser la société. Vous instaurez une fracture sociale au lieu de la combler, ce qui est irresponsable et dangereux. Cette attitude a un nom désormais, celui de trumpisation des esprits et elle met à mal l’esprit républicain.


Peut-être faites-vous cela pour aller chercher les voix des électeurs qui se sont portées vers l’extrême-droite dans les scrutins récents. Mais, c’est une erreur fatale. Aussi loin dans l’outrance qu’aillent les candidats de droite, à la fin, les électeurs qui veulent voter RN, renforcés dans leurs convictions par vos renoncements, le feront quand même. Parce que vous resterez, malgré tout, à leurs yeux, une pâle copie… Mais au passage, c’est votre dignité, et celle de tous les toulousains que vous aurez abîmé.

 

 

Maxime :

 
Avant de continuer je voudrais d’abord rendre hommage à mon tour, à Odile Jourdanne, militante engagée au Mirail auprès des enfants, des femmes et du dialogue intercultuel. Mère de 5 enfants. Odile Jourdanne est décédée hier après avoir été renversée par un chauffard sans permis avenue de la Reynerie. Odile va beaucoup manquer à Toulouse et à nos quartiers. Sa mort nous rappelle avec douleur, et colère pour ma part, que la violence motorisée, qui ne bénéficie pas de la même attention que d’autres, tue régulièrement dans notre ville. Rappelons en effet que plus de 80 000 excès de vitesse par jour sont mesurés par notre quarantaine de radars pédagogiques.

 

Si j’en viens à votre méthode M. Moudenc que ma collègue Caroline Honvault esquissait sur le budget et le traitement réservé aux associations, vous l’avez appliqué ces dernières semaines également aux agents, mélange d’hypocrisie et de féodalité qui marquent de plus en plus vos mandats et que je vais détailler.


Hypocrisie d’abord sur l’austérité car la vérité est qu’après 1 round d’observation entre 2014 et 2015, cela fait 10 ans que vous attaquez les services publics en visant celles et ceux qui le font vivre, celles et ceux qui chaque jour prennent soin des toulousaines et toulousains: nos agents. Vous ne trompez personne, M. Moudenc, vous serez envers elles et eux, là encore, l’élève zélé du gouvernement Barnier, quand bien même vous faites de jolies vidéos comme celle adressée à ces mêmes agents il y a 2 jours.


Car cela fait 10 ans que les agents subissent la réduction de leurs droits et la brutalisation des rapports sociaux: blocage des carrières, opacité des commissions, interruption de contrat à durée déterminée pour 1j d’absence non justifié, manipulation des bonifications indiciaires pour réduire les primes, refus de démission, rupture du dialogue syndical, système de sanction abusif comme en témoigne l’affaire dite du TFC où un père de famille avec 2 enfants de 5 et 8 ans a été licencié pour avoir commenté un match de foot dans les gradins du stadium hors de son temps de travail. Vous avez instauré, envers les agents comme envers le tissu associatif, un principe féodal : celui de la loyauté forcée.

 
Allégeance contre finances. Allégeance contre droits sociaux. Et sanction pour celles et ceux qui ne rentrent pas dans le rang.


Car derrière l’image bonhomme de bon père de famille, c’est justement trop souvent un patriarcat autoritaire qui s’exerce dans les couloirs. A rebours de votre discours vidéo sur la préservation de l’emploi, des mesures drastiques sont déjà prises: gel des embauches, non renouvellement des contrats hors d’un concept encore flou de “sécurité », départs à la retraite non compensés alors qu’ils représentent plus de 400 personnes cette année soit 3% des effectifs rien que sur cette partie, gel des mobilités internes et des bonifications. Là encore, une décision autoritaire et unilatérale.


Et votre système a des conséquences néfastes à plus d’un titre. Pour contraindre les agents, vous déployez un effectif managérial croissant et coûteux. Car la culture de la peur et du contrôle vous y obligent. Nos agents souffrent, cadres compris, elles et ils nous le disent. Et cette souffrance a d’ailleurs été documentée dans le récent rapport Prévaly.

 
Mais votre politique est également inefficace financièrement car elle attaque les premiers de corvée tout en gonflant les coûts managériaux, stratégie malheureusement connue d’un virage que vous avez pris depuis longtemps: la dégradation du service quotidien pour mieux justifier la privatisation.
Mais le système féodal a d’autres effets pervers : celui par exemple qui consiste à défendre à tout prix ceux qui vous font allégeance, y compris au prix de la vérité.


Et nous en venons à un autre naufrage démocratique de cette semaine: l’affaire Samir Hajije. Disons-le tout net et je cite mes propres propos ici dans cette salle le 30 juin 2023 : nous sommes républicains et condamnons la violence physique quelle que soit la personne ciblée. Et nous écoutons les ressentis de M. Hajije et compatissons avec les blessures occasionnées par sa chute, je lui en ai témoigné. Mais nous soutenons la justice. Je répète ce que je disais en 2023 à l’occasion des actes du marché St Aubin : “Nous soutenons les personnes qui se déclarent victimes et donc sommes à vos côtés madame Ochoa, M Dunal et M Moudenc dans votre combat pour que justice soit rendue”.


Et la justice a parlé: le parquet a classé l’affaire sans suite et a révélé de nombreuses contre-vérités par rapport à l’opération de communication orchestrée par votre majorité. Vous avez sérieusement abîmé notre démocratie en exposant une organisation syndicale à la vindicte des réseaux sociaux sur la base d’allégations douteuses. Et depuis aucun mea culpa de la part de celles et ceux qui hurlaient samedi matin le désormais traditionnel “Vous condamnez ? Vous condamnez ?”. Pire vous continuez avec des accusations graves avec avant hier M. Espluglas Labatut qui reparle de la CGT comme étant ’”une institution qui ne respecte pas les lois de la République”. Mais lesquelles M Espuglas ? Comment justifiez-vous des accusations aussi graves ?


En bref, votre comportement M Moudenc est irresponsable en tant qu’élu de la République car vous connaissez l’impact de votre parole sur les réseaux sociaux, quand vous utilisez les mots “violemment tabassé” “mettant en danger la vie d’un élu” “fonds de commerce de la sauvagerie” sur le réseau X, réseau et propos qui attisent la haine et le clivage quand notre société a besoin de concorde et de dialogue. Vous accusez souvent d’autres que vous d’hystériser le débat mais c’est exactement ce que vous faites et très régulièrement.


Et à ces communications clivantes successives et qui jettent de l’huile sur le feu, revient de nouveau l’hypocrisie : vous avez osé devant mes collègues socialistes et moi-même, lors de l’inauguration de la fresque de Jean Jaurès samedi, dans un discours cultivé, je le reconnais, et louant l’unité dans la diversité, vous avez osé répéter publiquement l’amalgame nauséabond entre la bousculade qui a impliqué M. Hajije quand il a tenté de pénétrer dans l’enceinte de la Bourse du travail et l’action générale de la CGT. Vous avez osé citer Jaurès, le défenseur des travailleurs, qui inaugura justement notre Bourse du travail le 7 juillet 1892, pour appuyer votre volonté d’en expulser le syndicat historique qui occupe ces lieux depuis 1895, même pendant l’occupation. Tout ça pour probablement vendre cette perle historique à un promoteur mais vous aurez certainement le courage de clarifier vos intentions aujourd’hui.

 

Cela suffit M. Moudenc, vu les inégalités croissantes, vu le défi climatique face auquel notre ville n’est pas préparée, Toulouse a besoin d’une autre politique, généreuse, transparente, ouverte, fraternelle, diverse, coopérative.
Et vous la trouverez face à vous.


Je veux terminer en m’adressant moi aussi en vidéo ici à tous les agents. Nous entendons votre souffrance et vos difficultés à assurer un service de qualité. Et le traitement autoritaire et brutal que vous inflige, que nous inflige, M. Moudenc n’est pas une fatalité.

 
En 2026 nous nous engageons à passer du mépris à la considération, de la compétition à la coopération, de la défiance généralisée à la confiance entre nous. Je crois profondément que de la confiance dans les agents naît l’engagement et que de l’engagement naît un meilleur service public.

 
Mais pour changer la culture actuelle, nous avons besoin de toutes et tous.
Nous appelons donc toutes les forces humanistes de Toulouse, les militantes et militants politiques, syndicaux et toutes les habitantes et habitants préoccupés par l’avenir de notre ville à construire une Toulouse qui tisse des liens plutôt que créer des clans, qui prend soin de ses agents et donc de ses habitants plutôt que les contraindre.


Il est l’heure de reprendre le pouvoir ensemble pour mieux le partager.

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