Nos retours sur le conseil de Toulouse Métropole du 24/03/2022
« Bonjour à toutes et tous ! Jeudi 24 mars, nous étions à Blagnac pour un conseil métropolitain hors de Toulouse. C’est bien que ça tourne sur les différentes communes, histoire de sortir de l’hégémonie toulousaine.
Seulement voilà : pour aller à Blagnac, comment qu’on fait donc ?
Photo : Élus et élues du groupe AMC à vélo devant la salle du conseil métropolitain à Blagnac le 24/03/2022 / @LeandraDeutsch
La Métropole nous avait informé des possibilités existantes, avec le parking voiture pour le covoiturage, les transports en commun avec ligne de bus ou tramway + le temps de marche à pied, et un rappel sur le parking à vélo existant.
Du coup, pour plusieurs d’entre nous, c’était trajet à vélo. Maxime, Caroline, Ariane (une de nos 3 collaboratrices) en provenance du centre-ville, Brigitte en provenance de l’Union, Aymeric en provenance des Pradettes. Odile a dû prendre sa voiture à cause de l’inaccessibilité de la voirie sur de larges portions du trajet, l’empêchant ainsi de se rendre en transport en communs, car il restait ensuite une grande distance (1 km) à faire en autonomie.
Le conseil commence avec le président Moudenc qui fait office de vendeur de téléachat, avec un magnifique téléphone trouvé dans la salle, à saisir, état quasi-neuf, qui n’en veut ?
Notre liminaire est assuré par Jamal qui nous relocalise à Balma, et qui arrive à faire rire Moudenc quand il annonce qu’il doit s’arrêter (Time’s up ! La sonnerie a retenti) alors qu’il lui reste encore 3 pages, mais qu’il va choisir des passages pour faire plus court.
Côté MECTS, on a eu droit à une masterclass de Thomas sur le jeunisme : “vous faites souvent le procès du jeunisme, là je vous parle des années 70 ; je n’étais pas né, mais certains ici étaient déjà élus”. Après les liminaires, on a eu droit à la traditionnelle réponse longue de Briand, chiante et de mauvaise foi comme d’habitude. Puis Jean-Luc Moudenc s’est exprimé sur “l’affaire Sokhiev” : on sent qu’il est gêné aux entournures et qu’il essaye de déminer comme il peut… mais sans convaincre. Et à juste titre : les musiciens de l’orchestre du Capitole ont fait une déclaration de soutien avant le début du concert de vendredi soir dernier.
Puis le conseil a commencé ; on a eu une intervention de Caro sur le compte-rendu des décisions du président, pour parler de l’action en justice de Mix’Art Myrys contre la mairie qui l’a expulsée alors qu’elle avait la responsabilité de la mise aux normes du bâtiment. Comme d’habitude, notre position n’a pas plu, mais comme d’habitude on ne lâchera rien.
Photo : Caroline Honvault élue du groupe AMC au conseil métropolitain à Blagnac le 24/03/2022 / @LeandraDeutsch
Sur la TOM (de sa voix) (bon, en fait TOM, c’est “Taxe sur les Ordures Ménagères”), Marc a fait quelques remarques, pertinentes et bien placées comme à son habitude. Réponse de Sachounet Briand : “votre discours est un exploit géométrique car il arrive à être creux tout en étant plat.” : toujours dans la finesse, Sacha. Marc lui a répondu “ j’ai l’impression que vous préparez les réponses avant d’écouter le discours, c’est dommage”. Et là, Sacha, il n’a rien dit. Bah oui, parce que c’est totalement vrai, en fait. Mais bon, ça a permis d’assister à leur numéro de duettiste, on l’aurait pas eu, ça nous aurait manqué (en fait, non).
Jamal est intervenu sur les services publics et la sous-traitance de Tisseo, mais a dû demander à Moudenc de pouvoir parler, il avait loupé le créneau. Il faut savoir que lorsque les délibérations sont présentées, soit elles sont présentées une par une et on intervient directement après la présentation, puis on vote, soit le président Moudenc décide de grouper les présentations, mélanger les débats, et fait voter ensuite. C’est ce qu’il s’était produit, et au moment où il enchaînait les votes, Jamal a courtoisement fait remarquer qu’il aurait aimé s’exprimer sur la délibération. JL Moudenc lui a accordé la parole, en lui demandant d’être synthétique, preuve qu’il ne connaît pas encore bien Jamal :-D. Réponse de Sachounet Briand, qui l’accuse de lire un discours rédigé par les syndicats. Comme si Jamal n’était pas capable de rédiger lui-même ses interventions : ça montre bien toute la considération de ce personnage terne (vous l’avez ? Briand – terne ? Oui, on est super subtils, nous aussi).
Photo : Jamal El Arch, élu du groupe AMC au conseil métropolitain à Blagnac le 24/03/2022 / @LeandraDeutsch
Un peu plus tard, François a salué le cap mental franchi par JL Moudenc qui avait autorisé en 2015 l’expulsion des réfugiés syriens, et qui aujourd’hui accueille les réfugiés ukrainiens. Not’bon président de métropole a répondu que oui mais non fallait pas tout mélanger, que c’était hors contexte, et que replacé dans le contexte c’était moins dégueulasse. Enfin il n’a pas dit ça comme ça, hein, on traduit, en surinterprétant peut-être un peu.
vidéo : Intervention de François Piquemal, élu du groupe AMC, au conseil métropolitain à Blagnac le 24/03/2022 / @ToulouseMetropole / Chaine Youtube du Groupe AMC.
A 12h30, on était déjà au chapitre 11 sur 16, on a commencé à se dire qu’on allait finir très tôt. Mais heureusement, Odile est intervenue pour interpeller Karine Traval-Michelet, la maire de Colomiers et vice-présidente et la présidente de la commission logement : elle a rappelé que les durées des commissions doivent être adaptées pour que chacun puisse poser autant de questions qu’il juge bon, et que si elle trouve que les commissions durent trop longtemps, il suffit d’en faire plus souvent car notre EPCI (oui, la métropole, c’est un EPCI. Vous ne savez pas ce que c’est, un EPCI ? On vous expliquera ça un jour) ne se réunit que 5 fois par an alors que d’autres le font une fois par mois. Odile refuse que la majorité tente de transformer les commissions et conseils en chambre d’enregistrement des décisions du maire. Odile a rappelé que 38 000 demandes de logement social sont en attente sur la métropole. Et cela alors même que le logement social ne représente que 35% des constructions de logements. Pour le logement social, on distingue logement social et logement très social. Et 75% des demandes sont des demandes de logement très social. Mais JL Moudenc ne prévoit de produire que 12% de logements très social. On ne pourra jamais loger les plus précaires de notre métropole ! Et dans le parc privé, rien n’est fait pour le niveau des loyers qui rend de plus en plus difficile le logement des classes populaires. Les pauvres ont-ils encore droit de cité sur la Métropole ?
Elle est aussi revenue sur les modifications des PLU (Plan Local d’Urbanisme) de certaines communes dont Toulouse, qui vont avantager celles qui peuvent modifier leur plan d’urbanisme en attendant le futur PLUi-H dans 3 ans. Donc certaines communes vont pouvoir consommer des espaces naturels et d’autres pas, dans un contexte où la métropole va devoir limiter ces consommations. Karine Traval Michelet lui a répondu qu’elle ne voyait pas de problème et qu’Odile dispose d’un temps de parole quasiment dédié et personnalisé. Elle a par contre reconnu qu’elle-même était parfois bavarde (on ne s’en était jamais aperçu : elle a répondu en à peine 20 minutes, pas plus) : on peut comprendre que les autres participant(e)s de cette commission en aient un peu marre, parce qu’on a quand même assisté à un match de ping-pong entre les deux ; bon, ça tombait bien, on était dans un gymnase.
Puis on a eu un truc incroyable : un VRAI débat au sein du conseil métropolitain. Ça a commencé par un échange tendu de K. Traval-Michelet envers Joseph Carles, assis à côté d’elle. Une charge assez virulente sur le manque de concertation avec les autres groupes de la majorité plurielle. Mais fort heureusement, à la fin de sa tirade, une fois le micro coupé, elle s’est tournée vers Joseph Carles et lui a fait une petite caresse sur la main, pour lui dire « c’était pas contre toi, Joseph, tu le sais bien » ? Toujours cette schizophrénie de la plupart des élus capables de balancer des trucs à la gueule aux autres puis d’aller tranquillement prendre un café ou une pause clope avec eux, comme si de rien n’était. On a malgré tout assisté à un schisme dans le pacte moudencien (prononcer “moudinkien”) : plusieurs de ses partenaires s’opposent. On a eu un défilé inhabituel d’intervenant. Bon, y’a eu Marc, Antoine, Cléopâtre (ah non, merde, pardon), mais aussi Camille Pouponneau, Pierre Lacaze, et “JJB du Bien-Manger” qui a pris la parole à plusieurs reprises pour défendre la mesure du chef, dont une fois sous les applaudissements de son groupe.
Alors c’était quoi le nœud du problème ? Bah en fait, la délibération en elle-même, elle était toute conne. Une broutille qui ne mérite même pas qu’on passe de temps dessus. Mais les politicien(ne)s ont vu là un premier pion posé dans un plan global pour supprimer le conseil départemental. Soit en le faisant absorber par la Région, soit par la métropole, on ne sait pas trop. Mais du coup, là, tous les partis se sont dit “houlà attention, gros manque à gagner pour nous en termes de finances et d’influence”. Et donc bataille rangée. Le président Moudenc a repris la parole pour une longue tirade où il a à la fois démonté l’hypothèse à laquelle tout le monde pensait, et pour fustiger une influence extérieure, parlant de gens en mission commandée, devant rendre des comptes ensuite au téléphone au décideur. En gros, en clair pour les non-initiés, il a envoyé un gros scud à Georges Méric, le président du conseil départemental, PS, et donc soupçonné d’avoir téléguidé les interventions de Karine Traval Michelet, PS également. Mais sans jamais le nommer, évidemment. Tout en finesse et en subtilité. Il allait passer aux votes quand on a eu 2 interventions de dernière minute : Karine Traval Michelet qui reprend la parole pour affirmer qu’elle vote en femme libre (message passé au patron Moudenc), et Marc qui dénonce des politicailleries, approuvé par Jean-Luc Moudenc en personne en mode “moi je suis au-dessus de tout ça”.
Et du coup, sa majorité plurielle s’est fragmenté, avec des votes contre, des abstentions, mais tout va bien pour lui, Toulouse est de toute façon en force, donc c’est passé.
Après le repas, reprise avec intervention de Maxime sur le PCAET (là non plus on ne lâchera pas ; si vous ne savez pas ce qu’est le PCAET, relisez l’infolettre métropolitaine de décembre 2021), puis sur Sokhiev, avec une attaque sur le concert “écologique” en plein désert en Arabie Saoudite auquel Jean-Luc Moudenc et une délégation toulousaine avaient assisté. Arabie Saoudite, patrie des droits de l’Homme et surtout de la femme, comme tout le monde le sait. Mais l’indignation à géométrie variable n’est pas insensible aux finances ni au pétrole.
Et ben sur le sujet de l’Arabie Saoudite, rien. Aucune réaction, aucune pique flamboyante de Sachounet, ni du bon père de famille. A croire qu’ils auraient presque honte et qu’ils sentiraient que c’est vraiment un terrain de jeu merdique.
Sur le chapitre économie, Marc se fâche : on a donné 50.000 euros lors d’un précédent conseil, pour un évènement privé sur lequel on n’a aucun bilan. Là on file 100.000 euros sur 3 ans, alors qu’il y a plein d’associations qui demandent 500 ou 1000 euros et qui n’ont rien. Dominique Faure, maire de Saint-Orens et vice-présidente, répond que ça permet la création de 5000 emplois. Marc, toujours aussi drôle, lui demande « vous parlez en anciens emplois ou en nouveaux emplois ?“ Des fois il a des fulgurances de drôlitude, comme ça.
Et là, clou de la journée, à l’unanimité des élu(e)s et des services : François nous refait un festival sur le big tour et son langage startup, c’est impossible de le résumer, il faudra regarder la vidéo. [METTRE LIEN VERS LA VIDEO] : un one-man-show impeccable sur la délibération 13.5, Camille Pouponnau et Nicolas Misiak regardaient François avec hilarité et adoration, ils sont prêts à rejoindre l’union populaire.
On a enfin parlé de la BPI (Banque Publique d’Investissements) : un véritable scandale ; on paye la BPI pour venir faire un événement chez nous : incroyable ! Sachant que cette institution a fait des profits records l’an dernier. Et qu’elle est normalement censée financer les collectivités et non le contraire.
16h52, on attaque les vœux, mais ça va, c’est pas encore l’heure de la soupe, on a juste loupé les chiffres et les lettres.
Maxime présente le vœu “2 tonnes”, de sensibilisation à la réduction de l’empreinte carbone. Un vœu co-écrit avec le PS et la majorité, donc un vœu intelligent d’intérêt collectif. Aucun problème pour que ça passe ; Hé ben non ! On a trouvé UN opposant, et vous ne devinerez jamais qui c’est… c’est Bebert (vous ne savez pas qui est Bébert ? Relisez les 4 infolettres métropolitaines précédentes). Il ne voit pas l’intérêt parce que les élus, ça sait tout. Donc il est le SEUL à s’être abstenu. Tout le monde a voté pour, et franchement, ça fait plaisir, de la collaboration politique intelligente et constructive. En même temps, on a voté des intentions mais faudra voir si ça se concrétise vu que les élu(e)s ne seront absolument pas obligé(e)s de se former.
Fin du conseil relativement tôt, vers 17h20, et un retour à vélo mêlant minorité et majorité : Nicolas Misiak, Francis Grass et Julie Pharamond nous ont accompagné (nous = Caroline, Aymeric, Maxime, Ariane, Brigitte) pour faire ensemble le chemin de retour vers Toulouse : hé ben c’était vachement agréable.
Voilà… Prochain conseil métropolitain le jeudi 23 juin. D’ici-là, pensez à économiser, c’est l’argent pour la BPI.